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Leçon allégorique sur l’amour

Par   •  14 Mars 2018  •  4 025 Mots (17 Pages)  •  324 Vues

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On sait que l’on va se placer du point de vue de l’amant (« de celui » -> c’est par lui qu’on commence) et d’un point de vue interne (dans ses pensées : « pense »).

Dès le titre son amante est en position d’objet, l’objet des pensées et n’est définie que par sa relation avec l’amant (« son amie ») avec quand même une idée de possession.

1. Apparition des deux protagonistes

V1 : « Toutes les nuits // je ne pense qu’en celle »

On note l’apparition du « je », mais dans tout le rondeau pas d’infos sur ce je. Indice que l’on se situe bien dans ses pensées.

Reprise du titre avec le verbe « penser », de la même manière avec la restriction « ne…que », qui montre une réelle obsession. Son amie envahie ses pensées à tel point qu’il ne pense à rien d’autre. Cette obsession est renforcée par le 1er hémistiche : « toutes les nuits », l’adverbe « tout » indique bien cette obsession, ce n’est pas juste cette nuit ne particulier mais toutes.

La nuit est le moment par excellence des amants : moment de rencontre (topos des amants qui se rencontrent au claire de lune ou dans le rondeau suivant, il rend visite à son amie de nuit « de celui, qui entra de nuit chez s’amie ») mais aussi le moment où l’on pense à son amie lorsqu’elle n’est pas présente (la nuit, moment de solitude).

L’objet de cette pensée est accentué à la rime : pronom démonstratif « celle » qui rappelle le « celui » du titre. Vraiment cette volonté d’universalité, c’est le sentiment que toute personne peut éprouver. Effet d’attente par cette place.

V2 : « Qui a le corps // plus gent qu’une pucelle »

S’ouvre par un pronom relatif « qui » renvoyant à son amie. La relative va amorcer une longue description de son amie. Cette description est une description du corps. On est du côté charnel de l’amour avec cette obsession qui est une obsession pour le corps. D’autant plus ce « corps » est accentué à l’hémistiche.

Ce corps est l’objet d’une comparaison avec le comparatif de supériorité « plus…que ». il est qualifié de « gent » cad de gracieux. Le comparant est une « pucelle » rimant avec « celle » (rime riche), ce qui associe véritablement son amie à la figure de la pucelle. De plus, « celle » est compris dans « pucelle », elle a donc quelque chose de la pucelle, c’est comme si elle faisait partie de la figure de la pucelle. Ce qu’elle a c’est le corps, mais mieux encore que celui d’une pucelle (c’est-à-dire d’une jeune fille). Ce qui est un véritable compliment.

V3 : « De quatorze ans, sur le point d’enrager »

« de quatorze ans » cette précision peut paraitre assez étrange pour un lecteur d’aujourd’hui. Mais nous devons nous y attarder car cette précision est mis en valeur par le rejet et accentué par la ponctuation qui vient mettre en relief ce 1er hémistiche (+ précision qui occupe tout un hémistiche), et qui oblige que l’on s’arrête sur ce détail. Ce détail insiste sur la jeunesse, c’est le figure de la jeune femme et plus celle de l’enfant. 13/14ans doit être à peu près la frontière entre les deux. Précise qu’elle est en âge pour l’amour.

Figure de la pucelle et de son corps à la Renaissance est très importante, on la retrouve aussi chez Ronsard qui s’adresse à une « jeune fleur de quinze ans » dans la Continuation des Amours. Cette préférence pour la jeune fille peut s’expliquer par sa naïveté, son innocence, l’absence de ruse. On a un véritable attrait pour ce qui est de l’ordre de la naissance, de l’origine.

Ainsi, le corps jeune, c’est celui de l‘individu à l’aube de sa vie, c’est le corps qui incarne l’énergie originelle, c’est un corps qui déborde de vie. C’est aussi un corps qui concentre tout ce qu’il peut y avoir de désirable. Le corps de la pucelle est à son commencement et donc est le plus proche de la beauté pure, il manifeste la beauté à son état premier. Il possède des traits attrayants qui n’ont encore pas été corrompus et abimés par le temps qui passe. L’érotisme à la renaissance fait donc l’éloge de ces corps jeunes et fermes, ce qui peut révéler un certain désir de s’ancrer dans la vie contre l’angoisse de la mort.

« sur le point d’enrager » : selon la définition du Littré c’est être tourmenté d’un violent désir. Ici la passion charnelle est clairement mise en avant, avec ce verbe « enrager » mis en valeur à la rime. La femme qui était objet de désir est ici sujet de désir. La locution prépositionnelle « sur le point de » indique le côté encore non effectif du désir mais qui n’est pas loin de l’être, tout comme le fantasme du poète. Cette locution renvoie aussi à la figure de la pucelle qui n’a pas encore connu le désir, ce désir va être une découverte pour elle.

V4 : « Et au-dedans // un cœur (pour abréger) »

Cette beauté est mise en correspondance avec la bonté. Cette correspondance fait de la beauté extérieure un rayon, une sorte d’émanation d’une beauté intérieure. Donc après une rapide description externe/du corps, on assiste à une description interne, des sentiments (adv « au-dedans ») plus que sommaire : « un cœur » /parallèle qui est déjà sonore (paronomase) avec le « corps », ce parallèle entre le corps et le cœur on le retrouvera dans la suite du rondeau. Cœur mis en évidence par sa position centrale dans le vers même s’il ne va pas être l’objet d’une grande description, importance que nous verrons dans la dernière strophe (il permet l’échange avec le corps).

Cœur : cœur physique mais il s’agit surtout ici du siège des sentiments.

Parenthèse : on en a déjà dans d’autres poèmes, c’est une sorte de commentaire du « je », qui rappelle le « bref » qu’utilise souvent Marot. Indique l’aspect naturel du parler mais surtout indique qu’il ne va pas s’attarder sur la description du cœur de son amie.

Deux interprétations :

- Discours élogieux trop dense à écrire. On a donc une ellipse.

- Concentration sur le corps, sur l’aspect charnel de la femme. Hémistiche entier : participe au fait de ne pas parler trop du cœur. Crée dysmétrie entre corps/cœur. Ce qui est confirmé par la suite dans laquelle on a un retour

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