La pluie
Par Ninoka • 21 Mars 2018 • 1 526 Mots (7 Pages) • 441 Vues
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D’autres parts Ponge traite ce phénomène banale mais étonnant sous forme de séquence temporelle. Tout d’abord il utilise un cadre spatiale extrêmement précis : « dans la cour », « au centre », « ici », « la », « ailleurs », « sur », « jusqu’au » qui aide à visionner les différentes étapes du cycle de la pluie et des gouttes. Ce phénomène est étonnant car il suit en effet un grand nombre d’étapes différentes décrites minutieusement par le poète. Il faut signaler que la description commence lorsqu’il pleut déjà (pas au tout début) et finit lorsque l’eau s’évapore grâce au soleil. Mais entre-temps elle suit de nombreuses stations successives : elle tombe verticalement puis horizontalement puis forme des ruisseaux et s’accumule sur des toits. Finalement elle se brise et s’arrête pour s’évaporer sans laisser de traces. Ponge emploie le présent pendant tout le récit, cet emploie suggère deux hypothèses. D’une part il emploie peut-être le présent de narration pour apporter plus de vivacité au récit, rendre ce phénomène naturel plus vivant. D’autres part il emploie peut-être le présent de vérité générale qui est utilisé pour énoncer quelque chose d’universellement vrai (la pluie tombe toujours de cette manière) dans cette deuxième hypothèse on retrouve l’idée d’une description objective et scientifique. De plus cette description ce déploie dans le temps grâce au rythme ternaire. Dans la première phrase par exemple le rythme ternaire, nous fait prendre de nombreuses pauses, elle nous annonce donc un cycle, l’aspect temporel de la pluie qui subit de nombreuses étapes. Les accumulations ont des effets d’amplitude qui donnent le même effet. L’utilisation du mot « météore » connote de plus cette temporalité, c’est un éclat vif mais passager ainsi que celle du mot « suspend » (remettre à une date indéterminée) ou l’on joue à nouveau sur le signifié. Finalement l’utilisation du passe compose à la dernière ligne (« il a plu ») contraste avec le présent dans le reste du poème et met en valeur la fin de ce cycle. Néanmoins il faut noter que ses termes ont également un double sens. Ponge fait un jeu de mot entre « plu » (pleuvoir) et « plu » (plaire). Dans le deuxième cas le « il » reste ambigu (« il » est-il le poème ?).
Enfin ce phénomène est tellement complexe que Ponge emploie deux images majeures pour l’expliquer et l’illustrer plus clairement. Tout d’abord il utilise la métaphore filée de la machine, il mentionne une « horlogerie » mais après il élargie la métaphore a un mécanisme compliqué. On peut relever par exemple les termes « ressort » « rouages » « mécanisme » et « machinerie ». Un « mécanisme » est un dispositif constitue de pièces assemblées ou reliées les unes aux autres et remplissant une fonction déterminée. Les gouttes et leurs actions sont donc dépendantes les unes des autres, comme dans un « mécanisme ». De plus cette machine s’arrête toute seule et vit seule, on personnifie donc le phénomène de la pluie. La deuxième métaphore filée est celle du concert. Nous avons mentionné d’ailleurs auparavant les nombreuses allusions au bruit. Les gouttes ont donc un assemblage d’actions qui dépendent les unes des autres pour créer en fin de comptes un concert, de la musique. Donc pour conclure la pluie génère plusieurs actions des gouttes qui ensembles réalisent de la musique. D’ailleurs cette musique souligne également l’aspect temporel de la pluie puisque la musique suit un certain rythme qui s’arrête peu à peu en ralentissant, comme la pluie. Tout a une fin, musique et pluie.
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