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I Le mot « démocratie »

Par   •  12 Février 2018  •  1 500 Mots (6 Pages)  •  453 Vues

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la raison, des « procédures » mais en quelque sorte une « démo-ethnocratie », la démocratie au sens où l’entité mystique qu’est le peuple est désormais au pouvoir et n’est plus opprimée par les intellectuels, la discussion, le parlementarisme, la classe bourgeoise, comme s’il y avait quoi que ce soit à soumettre à la discussion à propos de ce qui caractérise l’essence véritable du peuple : le national-populisme moderne peut donc bien revendiquer au XXème siècle le titre de « démocratie », mais ne renvoie plus guère au sens grec ancien du dèmos. Notons alors que les cités grecques de l’Antiquité, bien que grecques – avec une langue commune et un fonds culturel commun – n’ont pas cherché à devenir une ce que nous appelons, avec un mot d’origine latine, une « nation ». Néanmoins, une cité pouvait chercher à devenir dominante. Un petit point d’histoire ancienne permet de le rappeler : si au VIème siècle avant J.-C, on trouve en Grèce des petites royautés, des aristocraties, des tyrannies, cet état se modifie à la fin du VIème siècle et, au Vème siècle, les cités grecques ne connaissaient en général plus de tels régimes, se partageant entre oligarchies et démocraties : l’opposition entre Athènes (démocratique) et Sparte (oligarchique) est célèbre, elle s’achève dans la guerre du Péloponnèse (de 431 à 404 : Athènes – et ses alliés – contre Sparte – et ses alliés). Mais, cette opposition majeure ne doit pas masquer qu’en chacune des cités aussi bien les partisans de l’oligarchie que ceux de la démocratie s’opposaient, ce qui pourquoi Platon notait, dans sa République, que chaque se trouve dans une guerre interne incessante, celle des pauvres contre les riches.

II L’intensité de la vie démocratique – directe – des Grecs

Avec la démocratie antique, le nombre restreint de citoyens – du point de vue quantitatif – rendait possible une démocratie certes moins large, moins étendue que celles que nous connaissons avec la modernité mais, en même temps et sans nul doute, d’une démocratie qualitativement plus « intense » que celles d’aujourd’hui. Car la démocratie avait avant tout un caractère direct.

Démocratie moins large : le « peuple », le démos, ne coïncidait pas avec la population totale du pays : les esclaves (au moins aussi nombreux que les personnes libres) ne comptaient en effet pas parmi les citoyens et ne comptaient d’ailleurs pas du tout, à aucun égard, n’étaient pas sujets mais seulement objets du droit – même s’ils étaient à Athènes plutôt bien traités ; parmi les personnes libres (non esclaves), les femmes ne comptaient pas et ne pouvaient être citoyennes, non plus que les étrangers domiciliés à Athènes (appelés « métèques » : mètoïkoï). Ces deux exclusions de la citoyenneté, note Jacqueline de Romilly, ne posaient pas problème, il n’y avait nulle discussion autour de ces exclusions. Par contre, on discutait autour de la question de savoir s’il fallait faire intervenir un critère censitaire (ce qui aurait mené vers l’oligarchie) – cela ne se fit pas. Mais un autre critère d’exclusion venait du fait qu’il fallait avoir un père, puis un père et une mère athéniens, pour devenir citoyens (il y avait du pouvoir et même des avantages matériels à l’être). Les critères d’exclusion dont on ne discutait pas nous semblent aujourd’hui, et avec le recul, plus expressifs de la nature de la démocratie grecque, par les évidences collectives impliquées en de tels silences, que les critères d’exclusion de la citoyenneté qui étaient exprimés à l’époque.

L’assemblée du peuple (ekklèsia) réunissait tous les citoyens : tous pouvaient y prendre la parole, décider de la paix et de la guerre, des lois. Elle se réunissait de dix à quarante fois par an. Afin de permettre aux travailleurs, en particulier agricoles, d’y prendre part, fut instituée, au début du quatrième siècle, une indemnité de séance. Le peuple, démos, exerçait aussi les fonctions judiciaires : ni juges professionnels (les magistrats étaient tirés au sort et tous les citoyens sans exception pouvaient accéder à ces fonctions), ni avocats, la souveraineté populaire régnait aussi dans l’exercice de la justice. Le peuple, ainsi, gouvernait (délibérait et décidait) lui-même au lieu d’élire des hommes qui les représentaient et gouvernaient ; il jugeait lui-même et ne laissait pas à des magistrats professionnels le soin de le faire ; et faisait également la guerre lui-même, ne laissant pas à une armée de métier le souci guerrier. Intensité de la vie politique, assurément, mais réservée au petit nombre

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