Un échappatoire impossible?
Par Ramy • 10 Novembre 2017 • 1 281 Mots (6 Pages) • 449 Vues
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Mais Paris est également « plus vague que l’Océan »[17] et c’est cette « vague » qui établit une sorte d’ambiguïté. Ce jeu de mot renvoie à la fois à l’océan et à la rêverie d’Emma et montre qu’Emma se noie dans un univers imaginaire. De plus, il semble que ce monde imaginaire n’est pas vraiment réalisable. Comme Emma fait tout au long de sa vie, sa vision impossible est composée d'éléments contradictoires : « C’était une existence au-dessus des autres, entre ciel et terre, dans les orages, quelque chose de sublime »[18]. Cette vision est un mélange des mondes passionnants, à la mode et riches qu'elle connaît à cause de la littérature de gare par laquelle elle est obsédée. La littérature qu’Emma lit lui ont appris à apprécier les émotions intenses avant tout et à mimer les coquilles des émotions sans comprendre leurs origines. Cette littérature, bien qu’elle soit émotionnelle et excitante, néglige de créer une idée juste de la vie. De la même manière, le monde imaginaire d'Emma, créé par les cartes et les magazines de mode qu'elle achète, est superficiellement représentatif de la vie qu’elle veut vivre. Avec ces cartes et ces magazines, elle est capable de voir comment elle pouvait vivre sa vie parisienne, mais ils ne lui donnent pas la possibilité de mener à terme avec ses désirs. Naturellement, face à une vie ordinaire qui ne peut pas être à la hauteur des attentes irréalistes, Emma devient déçue et frustrée.
Finalement, on voit que Flaubert montre son désir d’échapper la banalité de sa vie avec l’usage de l’imparfait tout au long de l’extrait. En parlant du monde des rêveries d’Emma, l’imparfait décrit les personnages imaginaires et leurs actions : ils « marchai[ent] sur des parquets luisants »,[19] « crevaient leurs chevaux par partie de plaisir »[20] et « riai[ent], à la clarté des bougies »[21]. L'imparfait, en principe, a deux fonctions principales : (1) il symbolise une action qui dure et pendant laquelle intervient une action plus brève qui va constituer la narration et (2) il décrit ce qui se passe souvent, assez régulièrement et habituellement. Dans cet extrait, l’imparfait est insistant ; il crée un fond qui reste un fond, qui se prolonge, qui dure, éternellement, invariable et toujours imaginaires. Avec l’imparfait, Flaubert installe une sorte de purgatoire qui se manifeste dans l’ennui d’Emma, duquel elle essaie de s’enfuir.
Nous voyons qu’Emma utilise son monde réel de créer un monde irréel, avec lequel elle tente d’évader sa réalité. Le porte-cigares, les mareyeurs, la carte de Paris et les journaux des femmes ont pris vie avec son imagination et elle peut se transporter à la vie de laquelle elle rêve. Cette vie, qui se trouve à Paris, est pleine de luxe et d’énergie et elle est une pause nécessaire pendant la banalité de sa vie à Tostes. Malheureusement, cette vie parfaite est inaccessible et contrairement à Emma, nous le reconnaissons. Ses efforts à évader sa réalité ne valent pas la peine parce qu’il semble qu’elle n’obtient jamais son monde imaginaire.
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