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Exposé : La fable des abeilles, différences et similitudes entre Smith et Mandeville

Par   •  16 Octobre 2017  •  2 487 Mots (10 Pages)  •  801 Vues

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doit choisir entre morale et frugalité, ou richesse et vices privés.

Dans la théorie des sentiments moraux => Smith reprend l’idée que la richesse des uns permet de donner du travail aux autres.

Il va plus loin que Mandeville => justification morale des inégalités

« L’estomac du riche n’est pas en proportion avec ses désirs, et il ne contient pas plus que celui du villageois grossier. Il est forcé de distribuer ce qu’il ne consomme pas [à ceux qui travaillent pour lui] ; et tous ceux qui satisfont à ses plaisirs et à son luxe, tirent de lui cette portion des choses nécessaires à la vie, qu’ils auraient en vain attendu de son humanité ou de sa justice. […] Ils [les riches] ne consomment guère plus que le pauvre ; et en dépit de leur avidité et de leur égoïsme (quoiqu’ils ne cherchent que leur intérêt, quoiqu’ils ne songent qu’à satisfaire leurs vains et insatiables désirs en employant des milliers de bras), ils partagent avec le dernier manœuvre le produit des travaux qu’ils font faire » (Smith, 1759, p. 211-212).

 On voit bien ici que Smith reprend la thèse principale de Mandeville : l’avidité, la recherche de la richesse, est peut être condamnable au niveau individuel, mais cela peut se transformer en bienfait pour la société => la richesse des uns est source de travail pour les autres.

 Il ajoute : « Une main invisible semble les forcer à concourir à la même distribution des choses nécessaires à la vie qui aurait eu lieu si la terre eût été donnée en égale portion à chacun de ses habitants ; et ainsi, sans en avoir l’intention, sans même le savoir, le riche sert l’intérêt social et la multiplication de l’espèce humaine » (ibid., p. 212).

 Il ne définit pas ce qu’est la main invisible, il n’explique pas le fonctionnement exact de ce processus de répartition. Smith explique que la répartition finale est identique à celle que l’on aurait obtenu si tout avait était distribué de manière égale entre tous els hommes. Du point de vue moral, les inégalités ne sont donc pas nécessairement néfastes, ce qui ne fait pas pour autant disparaître le problème du vice.

B) Critique de la Théorie de Mandeville : Smith et la Richesse des Nations

Si cet argumentaire est justifiable du point de vue morale, il est peu acceptable du point de vue économique => les raisonnements économiques développés par Smith doivent dépasser le simple cadre moral qu’il développe dans sa Théorie des Sentiments Moraux.

Richesse des Nations (1776) => Smith reprend la question des inégalités développée par Mandeville, mais propose une réponse économique.

Au début de la Richesse des Nations, il se demande comment il est possible qu’un pauvre dans un pays riche soit plus riche qu’un sauvage dans une société primitive où il n’y a ni propriétaire foncier, ni capitaliste pour prélever une partie du produit du travail des pauvres ?

Il fonde son explication sur la division du travail qui est un facteur d’augmentation de la richesse produite. En effet, selon Smith la division du travail permettrait d’atteindre l’opulence.

Mais il développe surtout une théorie de l’accumulation du capital, de l’avidité opposée à celle de Mandeville. En effet, l’avidité pour Mandeville n’est pas une fin en soi, elle permet seulement de financer des achats somptuaires. De plus, dans ce cadre, elle est limitée par ces achats répondant à l’avidité.

Smith développe la thèse inverse, il fait de l’avidité, qu’il appelle désir d’enrichissement, une fin en soi. Cela va rendre le processus d’enrichissement illimité. Dans cette vision, la notion de capital devient primordiale en ce que l’augmentation des stocks de capital demande une augmentation constante de l’accumulation de richesse.

 le capital suppose l’épargne, l’abstinence et la parcimonie, comportements inverses à ceux développés par Mandeville : dépense, consommation…

Smith fonde sa théorie de la valeur d’échange sur le travail, alors que Mandeville semble fonder la valeur d’échange sur la convoitise, le désir provoqué par la possibilité d’obtenir un bien. Il dit :

« La valeur d’une denrée quelconque pour celui qui la possède et qui n’entend pas en user ou la consommer lui-même, mais qui a l’intention de l’échanger pour autre chose, est égale à la quantité de travail que cette denrée le met en état d’acheter ou de commander » [Ibid., p.100]

Il conclut alors que « le travail est donc la mesure réelle de la valeur échangeable de toute marchandise ».

Smith ne veut pas d’évaluation de la valeur en monnaie car la valeur de la monnaie, comme celle d’un bien, est variable : « l’or et l’argent, comme toute autre marchandise, varient dans leur valeur » [Ibid., p. 101].

Il explique alors que chaque individu doit travailler pour se procurer les produits dont il a besoin : « quelle que soit la quantité de denrées qu’il reçoive en récompense de son travail, le prix qu’il paye est toujours le même ». Mais, si une quantité de travail permet d’acheter une quantité variable de denrées, alors c’est la valeur des denrées qui varient et non celle du travail. Comme les dépenses occasionnées par l’activité de production sont indépendantes du fait que les produits soient plus ou moins recherchés, Smith considère que le travail nécessaire pour produire une marchandise reste le même quelque soit le prix de cette marchandise. Il fait donc du travail, qui ne varie jamais dans sa valeur propre, la seule mesure efficace pour mesurer la valeur de toutes les marchandises.

Conclusion :

Dans une première partie, nous avons présenté l’intérêt économique de la Fable des Abeilles. Nous avons notamment insisté sur le fait que, selon Mandeville, les vices individuels contribuent au bien-être de la société. Puis nous avons exposé les points communs et les différences entre les thèses de Mandeville et celles de Smith. Nous avons notamment montré que la plus grande différence entre Mandeville et Smith tient à la théorie valeur-travail développée par Smith.

Il est important de souligner que les thèses de Mandeville constituent un véritable tournant dans la pensée économique. Elles auront beaucoup d’influence sur de nombreux économiste, notamment Smith ou J. –M Keynes, qui fait l’éloge de Mandeville dans l’appendice

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