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L’intégration économique puis monétaire des pays européens a-t-elle favorisé la croissance des pays membres de l’Union ?

Par   •  13 Septembre 2018  •  4 657 Mots (19 Pages)  •  458 Vues

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processus de conver- gence r ́eelle (I). Les limites du syst`eme mon ́etaire europ ́een conduisirent a` un nouvel approfondissement dans les ann ́ees 1990 : l’union mon ́etaire. A` partir de 1993, l’int ́egration mon ́etaire a exig ́e une convergence nomi- nale qui a pu contraindre la croissance de certains des E ́tats membres (II).

De 1958 aux ann ́ees 1980, l’int ́egration ́economique a tout d’abord favoris ́e la croissance des pays membres, a` travers le processus de convergence r ́eelle. Celui-ci est institutionnalis ́e par le trait ́e de Rome (1957) puis l’Acte unique (1986). La croissance qui en r ́esulte peut ˆetre

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expliqu ́ee, tout d’abord, par les th ́eories traditionnelles du commerce in- ternational qui montrent les avantages de la sp ́ecialisation (A). Les nou- velles th ́eories du commerce international et de la croissance endog`ene mettent ensuite en ́evidence le roˆle des interactions entre agents sur un march ́e concurrentiel (B). L’ouverture des fronti`eres constitue cependant un choc qu’il faut amortir (C).

Dans une logique ricardienne, trait ́e de Rome et Acte unique consti- tuent des chocs d’offre qui impulsent la croissance ́economique a` travers des m ́ecanismes de march ́e. Ces trait ́es institutionnalisent un march ́e commun puis unique au sein duquel les marchandises, d`es 1968, puis les services, les capitaux (en particulier a` partir de 1990) et les hommes cir- culeront librement. Cet espace ́economique int ́egr ́e se caract ́erise par le libre- ́echange entre les pays membres, la mise en œuvre de politiques ins- taurant une concurrence loyale et une politique commerciale ext ́erieure commune qui se concr ́etise par un tarif ext ́erieur commun (TEC). La formation d’une union douani`ere influence la croissance a` travers deux effets, mis en ́evidence par J. Viner. La suppression des barri`eres doua- ni`eres entre les pays membres et l’instauration d’un TEC g ́en`erent un effet de cr ́eation de trafic : les pays membres se sp ́ecialisent dans les acti- vit ́es ou` ils disposent d’un avantage comparatif ; ainsi la France accroˆıtra ses exportations agricoles et de services, tandis que l’Allemagne aug- mentera ses exportations de biens industriels. La sp ́ecialisation g ́en`ere un gain d’efficience, les facteurs de production se d ́eplac ̧ant des activit ́es peu efficaces vers les plus productives.

Mais, simultan ́ement, le TEC induit des d ́etournements de trafic : les pays membres sont incit ́es (pr ́ef ́erence communautaire) a` s’approvision- ner dans l’Union, mˆeme si des pays tiers sont plus performants. L’int ́e- gration ́economique ne favorise donc la croissance des pays membres que dans la mesure ou` les gains li ́es a` la cr ́eation de trafic sont sup ́erieurs aux pertes induites par les d ́etournements. Il est possible d’identifier des ́el ́ements maximisant les gains et r ́eduisant les pertes : par exemple un tarif initial ́elev ́e entre les pays membres et un TEC mod ́er ́e, une grande proximit ́e g ́eographique entre les pays membres et l’ ́eloignement des pays tiers, des demandes structurellement proches et des offres di- versifi ́ees, etc. Selon J. Meade, l’int ́egration ́economique europ ́eenne ́etait d’une mani`ere g ́en ́erale favorable a` la croissance des pays membres. Ef- fectivement, les six pays fondateurs connurent une croissance plus forte que celle de la Grande-Bretagne dans les ann ́ees 1960. A` long terme, la croissance forte des pays de l’Union explique son attractivit ́e et donc son ́elargissement.

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Cependant l’intensit ́e des ́echanges communautaires intra-branche in- cite a` rechercher d’autres explications a` la croissance des pays membres. Dans une logique smithienne, la croissance r ́esulte de la combinaison de trois effets : un effet de concurrence, un effet de dimension et un effet de diversification. March ́e commun et march ́e unique remettent en cause les rentes de situation que les firmes se sont construites sur leur mar- ch ́e domestique. La concurrence loyale les pousse a` r ́eduire leurs couˆts (concurrence par les prix) ou a` innover (concurrence qualit ́e). Les ef- fets de dimension r ́esultent des ́economies d’ ́echelle : sur des march ́es de concurrence oligopolistique ou monopolistique, les rendements sont en effet croissants avec la taille en raison de l’importance des couˆts fixes. L’ ́elargissement du march ́e favorise la concentration et r ́eduit les couˆts unitaires des entreprises ( ́economies d’ ́echelle internes). Mais les firmes b ́en ́eficient ́egalement d’ ́economies d’ ́echelle externes, li ́ees a` l’am ́eliora- tion des performances de leurs fournisseurs, a` la r ́eduction du couˆt des infrastructures et aux externalit ́es positives. Enfin, la croissance ne se r ́eduit pas a` la simple augmentation de la production ; elle est aussi sy- nonyme d’une production plus vari ́ee, r ́epondant ainsi aux sp ́ecificit ́es de la demande. La diversit ́e des besoins des consommateurs explique le d ́e- veloppement du commerce intra-branche et intra-produit. En combinant ces trois effets, l’int ́egration ́economique permet a` l’acheteur de disposer d’une offre moins couˆteuse et plus diversifi ́ee, r ́epondant mieux a` ses be- soins. L’arriv ́ee de nouveaux membres relance r ́eguli`erement la croissance en stimulant la concurrence et en ouvrant de nouveaux march ́es.

Si a` long terme le processus d’int ́egration ́economique exerce un effet positif sur la croissance, il induit cependant des couˆts transitoires qui ne doivent pas ˆetre n ́eglig ́es. L’ouverture des fronti`eres et la concurrence qu’elle instaure constituent des chocs auxquels les agents doivent s’adap- ter. Dans les ann ́ees 1960, les entreprises sont incit ́ees a` se restructurer et a` se concentrer dans un cadre national ; ́emergeront ainsi des « cham- pions nationaux », a` l’image de BSN, Peugeot SA en France, comp ́etitifs a` l’ ́echelle europ ́eenne, mais ́egalement sur le march ́e mondial. Paradoxa- lement, les firmes multinationales am ́ericaines s’implantent a` l’int ́erieur de l’Europe et deviennent les premi`eres firmes organis ́ees a` l’ ́echelle de l’Union (Ford, Opel, IBM, etc). Dans les ann ́ees 1980–1990, les concen- trations s’op`erent davantage a` l’ ́echelle europ ́eenne et l’Acte unique ́etend ces restructurations au secteur des services, en particulier a` la banque et aux assurances. La modernisation des entreprises et de l’appareil pro- ductif concourt a` la croissance mais entraˆıne ́egalement des fermetures et des d ́elocalisations. C’est dans

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