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Le lien social - Pierre-Yves Cusset.

Par   •  31 Mai 2018  •  3 482 Mots (14 Pages)  •  378 Vues

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des organisations et des études sur la sociabilité.

Dans le cadre d’une sociologie comme étude des actions réciproque, le sociologue Simmel définit l’étude des formes de la socialisation : « il y a société là où il y a action réciproque de plusieurs individus ». la matière de la socialisation est donc l’ensemble des pulsions, des intérêts, des buts, des tendances, des états et des mouvements psychiques qui engendrent un effet sur les autres ou qui sont le résultat d’un effet venant des autres. Et si Simmel est peut être comme un précurseur de la sociologie des réseaux, c’est en particulier en raison de l’intérêt qu’il manifeste pour l’étude des effets de la structure du groupe sur les formes de socialisation qu’on y trouve. Selon lui, la taille des groupes détermine grandement le type d’actions réciproques qu’on rencontre. Ainsi, un groupe, à partir d’une certaine dimension, doit élaborer, pour se maintenir et se développer, des règles, des formes, des organes dont un groupe de dimension plus faible n’a pas besoin. Et inversement, on trouve dans des cercles plus restreints certaines actions réciproques et certaines actions réciproques et certaines qualités que l’on ne trouve plus lorsque le nombre de leurs membres s’accroît. Simmel remarque de même que les réunions mondaines ne donnent pas lieu aux mêmes types d’échanges que les réunions plus restreintes.

Dans l’analyse simmélienne des triades, tout change lorsque le groupe passe de deux à trois éléments : « la relation à trois se distingue de celle à deux comme une entité tout à fait nouvelle, qui se caractérise par le fait qu’elle a en amont une différence spécifique avec la première, mais non en aval avec celles de quatre éléments et plus ». Simmel analyse trois formes typiques de triade qui se distinguent par le rôle joué dans la relation par le troisième élément :

• Dans le premier cas, le troisième élément joue le rôle du juge impartial entre les deux premiers éléments, il présente de façon neutre et raisonnée les revendications des deux parties.

• La personne impartiale peut aussi exploiter sa position d’intermédiaire en poursuivant des propos objectifs, c’est l’utilisation stratégique faite par les acteurs de leur position au sein du réseau de leurs relations.

• Troisième configuration typique de la relation à trois, celle qui consiste à diviser pour mieux régner.

L’auteur avance aussi que si Simmel a bien mis en évidence l’impact de la structure des groupes, et notamment de leur taille, sur les formes de l’action réciproque, la sociologie structurale des réseaux met au point des outils qui permettent de rendre compte avec beaucoup de précision de la forme des relations, directes et indirectes, qui prévalent au sein de groupes donnés. Les premières avancées méthodologiques sont à mettre au crédit de la sociométrie, et plus tard, l’importation en sociologie des outils de la théorie des graphes et calcul matriciel a permis d’affiner l’analyse.

Ainsi, l’application des puissants outils de la théorie des graphes et du calcul matriciel suppose de raisonner sur des « réseaux complets », c’est-à-dire sur des ensembles d’individus dont on connaît la totalité des relations, directes et indirectes, qui les lient entre eux.

Au-delà des controverses méthodologiques opposant les tenants d’approches qui n’ont au fond pas exactement les mêmes finalités (l’analyse structurale) que nous apprend la sociologie des réseaux du point de vue de l’analyse du lien social ? se demande l’auteur.

La notion de « réseau social » fait sa première apparition en 1954, dans un article de l’anthropologue britannique John Barnes, il rend compte d’une étude qu’il a réalisée au sein d’une petite ville située sur une île de la côte ouest de la Norvège. Il a analysé à la fois le fonctionnement du système des classes sociales en Norvège et la manière dont y est organisée l’action sociale. Il distingue trois champs dans le système social de la petite ville : le premier à base territoriale, le second produit par le système industriel et le troisième rassemble les liens d’amitié et de connaissance construits par les individus au cours de leur vie. Le monde constitue ainsi un vaste réseau de relations où chaque individu est beaucoup plus proche de n’importe quel autre que ce qu’il imagine.

L’auteur poursuit que les liens les plus chargés émotionnellement, qui concernent, qui concernent les personnes avec lesquelles nous passons le plus de temps, avec lesquelles nous nous sentons le plus proche, le plus en confiance, sont sans aucun doute irremplaçables.

Il ajoute aussi que la sociologie des réseaux met bien en évidence la façon dont la structure des relations dans laquelle s’insèrent les individus peut constituer un système de contraintes et de ressources pour les agents sociaux. Elle représente une première voie pour envisager la notion de capital social. Cette notion peut en effet tout d’abord se concevoir essentiellement du point de vue des individus, le capital social pouvant être assimilé à une ressource, parmi d’autres, que les individus peuvent utiliser, de façon plus au moins stratégique. C’est le point développé par Bourdieu qui introduit ce concept dans le cadre d’une théorie générale des rapports de domination et de leur reproduction.

Ce point de vue est également adopté par J. Coleman qui aborde pourtant la notion dans un cadre théorique fort différent de celui développé par Bourdieu. Mais il est une autre façon d’envisager le capital social : on peut aussi le concevoir non du point de vue des individus, mais du point de vue collectif. Le capital social désigne dans ce cas le degré de coopération, de réciprocité et de confiance qui caractérise une société.

Le capital social chez Pierre Bourdieu désigne les engagements, les dettes et les relations accumulés au fil des générations par les familles et par les groupes. James Coleman quant à lui introduit la notion du capital social dans le cadre d’une entreprise de rapprochement des analyses économiques qui considèrent généralement l’acteur comme agissant en toute indépendance, et guidé par son seul intérêt rationnel, et des analyses sociologiques qui conçoivent le plus souvent les actions des individus comme gouvernées par les normes, les règles et les obligations.

Du point de vue collectif, le capital social selon R. Putnam renvoie aux caractéristiques de l’organisation sociale, telles que les réseaux, les normes et la confiance, qui facilitent la coordination et la coopération pour un bénéfice mutuel. Le capital social qui peut

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