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Exposé Godefroy Dolto

Par   •  25 Juin 2018  •  3 840 Mots (16 Pages)  •  641 Vues

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On pourrait objecter que le patient présenté n'est pas un enfant, mais un adolescent. Ce serait méconnaître l'adage psychanalytique selon lequel l'enfant, c'est-à-dire le passé, reste actuel dans le présent.

3. BETTELHEIM (B.), Psychanalyse des contes de fées, « La Reine des Abeilles », p .123 4. Ibid., « Les Trois Plumes », p. 164

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II. Le cas Paul. Anamnèse, sémiologie et trauma

Anamnèse

La psychanalyste en vient donc à la clinique, pan à ses yeux essentiel dans le développement de la psychanalyse5. Nous avons décidé, pour des raisons de clarté, de recomposer quelque peu l'ordre du texte, car les informations anamnestiques et sémiologiques sont éparses, puisqu'elles suivent le mouvement souple arbitraire de l'entretien clinique. La clinique est divisée en deux phases : une première où l'adolescent est hospitalisé pendant dix jours, puis une deuxième où il est de nouveau hospitalisé après être retourné chez lui pendant trois semaines. Paul a 14 ans, est qualifié de « malingre et arriéré, de niveau mental et d'aspect physique de 9 ans environs ». L'environnement familial de Paul est le suivant : il a une sœur plus jeune de deux ans, décrite comme méchante et qui semble être l'objet de la préférence de la mère (« maman ne la bat jamais »). Sa mère est froide, indifférente voire hostile, en surpoids et alcoolique. Elle battrait son fils qui aurait eu des « marques de coups ». Le père, ancien infirmier, souffrirait de problèmes cardiaques pour lesquels il a été réformé pendant la guerre (il s'évanouissait à la vue du sang). Les remarques de la mère laissent supposer qu'il y est assez soumis : « C'est son coeur, mais il est si bête qu'il se laisse renvoyer par le docteur » (sic). L'origine de la venue de Paul est une « angoisse de mort telle qu'on avait porté le diagnostic de méningite grave » se traduisant sémiologiquement par une « dyspnée alarmante, de l'obnubilation qui l'accompagnait, de la raideur, du faciès douloureux ». Pendant les premiers jours de l'hospitalisation, Paul souffre de troubles alimentaires se traduisant par un refus de manger accompagné d'idées paranoïdes (il pense qu'on cherche à l'empoisonner). Paul exprime aussi une souffrance due à l'absence de sa mère et un sentiment de culpabilité en raison de ce qu'il coûte à celle-ci.

Première hospitalisation

Dolto relève un débit haché par une suffocation continue, causée par pithiatisme6. Deux évènements seraient à l'origine de l'état de Paul. Le premier évènement est une justification émise par le patient de son débit respiratoire : « il avait dû recevoir un jour un caillou lancé par un grand » ajoutant que « c'était un dimanche ». Dolto demande à Paul ce qui avait été les motifs de l'agresseur. L'adolescent souligne simplement un flou temporel relatif – il affiche une certaine assurance à propos du jour de la semaine - et ne certifie pas que l'évènement a réellement eu lieu : «il y avait longtemps, et il n'était pas sûr d'avoir été touché par une pierre, pourtant c'était un dimanche ». Le grand était un adolescent du même âge (14 ans), déjà mûr physiquement, qui prenait des cours de mécanicien dans le domaine de l'aviation à Orly avec Paul. Dans quelques semaines, tous les élèves devaient voler « pour de bon ». Cette perspective plonge le patient dans un état d'anxiété intense. Il veut seulement « jouer » aux avions, pas en piloter un. Le jeune homme évoque un sentiment de culpabilité engendré

5. On peut également retrouver cette forte valorisation de la clinique dans les ouvrages de Winnicott, pédiatre de formation lui aussi. 6. Le pithiatisme est un ensemble de troubles non organiques que l’on peut reproduire ou faire disparaître par suggestion. Le pithiatisme est considéré comme partie intégrante de l’hystérie.

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par la mère qui payait 6 francs pour le cours, ce qu'elle ne manquait pas, entre autres, de lui rappeler. Un deuxième évènement, beaucoup plus récent et limpide, est apporté par Paul : « il avait vu, près du camp d'aviation à Orly, un avion s'écraser sur un poteau télégraphique et le poteau être déraciné » le matin avant d'être hospitalisé. Ces derniers mots sont dits avec une grande difficulté respiratoire. Dolto intervient et propose son interprétation à Paul : « C'est depuis ce moment-là, peut-être, que tu respires comme tu le fais. Tu as eu peur pour le poteau. Tu ne savais pas que les poteaux ne tenaient pas plus que cela dans la terre. » Il existerait donc un rapport de causalité entre les difficultés respiratoires et la perception visuelle du poteau déraciné, causation que Dolto explicitera plus loin dans ce texte. En entendant cette analyse, la dyspnée de l'adolescent se serait arrêtée 7. Paul recompose plus précisément la scène : les soldats de l'avion avaient été tués sur le coup, et « l'avion aurait pu tuer ses amis, des réfugiés espagnols qui étaient venus pour n'être pas tués par la guerre dans leur pays ». Au bout de dix jours d'hospitalisation, l'état de Paul s'améliore : il reprend l'appétit, est plutôt discipliné, souriant, et dort mieux. Dolto a proposé un suivi, mais les parents n'y donnèrent pas suite.

Deuxième hospitalisation

La deuxième hospitalisation se fait sous le signe d'une angoisse de mort prégnante et d'une mésalliance thérapeutique. Le jeune homme est réhospitalisé après avoir passé trois semaines à son domicile. Il ne dort plus depuis quelques jours par peur de mourir, « car il fallait tout le temps qu'il fût sûr des battements de son coeur ». Dolto relate une forte anxiété chez Paul et un attachement exacerbé à sa mère, qu'il ne « voulait pas lâcher ». Lorsqu'il la lâche, il prend son pouls. L'alliance thérapeutique est par ailleurs mise à mal par la mère qui ne ramène pas l'enfant régulièrement comme convenu et qui entreprend, en parallèle, des visites avec d'autres médecins niant l'état pathologique dans lequel le jeune homme se trouve. La marâtre va même jusqu'à insulter Dolto et lui signifier qu'elle ne

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