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Philosophie: la souffrance.

Par   •  23 Juin 2018  •  1 642 Mots (7 Pages)  •  1 749 Vues

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-De plus, on peut dire l’animal connaît la douleur, mais a priori il ne connaîtra jamais la souffrance, car c’est prêter à l’animal une psychologie humaine. La douleur est un état ponctuel, vide de sens, et la souffrance et une expérience personnelle riche d’implications éthiques, métaphysiques, religieuses.

-la souffrance semble donc résolument humaine

-mais la souffrance relève-t-elle réellement d’une conception dualiste ?

- la souffrance nous prend tout entier, corps et âme, et comme elle abolit la frontière métaphysique de la réalité et de l’apparence, la souffrance ignore la frontière ontologique (=qui porte sur l’être, métaphysique) qui sépare la matière de l’esprit : conception moniste.

-la conception dualiste n’a pas lieu d’être car elle réduit le corps à l’organisme et l’esprit à l’abstraction. Or quand mon corps souffre, je souffre aussi, je ne suis pas simple spectateur de cette souffrance. Donc la souffrance ne serait pas possible si le corps et l’âme étaient deux entités autonomes, distinctes.

-c’est pourquoi la souffrance n’abolit pas l’opposition corps/âme, elle est cette opposition elle-même portée au degré le plus haut d’irrésolution. C’est le dedans et le dehors, la présence intérieure d’une extériorité intense. Donc la souffrance vérifie la conception moniste et dualiste en même temps, si l’on peut dire.

-la souffrance est aussi humaine qu’elle est entière

III. La souffrance est-elle un état complètement subi ?

-le propre de la souffrance est d’être subie et de s’imposer à l’individu comme une nature étrangère à son essence propre. La souffrance n’est pas seulement une défaillance passagère, c’est la plus grande impuissance.

-souffrance = impossibilité même du consentement, pur refus de soi. Et ce refus ne dépend pas d’une décision arbitraire : c’est d’un même mouvement que la souffrance s’éprouve et se réprouve

-c’est pourquoi il est vain d’y voir, comme Nietzsche, du ressentiment car c’est la vie elle-même qui se refuse et nous repousse.

-lorsqu’un homme souffre, il n’y a pas une souffrance dans le monde -en réalité le nombre n’y fait rien- mais un monde de souffrances, à chaque fois. La souffrance n’est ainsi pas juste l’absence du plaisir, elle a un principe et une existence propre. Et sa seule mesure est l’absence de mesure

-la relation avec soi semble altérée, et même avec les autres car la souffrance ne peut pas se partager, elle rend solitaire, elle coupe des autres, du monde, pour nous accaparer toute entière

-la souffrance ne nous prive pas d’être ceci ou cela, mais d’être tout simplement. La souffrance suspend le temps, elle immobilise absolument le présent.

-on peut prendre l’exemple de la mélancolie : Binswanger (psychiatre suisse) en dit que l’existence paraît tourner sans fin autour d’elle-même, sans aucune perspective d’échéance offerte.

-et c’est d’ailleurs en ceci que la souffrance se distingue de l’angoisse : elle ne fuit pas la mort. Au contraire : en Enfer, l’homme qui souffre, c’est la damnation éternelle, il n’attend qu’une chose : la mort, c’est l’ultime échéance.

-la souffrance peut ainsi être considérée comme le point où le temps et l’éternité se touchent : c’est l’insupportable, mais inexpiable, attachement de la vie à elle-même. Il y a là ainsi une sorte de passivité absolue à souffrir.

-souffrir c’est finalement toujours « endurer, c’est-à-dire persévérer dans le désir d’être et l’effort d’existence en dépit de ». (Ricœur)

-d’ailleurs : souffrance vient du latin « sufferentia » = action de supporter ; a le sens de patience jusqu’à la fin du XIIème siècle

-donc la souffrance serait la diminution de la puissance d’agir (impuissance à dire, à faire, à raconter, à s’estimer soi-même)

CONCLUSION

-pour finir, même s’il semble trivial de le dire ainsi : souffrir c’est pâtir, c’est un état douloureux qui affecte totalement une personne, qui lorsqu’il surgit prend toute la place, et la prive de sa capacité d’agir, et altère même sa relation avec soi

-nous pourrions pousser la réflexion plus loin, en nous demandant si la souffrance est un moyen d’accéder à la connaissance ? Car la souffrance questionne, demande une justification. Par ailleurs, la souffrance vécue dans toute expérience semble être un salut, mais seulement quand on est parvenu à la quitter. L’apprentissage est douloureux car il marque au fer rouge la personne humaine, sa personnalité. La souffrance peut ainsi devenir un critère, permettant de se connaître. La souffrance est aussi salvatrice parce qu’elle est obligeante : c’est pour s’être déjà brûlé, que l’on va éviter à l’avenir tout danger similaire. On peut considérer la souffrance comme une sorte d’expérience positive, et en tirer des enseignements.

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