Ô les cheminees de nelly sachs
Par Ramy • 6 Avril 2018 • 1 873 Mots (8 Pages) • 511 Vues
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« Au seuil posant la traverse » peut nous apporter des détails sur tout type de frontière: la frontière que les barbares ont osés dépasser, celle de la vie et de la mort ; elle signifie aussi les limites que les « esclaves » n’auraient jamais pu penser dépasser tant dans le domaine du travail que dans celui de leur hygiène de vie ou de leur nutrition par exemple, toutes ces frontières sont indépassables et infranchissables dans un monde normal avec chaque être humain égal.
Le dernier vers du troisième paragraphe est magnifique car il exprime ce sentiment de limite du couteau entre la vie et la mort qui n’aurait jamais du être dépassée par des « humains », qui ont malheureusent le pouvoir de la mort.
« Oh, vous doigts », peut expliquer plusieurs choses : le doigt qui a eu le malheur d’appuyer sur la détente pour abattre et tuer des millions de personnes ; le doigt qui appuie sur le bouton pour enclencher l'évacuation du Zyclon B pour asphyxier des innocents ; le doigt qui tient le couteau pour poignarder des pauvres enfants ; le doigt qui a eu le malheur d’écrire aux Nazis pour dénoncer de pauvres juifs habitants en toute tranquillité et en se cachant de la méchanceté du monde extérieur.
Des sentiments contradictoires
A la deuxième ligne du poème, l’expression « demeure de la mort » exprime deux sentiments tout à fait contraires : celui de la demeure, maison , invitation etc. et celui de la mort; c’est ce que l’on appelle un euphémisme ou périphrase; on pense que l’auteur ne sait plus où elle en est.
Nelly Sachs parle de « chemin de liberté », or, ce n’est vraiment pas le cas de le dire puisqu’au contraire, les cheminées étaient le chemin propre à la mort, elle essaie encore une fois de s’apaiser en apaisant ses paroles et ses mots pour ne plus ressentir le mal que lui ont fait les Nazis.
Le troisième paragraphe débute par un vers étonnant : « O les demeures de la mort », qui peut paraître très contradictoire, tout comme les mots « avenantes et hôte » qui traduit une certaine ironie de sa part à l’égard des tenanciers des camps (les SS), elle fait ce qu’on appelle une antiphrase (dire exactement le contraire de ce qu'il se passe vraiment).
Un plan ingénieusement pensé, de fumées et cendres
L’auteur appuie sur le fait que même si elle a perdu tout ce qu’elle avait de plus cher, elle avoue que le plan Nazi était « ingénieusement pensé », c’est vrai, c’était un plan travaillé et ingénieux par le simple fait qu’ils ont réussi à faire ce que personne n’a jamais réussi a faire dans l’histoire du monde: exterminer la majorité d’un peuple, en l’occurence, le peuple juif.
Lorsque la poétesse parle de fumée, on pense à première vue à un sens figuré, mais non, c’est un sens propre, elle pense à sa famille partie en fumée et cendre qu’elle ne retrouvera jamais car « partit à travers les airs ».
A la fin de son poème, Nelly Sachs dénonce le principaux acteurs de la Shoah qui, pour elle, sont les cheminées (qui englobent bien évidemment les personnes qui les ont brulés et toutes les personnes actrices de la mort) et les doigts, qui ont, comme décrits plus haut, agis en majeur parti, eux aussi, directement ou indirectement à l’extermination.
L’expression du rayon de soleil -fin du premier paragraphe- peut aussi vouloir dire qu’elle essaie de trouver un chemin et une issue (lumière) pour se reconstruire et essayer de revivre dans la dureté de ses souvenirs.
III/ L’espoir de se relever et d’avancer
Un rayon de soleil
Etrangement, elle finit le premier paragraphe par le vers suivant « Ou bien était-ce un rayon de soleil? », elle se contredit toute seule car, au début elle parle de fumée, de deuil, de cendre, de présence de Dieu attendu, de solitude …. de désespoir; mais en fin de paragraphe elle annule en quelques sortes tout ce qu’elle vient de dire, elle éclaircit ses pensées (rayon de soleil), retire sa colère permanente contre le Ciel, elle se pose bien sur toujours des interrogations sur Dieu, elle ne sait plus trop quoi penser.
Elle espère que ses morts ont le moins soufferts possible
« Ce chemin pour ceux enfuis en fumée ? » signifie que l’auteur espère que ses défunts ne se sont que enfuis et non morts sous le feu de ses barbares sans coeur ni âme.
Ce poème nous sensibilise sur la dureté et l’horreur de la Seconde Guerre Mondiale surtout en ce qui concerne les juifs comme le décrit si bien l’auteur dans ce magnifique poème.
Elle a réussi malgré la terreur vécue, à sublimer, comme expliqué tout au long du commentaire, les moments qu’elle et sa famille ont vécus et a réussi à nous refaire vivre l’histoire dans la beauté de l’art avec un devoir de mémoire qui, comme vu dans le poème, la touche énormément.
Poésie, culture et art, représentent la vérité; comment quelqu'un qui a pu vivre des horreurs tel que la Shoah peut encore les raconter au grand public ? ….
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