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L' Ecole des Femmes, Molière

Par   •  13 Octobre 2018  •  1 305 Mots (6 Pages)  •  707 Vues

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Dans son discours, Agnès fait sentir à Arnolphe qu'elle est amoureuse d'Horace et qu'elle ne contrôle pas forcément ses sentiments. Elle dit à Arnolphe « Du meilleur de mon cœur je voudrais vous complaire ». Arnolphe doit comprendre par cette réplique intelligente d'Agnès que l'amour ne relève pas de la volonté et qu'il vient du cœur. Agnès rétorque ensuite « Horace avec deux mots en ferait plus que vous ». Une vérité qui blesse, une franchise cruelle. Bezace a fait en sorte que le personnage le dise d'une manière innocente pour que l'on comprenne que malgré le développement de son intelligence, une part de naïveté est toujours présente. Un effet de chute important est créé : elle affirme son refus en peu de mots. Elle a aussi l'audace de comparer Horace à Arnolphe. Agnès évolue en temps que femme et s’exprime avec des répliques relativement courtes mais efficaces. Elle a une bonne maîtrise du langage. On remarque aussi que Molière a envie de mettre en valeurs les femmes dans cet extrait.

Le Arnolphe présent dans cette scène est totalement différent de celui du début de la pièce. Le personnage prétentieux, sûr de lui à entièrement disparu. Il subit l'échec de son entreprise stratégique. On peut observer chez lui un comportement variable. Il est d'abord violent lorsqu'il se demande pourquoi il ne la frappe pas puis devient soudainement laxiste et généreux lorsqu'il la complimente. Arnolphe dit « Ta forte passion est d'être brave & leste. ». Après avoir fait une courte éloge, il adopte un comportement dépressif mis en valeur par la gradation ascendante où Arnolphe demande à Agnès quelle preuve veut-elle qu'il lui donne pour prouver son amour. Pour finir, il devient répressif et menace de la mettre au couvent. Toutes ces paroles promulguées sont sans effet et il devient ridicule.

Le fait qu'il soit impuissant à changer le cours de l'intrigue est très pernicieux pour lui. Arnolphe se débat dans son propre piège. En plus de cela viennent s'ajouter des accents pathétiques : « veux-tu que je me batte ?... veux-tu que je me tue ? ». En lisant cela, le lecteur peut ressentir une forme de tristesse mais surtout de la pitié pour ce pauvre homme. Il se ridiculise aussi par sa déclaration d'amour burlesque accompagnée d'une animalisation du vocabulaire. Arnolphe dit qu'il est même prêt à s'arracher un côté de cheveux, ce qui est une proposition de preuve d'amour risible. « Chose étrange d'aimer » : il a perdu le contrôle. On y voit là l'audace du dessein de Molière.

Au sein de sa pièce, Molière développe ses idées sur la place des femmes dans la société de son époque et il se range de leur côté. Il fait aussi transparaître l’amour comme un sentiment naturel, que l’autorité ne peut contrôler. C’est de cette manière que l’échec d’Arnolphe est suggéré : il a essayé de forcer la création d’un sentiment amoureux ce qui lui a porté préjudice. L’Ecole des Femmes est une pièce qui rediscute par ailleurs le pouvoir temporel de l’Église exercé au XVII, ce qui fera polémique et suscitera des avis négatifs. Il répondra à ses opposants un an plus tard avec La Critique de l’Ecole des Femmes et l’Impromptu de Versailles.

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