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Atala, Les Funérailles

Par   •  5 Décembre 2018  •  4 482 Mots (18 Pages)  •  698 Vues

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- Révélation progressive de la catastrophe

Le lecteur assiste à une révélation progressive de la catastrophe. D’emblée, l’auteur, par le biais d’une anaphore rhétorique « Il faudrait avoir plus de chaleur qu’il ne m’en reste ; il faudrait que mes yeux fermés se pussent rouvrir au soleil […] » (p.136) instaure une atmosphère dramatique, voire tragique. De plus, le lecteur assiste, tout au long du passage, à un déchainement des éléments, et même à un véritable tourment de la nature comme l’explicite la page 139 à travers la gradation révélatrice « […] de tous les échos, de tous les torrents, de toutes les forêts ». Cette naturelle révolte des éléments souligne le caractère injuste et tragique de la mort d’Atala. De surcroît, l’énumération de la page 139 « Les roucoulements de la colombe de Virginie, la chute d’un torrent dans la montagne, les tintements de la cloche qui appelait les voyageurs […] » insuffle un rythme accéléré au récit, une atmosphère de précipitation. On peut aussi ajouter que le terme « torrent » répété à trois reprises (p.139 et 140), est métaphorique du drame que représente le suicide d’Atala. Sa mort est aussi percutante que l’éclair, aussi intense que la tempête et aussi injuste que l’orage. Enfin, on peut lire la métaphore de l’ensevelissement tout au long de l’extrait, notamment au travers des termes « creusant » (p.139), « tombeau » (p.139) ou encore « fosse » (p.140). Cette métaphore participe à la mise en place de l’atmosphère tragique et est symbolique de l’enterrement d’Atala. L’ensevelissement d’Atala doit rappeler aux personnages, mais aussi aux lecteurs, la nécessité de faire mourir le péché en nous et de l’ensevelir continuellement d’une manière spirituelle. Par ailleurs, on peut constater que le texte est construit sur des oppositions, notamment celle du silence/bruit. En effet, à la page 138, est écrit « aucun bruit » qui s’oppose aux « roucoulements de la colombe », mais aussi aux « tintements de la cloche » ou encore aux « chants funèbres » de la page 139. L’opposition dans les sons de la nature et des personnages provoquent un effet dramatique : ils ne peuvent être que foudroyé par l’impitoyabilité de la vie. Enfin, la notion de spectacle est également présente. Et de fait, l’on assiste aux funérailles de la jeune femme comme l’on assisterait presque à une représentation telle le souligne la phrase « Ainsi chantait l’ancien des hommes » à la page 139. Ce caractère spectaculaire renvoi au plaisir et à la terreur en même temps.

- Le partage spirituel :

- Des funérailles chrétiennes en pleine nature

Les funérailles d’Atala se tiennent en pleine nature, dans les « Bocages de la mort » comme il l’est explicité à la page 136. Toutefois, les personnages respectent les règles traditionnelles du christianisme. En effet, les funérailles sont divisées en trois grandes parties : la veillée funèbre, le convoi et l’enterrement. La veillée commence « vers le soir » (p.137). Atala est « roulée dans une pièce de lin d’Europe » (p.140), conçue par la propre mère du père Aubry. Le linceul est une pièce ayant une très grande valeur sentimentale, puisque c’est le seul bien familial dont dispose le prêtre. Et ce geste de charité donne la touche finale au portrait du missionnaire. Par ailleurs, le lit mortuaire d’Atala est fait à partir d’éléments naturels (« un gazon de sensitives de montagne » p.141). La lune, personnifiée, participe également à la veillée, car elle lui prête « son pâle flambeau » (p.138). Ici, la lune remplace donc les bougies utilisées pour veiller traditionnellement le décédé. La veillée mortuaire d’Atala est accompagnée de prières, de chants et de lectures de passages de la Bible. De ce fait, elle est conforme à une veillée mortuaire classique. Par ailleurs, c’est la nature qui signale le début du convoi du corps. En effet, le lever du soleil (« une barre d’or se forma dans l’Orient » p.139) et les cris des éperviers marquent le début du second acte traditionnel des funérailles. De plus, le convoi s’effectue en pleine forêt, et, les rochers, la mousse, la brise matinale sont autant d’éléments qui rendent la progression plus difficile. L’enterrement a finalement lieu « sous l’arche du pont ». Le prêtre et Chactas creusent le sol et y ensevelissent le corps d’Atala. Lors de cet acte, le prêtre reste silencieux, ou du moins Chactas ne relate pas ses paroles. Ce moment de recueillement est ainsi pleinement vécu par le lecteur puisque son silence se calque sur celui du missionnaire. Les deux personnages, mais aussi nous, lecteurs, sommes donc silencieux parce qu’endeuillés. La fin des funérailles marque ensuite le retour à la grotte, lieu important dans la mesure où Chactas y discute de son avenir avec le père Aubry. Enfin, nous constatons que la nature, personnifiée par Chactas, fait figure d’accompagnatrice dans la mort pour Atala. Cette nature, de par son rôle essentiel dans l’extrait, devient même un personnage à part entière. Il s’agit d’un paysage-état d’âme, qui est un thème récurrent du romantisme. En effet, pour le héros romantique, il s’agit de se réfugier dans la nature. Son lieu de repos sera alors décrit comme correspondant à l’état d’âme du héros, généralement des souffrances dues à l’amour ou encore à la mort. Ainsi, on peut trouver une allitération en « r » à la page 139 « Cependant, une barre d’or se forma dans l’Orient. Les éperviers criaient sur les rochers, et les martres rentraient dans le creux des ormes […] Je chargeai le corps sur mes épaules ; l’ermite marchait devant moi, une bèche à la main. Nous commençâmes à descendre de rochers en rochers […] ». Ce jeu de sonorité semble rappeler le craquement des feuilles mortes, en même temps que le désespoir, et même le tiraillement, de Chactas. Enfin, l’évocation du chiffre 3 à travers le parallélisme anaphorique de la page 142 « Trois fois j’évoquai l’âme d’Atala ; trois fois le Génie du désert répondit à mes cris sous l’arche funèbre » est symbolique, puisque ce chiffre est pour les Chrétiens, la perfection de l’Unité divine. De plus, le temps est triple : passé, présent et avenir, et le monde aussi : terre, atmosphère, ciel.

- Atala, personnification de la Vierge

Chactas décrit pour la première fois physiquement Atala au moment où elle se trouve sur son lit de mort. Il explicite « Atala était couchée sur un gazon de sensitives de montagne ; ses pieds, sa tête, ses épaules et une partie

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