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Holbein, Les Ambassadeurs

Par   •  3 Décembre 2018  •  2 287 Mots (10 Pages)  •  395 Vues

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Pour la sauver, les ambassadeurs abattent trois atouts :

premier atout, matérialisé par cet hymne de Luther, le fondateur du protestantisme : la division de la chrétienté entre catholiques et protestants. En soutenant les princes et villes protestantes, ils affaiblissent le St-Empire, déjà composé de milliers d’Etats.

deuxième atout, l’ouverture vers le monde musulman, symbolisé par ce tapis. Quand le tableau est réalisé, l’Empire Ottoman est aux portes de Vienne et menace la chrétienté. Mais les ambassadeurs négocient tout de même un traité avec lui pour détourner les forces du St-Empire sur son front Est.

troisième atout, les sentiments du roi d’Angleterre, symbolisés par ce sol qui imite celui de l’Abbaye de Westminster, à Londres. C’est là, qu’avec le soutien des Français, il a épousé l’anglaise Anne Boleyn, après avoir répudié sa 1ère épouse, liée au St-Empire. De cette manière, la France conjure la possibilité d’une alliance entre l’Angleterre et le St-Empire.

« Les Ambassadeurs » sont donc les représentants d’une nouvelle religion, une religion qui autorise à jouer contre le Pape, contre la chrétienté et contre le St-Empire, quand les intérêts supérieurs d’un pays sont en jeu : la religion de la politique et de la Raison d’Etat. C’est déjà l’idée de Machiavel, un an avant la réalisation du tableau est publié « Le Prince », où il démontre que la politique obéit à des règles propres.

Le peintre aurait volontairement fait des fautes d'orthographe, dont le but serait de signifier le désordre du tableau et de symboliser le trouble du monde.

Le luth est une référence à une autre œuvre, dans laquelle est mis en avant la technique de la perspective. Par cette référence, le peintre a voulu montrer sa reconnaissance envers cette technique qui lui permet de peindre avec réalisme. Technique omniprésente durant la Renaissance. Le luth, symbole de l'harmonie, présente une corde cassée, symbole du questionnement de la mort, de la fin de l'existence, dans une période où les croyants ont peur pour leur salut après la mort. A cette période, la riche Eglise vendait des indulgences (les papes offraient le salut de l'âme aux riches donateurs). Ceci marque le conflit entre protestant et catholique.

Le livre ouvert sur deux pages est un livre de chants. La page de gauche représente un hymne de Luther (Martin Luther etant considéré comme l'un des précurseurs du protestantisme) et la page de droite représente une version des Dix Commandements par le même Luther. Ici est représenté l'opposition entre la loi (symbolisée par les commandements) et la grâce (symbolisée par l'hymne). Selon Luther, ce ne sont pas les efforts de l'Homme qui lui donnent le salut, mais c'est par la grâce et la volonté de Dieu seul que l'Homme pourra accéder au paradis. Cette opposition est voulue et rappelle que Georges de Selve rapproche ses idées de Luther. Il est tolérant et semble favorable à une réforme de l’Eglise, tout comme Luther.

On assiste ici à un échelon d'intérêt, d'abord sur l'étagère supérieure montrant l'étude du ciel, puis descendant vers l'étagère inférieure, montrant les intérêts et préoccupations des hommes sur Terre.

Le sol :

Le sol est l'élément dont la signification serait la plus mystérieuse, parmi tous les éléments représentés. Mais on pense pouvoir l'identifier grâce à un autre sol qui se trouve à la Chapelle Sixtine, placé en dessous de la célèbre fresque "La création d'Adam" de Michel-Ange. Dans tout les cas, le sol représente un macrocosme, une représentation de l'univers dont le cercle central symbolise Dieu et les quatre cercles restants représentent les quatre éléments (Eau, Feu, Terre, Air). Cela pourrait signifier que la vie des deux hommes posés sur le macrocosme (et par extension la vie des hommes en général) dépende de Dieu.

Anamorphose:

L'arrière-plan dévoile un crucifix, caché derrière les plis du rideau vert, dans le coin supérieur gauche. Il est positionné entre le monde des hommes et celui invisible à nos yeux, il symbolise le Christ médiateur entre l'Homme et Dieu. En effet, les protestants croient en un seul intermédiaire entre les hommes et Dieu, ce crucifix nous rappelle donc le Christ.

L'objet déformé qui se trouve au premier plan est parfois appelé l'os de seiche. Au premier abord, on se demande ce qu'un tel élément fait ici et ce qu'il représente. En vérité l'effet qu'on observe s'appelle une anamorphose. Elle représente un crane qui n'est pas déformé, si on sait le regarder d'un certain point de vue. L'anamorphose consiste donc à donner l'illusion qu'un élément est déformé, mais cet élément se reconstitue quand on le regarde d'un certain angle ou si on utilise les bons outils. Ici, il faut se placer face au tableau, avancer vers la bordure droite et placer nos yeux à hauteur du visage des personnages. Puis regarder le crane de biais, les yeux collés tout près de la bordure droite du tableau. Et de façon assez impensable, on remarque que le crane n'est pas déformé, il est même très bien proportionné. Voici où réside la prouesse technique dans cette œuvre. Elle seule bénéficie d’une lumière spéciale qui vient de droite et de cette oblique dynamique. Elle exprime même le rire avec sa mâchoire ouverte jusqu’aux oreilles. C’est elle qui semble être le véritable héros du tableau.

La croix et le crane ensemble font références aux tableaux représentant la crucifixion (souvent le Christ est représenté avec un crane au pied de la croix. Le crane étant celui d'Adam.). Ce crane est bien entendu une vanité. Une vanité est représentée par des natures mortes, des objets qui indiquent le sentiment d'éphémère, de vide, de fragilité de la vie, qui soulignent la réalité de la mort face aux plaisirs de l'existence. Ici le crane symbolise la mort et rend vain tout le luxe et le savoir qu'on acquiert. De plus, avec les nombreuses références à la religion et à Dieu, on comprend que ce tableau cache une signification assez lourde. Conclusion:

Les objets représentés traduisent le désir de paraitre en homme cultivé chez le commanditaire (Georges de Selve). Quoique toute l'œuvre célèbre l'avènement des arts, des sciences et des idées de l'Humanisme en général, il faut y voir surtout une valeur morale qui jette de l'ombre

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