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L'étranger.

Par   •  4 Juin 2018  •  1 327 Mots (6 Pages)  •  420 Vues

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et exclusive, en ce qu’elle rejette comme nulle toute perspective étrangère à la sienne ; en ce sens, le vrai barbare, c’est celui qui accuse l’étranger de barbarie. La tolérance constitue ainsi la médiation par laquelle on peut faire le deuil de notre tendance naturelle à la barbarie. L’étranger n’est donc barbare, un inconnu, un non humain, que si l’on est soi même assez barbare pour croire que l’étranger est un autre radical par rapport à soi.

Car en effet, l’étranger, en ce qu’il est un homme, m’est similaire par bien des aspects. Il se définit d’abord par sa ressemblance à moi même et c’est ainsi que je le regarde comme un autre homme (c’est comme ceci que Descartes, dans Méditations métaphysiques, présente le rapport à autrui pour une conscience qui vient de se découvrir certaine d’elle même grâce au solipsisme du cogito, mais encore hésitante quant à l’existence du monde : je sais que l’étranger est autrui, un homme, parce que son corps est comme le mien et qu’il parle.

Je suis aussi capable d’identifier cet étranger grâce à un raisonnement par analogie face à autrui : lorsque je le croise, je détermine sa nature par analogie intentionnelle. C’est ce que décrit Husserl dans les Méditations cartésiennes, en rappelant que si la seule conscience à laquelle j’ai accès est la mienne, le corps de l’étranger ressemble au mien, et surtout nous réagissons de façon identique ou complémentaire à des événements extérieurs : l’orage par exemple. C’est pourquoi je puis par analogie penser qu’il est lui même doté d’une conscience, et par la même accéder médiatement à cette conscience. Poser l’étranger comme autrui, c’est donc nécessairement le poser comme un autre moi.

On aura donc ici décrit les modalités d’identification de l’étranger comme un homme doté de conscience, et montré qu’en conséquence il est absurde de le considérer comme autre chose.

Enfin, l’étranger n’est autre que parce que cette altérité même s’inscrit sur le fond d’une identité fondamentale avec moi.

La conscience n’est pas statique, elle est intrinsèquement autodépassemement perpétuel vers sa propre essence à réaliser. Dans cette essence va s’opérer progressivement la reconnaissance de l’altérité en soi et de l’identité de soi avec l’altérité, c’est donc une prise de conscience de la différence que l’on décrit ici. L’autre, l’étranger, c’est donc ce qui est identique à la conscience de soi, mais de telle sorte que cette conscience ne sache pas encore que cet autre être est constitutif de son être propre, donc qu’il est conscient.

L’étranger dans cette perspective, c’est l’autre sous l’horizon de la memeté, c’est la reconnaissance de l’identité sous la modalité de la différence, or en tant que simple modalité, cette différence est vouée à se dissoudre par le même processus qui l’a vu naître, à savoir la négation. En effet la création même de l’étranger résulte de cette négation de l’identité entre moi et l’autre. Ainsi l’identité parvient à réaliser son essence grâce à la négation de la négation qui faisait de l’étranger un autre que moi. L’étranger, c’est donc moi, même, mais sous la modalité de la différence. L’étranger me permet donc de me rejoindre moi même en me faisant d’abord lâcher ma propre identité.

En conclusion, on aura donc montré qu’au premier abord, l’étranger est d’abord perçu sous l’angle de la modalité par laquelle il m’apparaît, à savoir la différence. L’étranger, c’est l’autre, c’est le non moi. Cela provoque une réaction naturelle de rejet de cet étranger.

Or, ce non moi n’aurait précisément rien de commun avec moi s’il ne devait être considéré que sous l’angle de la négativité. On a donc repensé l’étranger et vu qu’il m’était par bien des aspects similaire.

Enfin, on a vu que l’étranger est fondamentalement un moi qui s’ignore, ou plus exactement un moi qui ne saurait advenir à lui même s’il demeurait dans une pure identité statique, s’il restait figé dans cette définition. L’étranger doit donc constituer, en définitive, l’horizon de ma propre identité : il constitue moins un autre que moi, que ce moi se rejoignant lui même sur le fond de sa propre différenciation.

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