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La papauté d'Avignon

Par   •  5 Juillet 2018  •  4 434 Mots (18 Pages)  •  341 Vues

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- Une volonté de revenir à Rome avortée

Contrairement à ce que l’on peut penser, il ne souhaite pas véritablement se poser définitivement en Avignon. En effet, il décide d’intervenir directement dans l’élection du trône du saint empire germanique et, devant la rivalité entre Frédéric d’Autriche et Louis de Bavière, il conclut à la vacance de l’Empire et en assume la régence. Il assure également le soutien au roi de Naples et lance une croisade contre le duc de Milan. Son but est ainsi de contrôler l’Italie pour à terme retourner à Rome. Néanmoins, Jean XXII est contraint de céder devant Louis de Bavière, qu’il avait pourtant excommunié en 1324, puisque ce dernier parvient à le mettre en difficulté avec le manifeste Defensor Pacis, contestant l’augustinisme du pape. Il est rédigé communément par Marsile de Padoue et Jean de Jandun. Ce manifeste précise donc que l’Eglise, « ensemble de fidèles croyant et invoquant le nom du Christ », constitue une association et non pas une société. Ainsi, le caractère sacerdotal reste conféré aux prêtres, l’office doit selon ce manifeste être attribué aux princes. De plus, il indique que le pape ne possède aucune autorité particulière, la hiérarchie ecclésiastique n’étant pas d’institution divine. De ce fait, ce manifeste énonce clairement que l’Eglise ne possède aucune souveraineté et que l’on doit aboutir au primat total de l’Etat. Pour citer un extrait de ce manifeste pour vous montrer son but, il dit, je cite « que le pape n’est plus que le président d’une sorte de république chrétienne, gouvernée en dernière analyse par l’Empereur ». Cela conduit même à l’élection d’un antipape, Nicolas V, en 1328. Finalement, Jean XXII reprend l’avantage et, avec l’aide de l’université de Paris, il réaffirme l’autorité papale. Il se réconcilie formellement avec Nicolas V avant d’excommunier les auteurs du Defensor Pacis. Cet épisode contribue à l’installation définitive de la papauté en Avignon : en effet, Louis de Bavière est toujours opposé à reconnaitre l’exercice de son pouvoir selon l’approbation du Saint Siège. Jean XXII décide donc de rester en Avignon afin de le surveiller de près, de même que l’insécurité règne dans les Etats pontificaux et freine un éventuel retour à Rome, malgré les moyens employés par Jean XXII pour leur remise en état.

Transition : l’installation des papes en Avignon se fait ainsi progressivement mais ce choix effectué par Jean XXII entraine un enracinement profond de la cour pontificale en Avignon.

II/ L’enracinement profond de la cour pontificale en Avignon

- La centralisation administrative de l’Eglise et de sa vie spirituelle

Aussitôt arrivé en Avignon, Jean XXII commence les travaux d’agrandissement de l’ancien palais épiscopal, adossé à la cathédrale Notre Dame des Doms, pour en faire un important palais pontifical capable d’abriter le gouvernement de l’Eglise. Les travaux ne cesseront jamais durant tout le pontificat. Mais Jean XXII est connu pour sa réforme de réorganisation fiscale : en effet, il expulse les juifs du Comtat Venaissin afin de rétablir les finances pontificales. Ainsi, avec les collecteurs de fonds qui sillonnent l’Europe entière et ramasse systématiquement l’impôt dû à l’église, Jean XXII dispose à nouveau d’argent. Jean XXII l’utilise pour réorganiser l’administration pontificale : il étend ainsi la réserve des collations, met en place une fiscalité sur les bénéfices, créant ainsi un véritable gouvernement central en Avignon. Il se trouve être un excellent gestionnaire et il laisse une trésorerie importante à son successeur (équivalent d’un million de florins d’or). Enfin, durant son pontificat, il lutte avec énergie contre les déviances et les hérésies, excommuniant tous ses adversaires. En témoigne sa lutte contre les fraticelles, franciscains de la branche des Spirituels qui prônent un mépris absolu des richesses. En 1323, Jean XXII relativise la portée du vœu de pauvreté par la bulle Cum inter nonnullos : il déclare que la pauvreté du Christ et des apôtres n’a pas été absolue. Bon nombre de spirituels sont alors emprisonnés et les fraticelles sont livrés à l'Inquisition. Il prononce en 1332 un sermon sur la vision béatifique, affirmant que les âmes des défunts ne voient pas Dieu avant le jugement dernier. Il est alors violemment accusé d’hérésie. Il meurt le 4 décembre 1334 à l’âge de 90 ans. Après sept jours de conclave à Avignon, les cardinaux désignent un cistercien nommé Jacques Fournier, qui prend le nom de Benoit XII. Contrairement à son prédécesseur, il voit l’aspect religieux de sa fonction et il s’occupe de la réforme de l’Eglise. En effet, il lutte activement contre les hérésies et reprend avec vigueur les ordres mendiants, tentés par les déviances et le relâchement des mœurs. En 1335, devant l’insécurité persistante à Rome, il entreprend la construction du nouveau palais des papes, ce qui marque un enracinement profond de la cour pontificale en Avignon. Il prend l’aspect d’une forteresse austère, aux murs épais, articulé autour d’un cloitre. S’il ne parvient pas à s’opposer au conflit entre les royaumes de France et d’Angleterre qui mène tout droit vers la guerre de Cent-Ans, Benoit XII n’en est pas moins connu comme le principal pape réformateur d’Avignon : ces réformes ainsi que celles de son prédécesseur font alors d’Avignon la capitale de la chrétienté.

- Avignon, capitale de la chrétienté

Si c’est bien à Avignon que s’enracine la cour pontificale, Rome reste un lieu de pèlerinage mais sans le pape, la ville éternelle perd son rôle de capitale spirituelle de l’Occident chrétien. Avignon en assume toutes les fonctions matérielles et morales. En effet, les services de la curie y sont installés et les grandes cérémonies pontificales se déroulent dans le nouveau palais. Ainsi, ambassadeurs, fidèles, mendiants, désertent les chemins menant vers Rome pour les routes menant vers Avignon (ainsi, tous les chemins mènent à Avignon). Mêmes ceux qui veulent ramener le pape à Rome comme Pétrarque ou Catherine de Sienne font le voyage vers Avignon, voire y séjournent. Les canonisations, les grandes cérémonies religieuses, amènent vers Avignon autant de gens venus voir le pape. Ainsi, durant les premières décennies de la présence papale, la population d’Avignon se voit être multipliée par huit. Si la ville accueille de nombreuses personnes, le palais accueille non seulement les papes mais également les cardinaux,

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