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Dissertation de français sur la privation de liberté.

Par   •  27 Août 2018  •  2 638 Mots (11 Pages)  •  687 Vues

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Si le bonheur est le rêve de chacun, la liberté apparaît toujours à l’homme comme un moyen de l’atteindre. Il est vrai qu’être libre, par définition, nous laisse un champ de possibilités plus large quant à notre façon de penser et d’agir. Alain l’affirme : « C’est dans l’action libre qu’on est heureux. » Pour le philosophe, un homme qui ne peut accomplir une action qui lui tient à cœur n’a aucune chance d’être heureux puisque le bonheur n’est possible que par l’accomplissement de cette action. Si le bonheur est difficile à atteindre, c’est parce que l’homme est canalisé par des lois et déterminé par des causes ; cela l’empêche de faire précisément ce qu’il veut ; aussi n’est-il pas libre et le bonheur lui échappe. Prenons un exemple : pour être heureuse, il me faut aller vivre à New-York ; en théorie, je suis libre d’aller là-bas mais le déplacement coûte cher et je n’ai pas d’argent ; ce n’est pas moi qui décide du prix des billets d’avion et je puis dire que le marché des transports, par ses tarifs, restreint ma liberté de mouvements.

Si l’on cherche à satisfaire ses désirs, rien ne vaut la liberté, mais l’on sait que le désir est infini et qu’à chaque désir assouvi naît un nouveau désir qui le remplace, nouveau désir souvent plus fort, si bien qu’on réclame toujours davantage à notre liberté qui, limitée, ne pourra jamais entièrement nous satisfaire. Aussi l’homme a-t-il appris à chercher un bonheur à sa mesure, la liberté est définie à l’intérieur d’un mécanisme causal : ainsi, pour le diplômé d’Harvard, le bonheur absolu sera de devenir président des États-Unis et pour l’adolescent des bidonvilles africains, ce sera de trouver un métier qui puisse subvenir à ses besoins. On peut donc dire que la conception du bonheur varie selon les individus qui, raisonnés, se concentrent seulement sur ce qu’ils peuvent obtenir. Le bonheur demande-t-il donc une liberté absolue ?

Il faut tout d’abord distinguer deux types de libertés : la liberté de mouvement grâce à laquelle on ne rencontre pas d’obstacles, et la liberté morale qui concerne le libre-arbitre, la capacité de choisir. Il se peut qu’un homme ne dispose que d’une seule de ces libertés ; par exemple, le bonheur serait pour moi de faire mes études dans telle école, rien ne m’empêche donc de leur envoyer mon dossier mais ce n’est finalement pas moi qui déciderai de mon admission, malgré le soin que j’aurai porté à fournir le dossier le plus exemplaire. Dans les deux cas, la liberté absolue est rare, mais le bonheur, bien que limitée, peut s’avérer suffisant : si chaque individu profitait de sa liberté, il serait heureux, mais le défaut de l’homme est d’en vouloir toujours plus. Cependant, il faut se demander ce que l’homme attend du bonheur ; certes, un bonheur absolu réclamerait une liberté absolue mais nous pouvons être heureux sans connaître le bonheur absolue, donc sans être totalement libre ; car la liberté dont nous disposons suffit parfois à un bonheur certain, que l’on fasse des choix ou que l’on suive ses principes. Prenons un exemple : un homme simple, de classe sociale moyenne, fait un travail qu’il aime pour nourrir sa petite famille qu’il aime aussi beaucoup et qui le lui rend bien. Il pourrait rêver mieux : un travail qui lui rapporte davantage, une femme plus belle et des enfants meilleurs en classe, mais à quoi bon ? La liberté est nécessaire pour être heureux mais malgré notre liberté, sommes-nous forcément heureux en toutes circonstances ?

Il y a une définition du bonheur qui associe liberté et plaisir (l’hédonisme). Le plaisir demeurerait dans ce que nous faisons pour que ce sentiment apparaisse. Mais il y a une très grande contradiction. L’homme qui soutient cette thèse, qui a besoin d’accomplir ces plaisirs pour être heureux ne le sera jamais car une multitude de désirs existe et ils ont tous été érigés par ce que la société désire. Donc penser que sa liberté appartient à ces choix, ces plaisirs qu’il se fait, ce serait se tromper. On appelle cela une liberté d’illusion, car ces choix ne nous appartiennent pas.

Un plaisir définit par une liberté de choix peut rapidement devenir une contrainte, une tare que l’on peut se « coller » à vie, et qui risque de nous détruire la santé, telle que la cigarette. Rapidement, on peut en devenir dépendant et ce qui nous procure du désir pendant un moment devient une vraie toxine pour le corps. La liberté prise au début nous enferme dans une prison créée par cette liberté illusoire. Nous ne sommes plus maîtres de notre liberté car celle-ci fut un poison pour nous en choisissant d’aller dans la dépendance.

Kant, dans « Les morales du devoir », montre que le bonheur n’est pas accessible à l’homme. On peut donc se demander ce qui l’empêche d’atteindre cet idéal. Pour Jean-Paul Sartre, il s’agit en somme d’un paradoxe : « l’homme est condamné à être libre » ; cela signifie qu’il dispose d’une liberté infinie, absolue, laquelle le rend entièrement responsable de ses choix. Sartre réfute donc le déterminisme, car, selon lui, l’homme a toujours le choix et, du coup, la possibilité de donner un sens à sa vie ! Il est donc faux de dire qu’il est déterminé par les circonstances, par son histoire personnelle, puisqu’il décide lui-même du coefficient d’adversité des choses, c’est-à-dire de son sort : « C’est notre liberté qui constitue les limites qu’elle rencontrera par la suite » ; être libre, c’est être en accord avec ses convictions. Pourtant, malgré sa liberté absolue, l’homme n’accède pas au bonheur absolu. Il faut donc en conclure que sa totale liberté l’empêche d’être heureux, comme si le bonheur ne résultait en fait que d’un hasard, un hasard dont l’homme ne peut profiter, car il est condamné à faire lui-même de sa vie ce qu’elle est ! Sommes nous donc heureux d’être libre ? Il semble que l’homme soit malheureux parce qu’il n’est pas libre de refuser sa liberté ; il ne peut accuser la fatalité et n’a, de fait, aucune excuse ! Par exemple, si l’on en croit Sartre, un juif déporté à Auschwitz ne doit s’en prendre qu’à lui-même de se trouver en pareil endroit ; car si le régime nazi l’a envoyé là-bas, cela n’est dû qu’à une série de choix malencontreux de sa part, laquelle série a fait, non son bonheur, mais son malheur ; mais comment aurait-il pu prévoir ce qui allait se passer ? Le problème est là, il ne le savait pas. L’homme est donc responsable de ses actes mais il ignore leurs conséquences futures ; aussi ne peut-il atteindre le bonheur que grâce à un hasard indépendant de sa volonté, c’est-à-dire contingent,

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