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L'assommoir - Zola

Par   •  4 Juillet 2018  •  2 367 Mots (10 Pages)  •  577 Vues

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Enfin, nous relevons la dernière citation de Bec-Salé à la toute fin du texte : « Quel poseur ! » qui vient entre autre « casser la focalisation de Gervaise sur Goujet. Le fait que ce discours direct soit à la fin de cet extrait n’est pas choisi au hasard, Bec-Salé, un grand buveur, est un des facteurs qui auront détruit la vie de la blanchisseuse. On peut aussi comparer cette scène à la vie de Gervaise, elle vit une vie paisible au côté de son mari, dans sa boutique où elle gagne sa vie remarquablement bien. Mais à la fin, la loi de l’hérédité la rattrape et Gervaise tombe dans l’alcoolisme (Bec-salé représente l’alcoolisme et Goujet représente sa vie paisible.

Dans cet extrait, Zola essaye de valoriser la classe sociale ouvrière mais que celle-ci garde une certaine influence sur les personnes qui y font partie.

Or si Zola désir nous montrer le regard de Gervaise sur Goujet, il lui faudra introduire le forgeron. Il nous montre alors que Goujet, celui qui est le symbole de la sobriété, représente l’ouvrier model.

De fait, En décrivant le forgeron Goujet et en l’opposant à Boit-sans-Soif, Zola montre la noblesse du travail manuel. Il fait l’éloge du véritable artisan. Véritable dimension argumentative de ce passage. On retrouve ainsi le champ lexical de l’ouvrier que l’on retrouve à travers tout le texte : « le boulon ; le marteau ; la grande flamme de la forge ; la tête du boulon » qui valorise le travail ouvrier et le traite respectueusement en désignant le fait que cette besogne n’est pas seulement manuelle, mais artistique.

Mais Zola va même encore plus loin, il va donner un aspect harmonieux au travail en personnifiant le marteau de Goujet. Ainsi, le forgeron met en valeur : la maîtrise des gestes : " il ne se pressa pas ", " avec une science réfléchie ", la beauté des mouvements : "jeu [...] balancé et souple ", la régularité : " à grandes volées régulières ", " en cadence " puis enfin l’élégance avec une importance confiée à la métaphore filée de la danse : l’artisan et son marteau (personnifié sous les traits d’une femme " Fifine ") forment un couple : " Fifine [...] s’enlevait, retombait en cadence, [...] menuet ancien [...] tapaient la mesure ". On remarque que durant l’exploit réalisé, le forgeron et son marteau ne font plus qu’un, comme un couple dansant sur un rythme de danse. Mais tous ces termes mélioratifs sont opposés à des termes péjoratifs se rapportant au travail du rival : " ne dansait pas un chahut de bastringue ", " guibolles emportées par-dessus les jupes " tout cela faisant allusion au marteau de Boit-sans-Soif.

Enfin, Goujet symbolise : la sobriété : " ce n’était pas de l’eau-de-vie [...] c’était du sang, du sang pur " Zola fait donc l’éloge de l’ouvrier sobre et montre sa supériorité sur l’alcoolique. Il le différencie fortement de son adversaire, qui lui est alors ivre même durant le duel, et qui représente la misère et l’influence de l’alcoolisme sur les personnes. Ici, encore, Goujet montre sa domination sur l’alcoolisme, lui-même, représentant la sobriété et l’ivrogne, l’alcoolisme. Zola fait une opposition forte entre ces deux personnages qui se battent pour l’amour de Gervaise, on les distingue tous les deux par leur nom et surnoms : Goujet et Bec-Salé, le forgeron a alors un nom harmonieux, tandis que l’ivrogne, lui, détient un nom familier et laid. Goujet est surnommé « Gueule d’or » alors que Bec-Salé est dit « Boit sans soif ». On retrouve ainsi la situation des deux personnages, Goujet, l’homme qui réussit tout et résiste face à l’alcoolisme, et Bec-Salé, l’ivrogne qui justement « Boit sans soif ».

Par ailleurs, Goujet (la Gueule d’Or) est pris en charge par le regard de Gervaise et il va se métamorphoser successivement en un héros courtois, en surhomme et enfin en un dieu.

En effet, Goujet va se battre vaillamment comme un héros courtois pour sa dame :" il jeta [...] un regard plein d’une tendresse confiante ", le duel ne parait pas de grande taille pour lui et pense déjà avoir conquis qui elle aussi croit en une victoire certaine : « elle se pinçait les lèvres […] avait toutes ses chances ». Les deux personnages profitent déjà de cette triomphe face à leur adversaire qui lui, a des difficultés pour réaliser la tâche.

De plus, le défi qu’il jette à son rival est comme la transposition d’un duel médiéval entre deux chevaliers. Ces-derniers vont s’affronter pour conquérir le cœur de la dame désirée. Puis lorsque vient son tour, le forgeron au travail s’impose par sa musculature imposante que l’on repère par les hyperboles désignant son corps : " un homme magnifique ", " un cou pareil à une colonne ", " une poitrine vaste, large ", " des épaules et des bras sculptés [...] copiés sur ceux d’un géant ", " des montagnes de chair " : Zola utilise le vocabulaire de la sculpture qui nous fait penser aux statues des héros grecs de l’Antiquité.

Enfin, le forgeron possède une force surhumaine et le regard de Gervaise le transfigure en un dieu divinité. Tout son corps est comme baigné de lumière : " s’allumaient ", " éclairaient toute la figure de leurs fils d’or ", " figure d’or ", " clarté autour de lui ".Ici, le poète fait une gradation des comparaisons (un regard --- > Dieu), on pourrait alors émettre un parallélisme avec les dieux bien connus, Héphaïstos et Apollon, le dieu de la forge et le dieu du soleil. On décrit alors Goujet comme un mélange de ces deux dieux.

Conclusion :

Cette évocation de Goujet a donc d’abord une portée argumentative : Zola veut démontrer la valeur du travail manuel (il s’adresse à des lecteurs bourgeois) et condamner l’alcoolisme.

Mais le portrait du forgeron prend aussi une tonalité épique : il devient un héros (courtois, puis de légende), puis un véritable dieu.

" il devenait beau, tout-puissant, comme un bon Dieu " : discours indirect libre . C’est Gervaise qui pense (d’où la comparaison " comme un bon Dieu " et non " comme un dieu ")

Le texte nous montre Gervaise posant son regard amoureux sur le corps de Goujet. Cela est visible d’abord par la description du travail de l’ouvrier qui donne place à sa valorisation avec le champ lexical de la forgerie : « le boulon ; le marteau ; le fer rouge ; la tête du boulon ; une science réfléchie

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