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La Métamorphose - Franz Kafka

Par   •  11 Avril 2018  •  2 788 Mots (12 Pages)  •  551 Vues

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Regards sur les œuvres

La Métamorphose (1915) raconte la transformation du commis voyageur Grégoire Samsa en un insecte géant. Alors qu’il faisait jusqu'à présent vivre sa famille après la faillite de son père, elle se détourne de lui avec dégoût dès lors qu’il apparaît si différent et ne lui sert plus à rien. Grégoire finit par mourir alors qu’une blessure occasionnée par son père dans sa carapace pourrit. Le cadre de ce roman, assez court, est celui d’une petite-bourgeoisie pétrie de préoccupations mesquines, absorbée par son quotidien ; seule la vieille domestique de la famille, d’origine paysanne, montre de la compassion pour Grégoire. Malgré la trame fantastique tout est décrit avec un profond réalisme et le cauchemar qui se fait jour, entre étrange et quotidien, paraît donc révéler le monde dans ce qu’il est vraiment, derrière les apparences hypocrites.

Un champion de jeûne (1922) est une nouvelle philosophique racontant l’histoire tragique d’un homme qui, ancien champion de jeûne très admiré, dont les talents sont d'abord encadrés par un impresario qui limitait ses périodes de jeûne à quarante jours, se retrouve dans une cage oubliée, dans un coin d’un cirque, loin des projecteurs, mais du coup laissé libre de battre tous les records, jusqu'à la mort. Il avoue avant de mourir que sa tâche était facilitée par le fait qu’il n’avait jamais trouvé de nourriture à son goût. On peut y voir la figure de l’artiste qui veut se faire admirer pour sa passion mortifère.

Le Procès (1925), roman considéré comme inachevé par l’auteur, met en scène un modeste employé de bureau, Joseph K., auquel on apprend soudain sa condition de prévenu libre : il va désormais devoir se justifier lors de convocations, et se trouver confronté à une gigantesque machine administrative sans savoir quelle est sa faute. Il ressent de la culpabilité pourtant, il doit se défendre d’être de mauvaise foi, et bientôt c'est toute la ville, tous les regards qui semblent l’accuser, autant de déclinaisons d’une mêmejustice sommaire. À nouveau l’auteur s’emploie à retranscrire très précisément l’expérience profondément vécue d’un homme isolé qui cherche à comprendre.

Le Château (1926) expose à nouveau les rouages d’une administration énorme, toujours arbitraire, parfois absurde et même immorale, cette fois autour du château d’un mystérieux comte, sur les terres duquel veut s’installer l’arpenteur K. Celui-ci se trouve confronté à une communauté inintelligible et cette rencontre impossible symbolise à nouveau l’isolement d’un homme qui aura en vain cherché à vivre parmi ses congénères.

L’Amérique (1927) construit un nouveau labyrinthe, cette fois-ci de l’autre côté de l’Atlantique, pour le jeune héros, Karl Rossmann, nouvel avatar de l’auteur – comme tous ses héros reprenant l’initiale de son nom –, lequel, parti rejoindre son oncle aux États-Unis après une aventure avec la domestique de ses parents en Allemagne, se trouve à nouveau inapte sinon insatisfait dans cette nouvelle société, multipliant les expériences relevant tour à tour du drame ou de la comédie. Le héros se caractérise à nouveau par une profonde anxiété et un puissant désir de justice, d’épanouissement. Contrairement aux autres récits de l’auteur celui-ci devait se terminer en apothéose avec la pleine réalisation du héros dans le « Grand Théâtre de la Nature de l’Oklahoma », structure où les inaccomplis se voient enfin octroyer une fonction leur correspondant, en fonction de leurs aptitudes et de leurs goûts, et fonctionnant sur des bases de justice et d’empathie.

Le Terrier (1931) est un récit où cette fois l’auteur construit un labyrinthe physique, sous-terrain, fait de dizaines de galeries et de petites places, autour d’un narrateur mi-humain mi-animal, obsédé par sa sécurité, à l’affût du moindre bruit, et craignant les ennemis qu’il s’imagine dans un monde qui lui est tout entier hostile pense-t-il. Le héros apparaît donc ici anxieux mais encore paranoïaque, obsédé par la construction d’un abri qui ressemble de plus en plus à un piège refermé sur lui.

Kafka commença à tenir son Journal (1937) en 1910 à vingt-sept ans. Il le rédige de façon irrégulière jusqu'à sa mort. L’auteur y confie sa solitude et ses doutes, relatifs à sa maladie, qu’il pense d’origine psychique, au mariage dont il se demande s’il l’aiderait à mieux supporter la vie ou s’il l’étoufferait. Il y place l’importance de la littérature au-dessus de tout, se montrant préoccupé avant tout de son existence spirituelle.

« Le jugement n'intervient pas d'un coup ; c'est la procédure qui insensiblement devient jugement. »

Franz Kafka, Le Procès, 1925

« Mes chers parents, déclara la sœur en frappant de la main sur la table par manière d'introduction, cette situation ne peut pas durer. Si vous ne vous en rendez pas compte, moi je le sens. Je ne veux pas prononcer le nom de mon frère en parlant du monstre qu'il y a ici, je vous dirai donc simplement : il faut chercher à nous débarrasser de ça. Nous avons fait tout ce qui était humainement possible pour le soigner et le supporter ; je crois que personne ne pourra nous adresser le moindre reproche. »

Franz Kafka, La Métamorphose, 1915

« À cette époque, ce n’était qu’un modeste début, mais ce sentiment de nullité qui s’empare si souvent de moi (sentiment qui peut être aussi noble et fécond sous d’autres rapports, il est vrai) tient pour beaucoup à ton influence. Il m’aurait fallu un peu d’encouragement, un peu de gentillesse, j’aurais eu besoin qu’on dégageât un peu mon chemin, au lieu de quoi tu me le bouches, dans l’intention louable, certes, de m’en faire prendre un autre. Mais à cet égard, je n’étais bon à rien. »

Franz Kafka, Lettre au père, écrite en 1919, parue en 1952, jamais envoyée

La Métamorphose

par Franz Kafka

La quête de liberté et d’identité

Sous la plume de Kafka, Gregor devient le représentant de l’oppression psychologique de l’ordre social moderne. Gregor se sent prisonnier de son devoir envers sa famille et du métier qu’il a accepté de prendre. Il rêve du jour où il pourra s’acquitter des dettes de son père et quitter son travail. Toutefois,

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