Hurlements incessants

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était midi lorsque les Dunphy entendirent à nouveaux ces hurlements incessants qui duraient depuis plusieurs jours déjà. Les plaintes provenaient de la maison de leurs voisins, les Delgado. La famille Dunphy était plutôt surprise d’entendre des bruits étant donné que leurs amis étaient partis en vacances en Colombie. Ayant la clé de la maison, ils décidèrent d’aller voir ce qui se passait. Ils ne s’attendaient pas du tout à voir un tel spectacle : Bounty, la chienne de la petite famille colombienne, accrochée au radiateur bouillant, du salon. La pauvre chienne, haletante, était totalement déshydratée et mourante. Sa respiration était saccadée et sa fourrure trempée de sueur.

Après avoir détaché la chienne, Phil Dunphy décida d’appeler les maitres de Bounty, afin d’avoir une explication. Après plusieurs tentatives d’appels infructueux, les Delgado décrochèrent enfin le téléphone. Phil, furieux, demanda à ses voisins pourquoi ils avaient trouvé leur chienne attachée à un radiateur. Manny Delgado, le chef de famille, attendit quelques secondes avant de répondre. On entendait à sa respiration qu’il était troublé. Avant même que Phil ne réagisse, Manny chuchota « je peux tout expliquer …» en étranglant un sanglot. « Je ne voulais pas… c’est ma femme » continua t-il. Sa voix était brisée. Phil, dérouté, sollicita son voisin pour qu’il lui explique tout, sans mensonge et calmement. L’interlocuteur raconta alors que sa femme ne supportait pas la présence de Bounty dans la maison. Elle trouvait que son mari la délaissait et que sa chienne occupait une trop grande place dans le cœur de celui-ci. En effet, il passait beaucoup plus de temps avec son animal de compagnie qu’avec sa femme et quand celle-ci voulait faire une activité avec lui, il se défilait et trouvait une excuse pour ne pas la faire. De plus, cette chienne était un véritable calvaire pour Gloria, la femme de Manny : elle grignotait ses chaussures, déracinait ses magnifiques petites jonquilles, et parfois même réussissait à trouver ses produits de beauté et les perçait. Gloria n’en pouvait plus. Il fallait agir et vite ! Elle décida de faire du chantage à son mari et de le menacer de révéler un énorme secret sur sa famille s’il ne l’obéissait pas. Quoi de plus parfait que de partir en voyage en laissant son chien mourir de soif et de faire croire à ses enfants un malheureux incident de la vie.

Phil n’en revenait pas, il était très en colère contre son ami d’avoir accepté de laisser mourir un animal innocent plutôt que d’assumer les actes de sa famille. Il trouvait cela égoïste mais il se disait qu’il aurait peut-être agit pareil s’il avait été dans cette situation. Effectivement, au début de leur amitié, Manny lui avait avoué que sa famille était depuis des années à la tête d’un réseau de drogue. Manny était venu en Amérique afin de fuir les pressions de sa famille et ne pas faire partie du réseau. Si par malheur, quelqu’un l’apprenait, sa famille se retrouverait en prison et serait totalement détruite. Quand à Gloria, il n’aurait jamais pensé qu’elle était capable d’une telle méchanceté.

Manny raconta aussi à monsieur Dunphy que, s’il passait autant de temps avec sa chienne, c’était parce qu’il n’en pouvait plus de sa femme, qu’elle l’exaspérait. Il en avait assez de l’entendre geindre sans cesse et de critiquer sans arrêt. Il ne trouver plus aucun intérêt à rester avec elle. Le divorce lui était passé par la tête de nombreuses fois mais il continuait à se dire que ce n’était qu’une étape passagère dans son couple.

Après quelques secondes de réflexion, Phil le réconforta et lui conseilla de faire ce dont il avait envie et que ce qu’il lui importait le plus était le bonheur de son ami. Le colombien, déterminé à récupérer son chien, pris la décision de divorcer avec Gloria et de rentrer chez lui. Les deux compères se mirent donc d’accord sur le fait que Manny prendrait le premier avion pour rentrer chez lui. Aussi, le temps de trouver une maison avant que le divorce soit prononcé, la famille Dunphy l’accueillerait volontiers chez eux.

Quelques mois après, le divorce fut prononcé, Manny avait son propre petit appartement et sa chienne adorée avec lui. Bounty avait été, pendant l’appel des deux amis, transportée aux urgences vétérinaires et soignée. Elle avait repris petit à petit des forces et son état s’était maintenant nettement amélioré. Son maître la cajolait encore plus qu’avant et vivait heureux. Gloria, elle, avait accepté à contre cœur et après maintes et maintes demandes, le divorce. Elle avait cédé, s’apercevant que ses menaces n’étaient pas efficaces et avait subi une peine de 2 mois de prison pour maltraitance envers les animaux. Leur maison avait été vendue afin de permettre à Manny de vivre le temps de se trouver un travail. Elle vivait maintenant loin de son ex-mari. La pauvre femme ne souhaitait qu’un peu plus d’attention de son mari.

Malheureusement, elle n’en aura plus jamais... Tous ses efforts étaient voués à l’échec depuis le début.

FIN.

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