Brumes et pluies
Par Junecooper • 6 Décembre 2017 • 1 685 Mots (7 Pages) • 541 Vues
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Ô fins d'automne, hivers, printemps trempés de boue,
De ce point de vue, les saisons sont ici mentionné dans le but d’insérer la mort.
Endormeuses saisons! je vous aime et vous loue
« Endormeuses », autant pour imager une personne qui s’endort à jamais, que ces saisons interminables et monotones endorment ses peines.
D'envelopper ainsi mon coeur et mon cerveau
Il les prie d’adoucir ses sentiments et ses pensées…
D'un linceul vaporeux et d'un vague tombeau.
… dans une brume lointaine et calmante.
Les mots « vaporeux » et « vague » atténuent quelque peu la connotation négative des mots « linceul » et « tombeau ». Ils indiquent aussi qu’il s'agit possiblement de souvenirs, car ils manque de clarté.
Dans cette grande plaine où l'autan froid se joue,
La grande plaine représente le vide laissé par la mort. L’autan représente les sentiments et les pensées violentes qui s’entrechoquent dans notre tête, des pensées froides et amères qui ne cessent de rejouer, expliquant le choix de l’autan, ce vent extrêmement violent, de l’adjectif « froid » et du mot « joue ».
Où par les longues nuits la girouette s'enroue,
« La girouette s’enroue » exprime elle aussi ces sentiments et ces pensées, mais qui à force de tournée dans notre tête, sont de moins en moins fluides, de moins en moins ressentis.
Mon âme mieux qu'au temps du tiède renouveau
Mon âme mieux → l’âme/l’esprit se porte mieux…
Qu’au temps du tiède renouveau → … que lors de la première fois où ces pensées l’ont envahie.
Ouvrira largement ses ailes de corbeau.
Largement = à fond.
Il est prêt à laisser ces pensées derrière lui et à tout faire pour les oublier.
Rien n'est plus doux au coeur plein de choses funèbres,
Et sur qui dès longtemps descendent les frimas,
Choses funèbres : mort de sa femme, ses sentiments et ses pensées.
Frimas = brouillard qui se transforme en givre. Rien n’est plus souhaité et ne pourrait lui procurer un plus grand apaisement que quelque chose (ou quelqu'un) qui vienne engourdir ses sentiments pour qu’il ne les ressentent plus, ou moins.
Ô blafardes saisons, reines de nos climats,
« Blafardes » fait référence au teint de sa femme morte, « reines » symbolise que ce sont les femmes qui sont la cause, la raison de ses états d’âme. Reine est aussi une représentation de la beauté.
Que l'aspect permanent de vos pâles ténèbres,
— Si ce n'est, par un soir sans lune, deux à deux,
L’une des façons d’oublier est de remplacer cet ancien amour par un nouveau.
Un soir sans lune = absence de lumière, voire présence d’impuretés.
Deux à deux = au côté d’une autre personne.
D'endormir la douleur sur un lit hasardeux.
Pour ce dernier vers, il semble être question d’un apaisement temporaire, mais réconfortant, le « lit hasardeux » fait penser qu’il cherche à remplir se vide par ce que peut lui offrir une inconnue. Ce qui me donne l’impression qu’il est question du plus vieux métier du monde. Ainsi, pour oublier sa douleur, il est allé s’endormir dans les bras d’une autre la durée d’un soir.
En conclusion, le poème « Brumes et pluies » de Baudelaire est imprégné par une atmosphère grise, monotone, oppressante et étouffante qui ne veut pas partir, c’est un poème qui se suit où chaque vers est la continuité de l’autre et où l’opposition et le paradoxe sont omniprésents. Il fait référence à un homme ayant subi la mort de sa femme et ayant ressenti une peine énorme qu’il n’a su surmonter. Sa tête et son cœur ayant été les lieux de sentiments et de pensées tumultueux et dévastateurs, il ne souhaite plus que les apaiser et remplir ce gouffre sans fond laissé par la mort de sa douce moitié et se renfrogne à choisir le lit d’une inconnue, une solution passagère, mais qui endormira sa douleur l’espace d’une nuit.
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