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Spinoza (biographie, idées)

Par   •  25 Avril 2018  •  1 978 Mots (8 Pages)  •  329 Vues

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On voit donc que finalement le droit naturel signifie chez Spinoza que nul ne peut, par volonté ou par commandement, aller contre la Nature, ou contre sa nature qui exprime la Nature, Dieu ou la substance. Cette nature ne se confond pas avec une idée préalable d’une Nature qui serait ainsi idéalisée, fruit de l’imagination, servant de modèle extérieur auquel les particuliers devaient s’adapter.

Nous vivons tous, vertueux ou non, raisonnables ou non, « soumis aux seules lois de l’Appétit ». Encore une fois Spinoza se démarque ici des volontaristes, vu que la volonté ou la Raison ne peuvent pas s’opposer aux appétits. Par contre, la Raison et la Connaissance intuitive peuvent faire comprendre à l’individu que ce que ses appétits cherchaient au départ n’était pas ce qui l’épanouirait le mieux. Les appétits, sans le concours de la Raison ou de la Connaissance intuitive, tendent à la servitude, non pas par une nature servile qui serait celle de l’Homme, mais parce que les appétits suivent le plus souvent le hasard des rencontres, déterminés par les causes externes. Autrement dit, les appétits nous guideront toujours, avec ou sans raison. Ce n’est pas que la Raison saurait ce qui est le mieux pour l’individu, au détriment des appétits, mais que la raison doit aider l’individu à raisonner et à sentir ce qui est le mieux pour lui à chaque instant particulier, dans sa singularité, par et dans l’expérience, par sa science intuitive, selon son ingenium(talent) ou complexion. Sans la Raison, les appétits nous trompent, nous désirons des choses qui pourtant n’augmentent pas notre puissance d’agir. En revanche, une supposée « raison » qui ignore la réalité de nos appétits, nous trompe elle aussi, par le même motif. Les volontaristes, par contre, veulent croire que la Raison peut imposer sa « vérité » aux appétits, comme l’intelligible imposerait sa vérité au sensible ou au corps, même s’ils peuvent aussi admettre que cela ne se réalise en fait jamais. En bref, dans l’unité corps-esprit spinozienne, la raison n’est pas séparée du corps, si bien qu’elle ne niera pas les appétits, mais peut mener l’Homme à mieux comprendre, par des idées adéquates, ce qui lui fait du bien et augmente sa puissance sans être trop troublé par des causes extérieures. Son appétit et son conatus (effort) seront alors mieux satisfaits qu’auparavant. Analyser la réalité des passions nous permet de comprendre le besoin d’un État, afin non pas de les empêcher puisqu’elles existeront toujours, mais d’empêcher leur déchirement.

Pourtant, on pourrait encore s’étonner des affirmations de Spinoza concernant les passions de la foule et de ses rapports invivables, la soumission de l’individu « à la violence de ses passions » par lesquelles il juge arbitrairement ce qui lui est utile : « il lui est loisible de l’appéter en vertu d’un Droit de Nature souverain et de s’en saisir par quelque voie que ce soit, par la force, par la ruse, par les prières, enfin par le moyen qui lui paraîtra le plus facile; conséquemment aussi de tenir pour ennemi celui qui veut l’empêcher de se satisfaire »(p263 1er paragraphe). De plus, le remède trouvé par l’État pour contrecarrer autant de déchaînements serait de faire valoir encore plus de passions. Certes, seule une petite partie des Hommes atteint l’état de vertu, mais nous vivons tous, aussi sages que nous puissions être, selon nos appétits et désirs, et personne ne s’affecte suivant des idées adéquates tout le temps, devant tous les évènements qui puissent lui advenir. La Raison nous permet aussi de comprendre que nous ne sommes pas rationnels à tout moment ni en toutes circonstances.

Spinoza explique que le tyran tire sa force de la crainte de ses sujets et de rien d'autre. Il serait naïf de croire que la liberté, dans le sens d’une autonomie d’action et de pensée accordée à la puissance de la Nature, puisse être garantie par la contrainte sur le peuple, ou en ôtant au peuple sa puissance. Cela n’est plus naïf, mais devient une analyse réaliste, si ce n’est plus que le constat d’un fait : que les foules sont passionnelles, que les gouvernants sont obligés de les retenir pour garder le pouvoir et qu’ils peuvent y parvenir par la contrainte, y compris en trompant le peuple. Mais que ce soit pour l’État ou pour les individus, le pouvoir exercé par contrainte sur l’autre vient d’un affect passif, d’une menace imaginaire dont on veut préalablement empêcher la réalisation. Même s’il est compréhensible qu’un État exerce un pouvoir de contrainte sur ses membres comme un droit naturel, cet exercice ne sera pas le fruit d’affects actifs. Que l’État puisse utiliser la force, la crainte ou la croyance pour tromper ses membres, les menant à suivre la morale s’ils n’ont prétendument pas ou pas encore de raison ou d’éthique, ne signifie pas qu’il utilise ainsi la meilleure façon de procéder, aussi bien pour ses membres que pour sa propre puissance. On constate cela dans toutes les dictatures de notre époque comme par exemple la Corée du nord.

Chloé

Salomé

Mélanie

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