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« Les places et les chances. Repenser la justice sociale » de François DUBET

Par   •  8 Mai 2018  •  1 671 Mots (7 Pages)  •  625 Vues

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dans cette politique a engendré une série de déceptions, de plaintes et de critiques selon l’auteur. Effectivement, « il n’a pas suffi d’abaisser les obstacles économiques à la scolarité pour atténuer les effets des inégalités sociales sur les performances et les carrières scolaires des élèves ».

La multiplication et la hiérarchisation des diplômes ainsi que des filières ont transformé l’école en un appareil ayant pour objectif de sélectionner les élèves de manière fine et continue. Nous observons un passage d’une sélection « en amont » à une sélection « au fil de l’eau » (« élimination différée » selon Françoise Œuvrard). L’école parait beaucoup moins juste aujourd’hui, alors qu’elle distribue plus de biens scolaires qu’autrefois. Les sans-diplômes apparaissent dorénavant comme des « inemployables » puisque le diplôme incarne la norme scolaire et permet de « faire la différence » sur le marché du travail. Cette massification aurait ainsi causé une « inflation scolaire », une dévaluation des diplômes et donc, une disqualification professionnelle, un déclassement. Nous pouvons faire ici un lien avec le paradoxe d’Anderson. Ce paradoxe montre que le fait de posséder un niveau de diplôme supérieur à celui de ses parents mais d’occuper un poste, une position sociale moins élevée que la leur. En effet, le sociologue américain Charles Anderson a mis en évidence les effets de plus en plus limités des diplômes sur l’ascension sociale. Par conséquent, les jeunes français perdent toute confiance dans le système éducatif, dans les institutions mais également en eux-mêmes.

Le principe de l’égalité des chances, revendiquée par la droite comme par la gauche, repose sur une fiction et sur un modèle statistique qui suppose qu’à chaque génération, les acteurs se répartissent équitablement à tous les niveaux de la structure sociale quelles que soient leurs origines et leurs conditions initiales. Cette conception ne touche pas à la hiérarchie des positions et des statuts mais les individus qui occupent ces positions sont censés être issus de toutes les couches sociales. Ainsi, selon ce modèle de mobilité parfaite, dans une société composée de 30 % d’ouvriers, de 10 % membres de minorités visibles et de 50 % de femmes, 30 % d’enfants d’ouvriers, 10 % d’enfants issus des minorités visibles et de 50 % de femmes devront être représentés parmi les dirigeants politiques, les élèves des grandes écoles et les ouvriers du bâtiment. Ce modèle suppose donc que tous les individus sont égaux et se répartissent équitablement et au hasard à tous les niveaux de la société selon leur talent ou leur mérite.

Le principe de l’égalité des places reposerait également sur une fiction puisqu’elle suppose que l’héritage et les différences d’éducation soient abolis afin que le mérite des individus produise, à lui tout seul, des inégalités justes. Toutes les mesures tirées de l’égalité des chances visent à réduire les discriminations dans l’accès aux places. Néanmoins, elles ne mettent pas en cause l’ordre de ces places. En effet, elles ne contestent ni les hiérarchies scolaires, ni les hiérarchies salariales, etc.

Pour conclure, les acteurs politiques ont longtemps cru que l’on pourrait ouvrir à tous les enfants les portes de l’école tout en maintenant l’ancien modèle selon lequel chacun avait une place prédéterminée. L’école démocratique de masse devient alors une machine chargée de distribuer les élèves théoriquement égaux dans des positions sociales inégales au terme d’une compétition équitable. Les élèves doivent se dégager de la masse en fonction de leur seul mérite, au terme d’une succession d’épreuves dites « justes » qui doit produire des inégalités justes. « Que le meilleur gagne » tel est le mot d’ordre de cette « course scolaire ». Enfin, l’école des égalités des chances a engendré deux politiques : l’homogénéité de l’offre scolaire et des dispositifs spécifiques pour favoriser la réussite des élèves considérés comme les plus « handicapés » (création de ZEP, etc).

Question 4 : Quelles sont les limites de ces résultats ?

Dans cet ouvrage, François Dubet fonde sa réflexion uniquement sur des faits. Il privilégie l’égalité des places plutôt que l’égalité des chances. Selon lui, l’égalité des places permettrait de réduire les écarts entre les plus hauts et les plus bas dans la hiérarchie sociale. Cependant, cela parait assez utopique. En effet, malgré une réduction des écarts dans la hiérarchie sociale, les individus les moins dotés en capitaux (économique, social et culturel) occuperont toujours les positions les plus basses de la hiérarchie. L’égalité des places ne permet donc pas de munir les enfants issus des classes défavorisées des outils nécessaires pour monter dans la hiérarchie sociale.

Question 5 : Qu’est-ce-que nous n’avons pas compris ?

Dans cet ouvrage « Les places et les chances. Repenser la justice sociale », François Dubet évoque l’égalité des places qui consiste à réduire les écarts de conditions de vie dans la hiérarchie sociale. Cependant, je ne vois pas comme cela serait possible. Faut-il augmenter les salaires ? Cependant, le capital économique ne suffirait pas à augmenter le volume du capital culturel des individus issus des classes défavorisées..

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