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Psychoses et érotomanie

Par   •  20 Septembre 2018  •  2 948 Mots (12 Pages)  •  376 Vues

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le patient (retour de projection).

Tout comme la psychose regroupe en fait plusieurs psychoses, la paranoïa regroupe aussi plusieurs catégories de troubles ayant toutes des caractéristiques propres à la paranoïa ainsi que des caractéristiques qui nous permettent de les différencier les unes des autres. Trois types de délires paranoïaques se distinguent : les délires d’interprétation systématisés, les délires de relation des sensitifs et les délires passionnels. Je porterai ici mon intérêt sur les délires passionnels, et plus spécifiquement sur le délire érotomaniaque.

c) Les délires passionnels et l’érotomanie :

Les délires passionnels, dont on doit le nom a de Clérambault, sont des « délires paranoïaques systématisés » qui regroupent différentes catégories d’états délirants chroniques se manifestant généralement de manière brutale, par une intuition délirante surgissant brusquement dans l’esprit du sujet. Cette interprétation délirante peut être définie comme étant un « raisonnement faux ayant pour point de départ une sensation réelle, prenant une signification personnelle pour le malade, invinciblement porté à tout rapporter à lui » (Sérieux & Capgras, 1909). Dans la plupart des cas, le patient participe à son délire de façon affective et émotionnelle pouvant entraîner de lourdes conséquences dans son entourage mais également dans l’entourage de l’objet (idéalisé ou persécuteur) : le patient peut par exemple se montrer violent envers l’objet persécuteur ou envers les personnes cherchant à nuire à l’objet idéalisé ou bien encore il peut tenter de se suicider.

Ces catégories de délires ne se manifestent pas dans l’ensemble de la vie psychique du sujet : ils ne concernent qu’une partie de la réalité et sont uniquement centrés sur l’objet et sur le thème du délire en question. Pour le reste la vie psychique du sujet reste inchangée et se comporte de manière normale et habituelle, il peut donc ainsi être long de se rendre compte que la personne est atteinte de paranoïa. Parmi ces troubles on distingue : le délire de revendication (les sujets cherchent souvent soit à obtenir la reconnaissance de la société soit à effectuer une quantité exagérante de procédures judiciaires ou encore à transmettre des convictions politiques, religieuses etc.) ; le délire de jalousie et le délire de l’érotomanie.

Je développerai plus particulièrement le délire érotomaniaque, traduit par une illusion délirante d’être aimé et qui se constitue de trois phases fondamentales : l’espoir, le dépit et la rancune. Le sujet érotomaniaque est persuadé d’être aimé par l’Objet et que c’est lui qui a aimé le premier et qui aime le plus, l’Objet étant généralement d’un rang social élevé. Le patient se crée alors une réalité dans laquelle il pense communiquer avec l’Objet aimé et a l’illusion d’être aimé et parfois même de vivre une relation avec lui alors qu’il n’en est rien. L’Objet peut devenir persécuteur lorsque le sujet se rend compte qu’il ne reçoit pas ce qu’il attend de l’Objet, ces moments ou l’Objet est perçu comme persécuteur peuvent conduire à des passages à l’acte de la part du sujet malade.

II. Etude de cas cliniques :

a) Analyse du film « A la folie pas du tout » de Laetitia Colombani :

Je me propose maintenant de faire une analyse du film « A la folie pas du tout » et plus particulièrement une analyse du comportement du personnage principal qui présente de nombreuses caractéristiques, de nombreux symptômes, cités dans la première partie de ce travail.

Ce film est réalisé autour de l’histoire de la vie d’une jeune femme, Angélique, étudiante en art qui mène une vie tout à fait normale, mis à part l’histoire d’amour qu’elle croit vivre avec un cardiologue de renom, Loïc, qui rend sa vie extraordinaire au début de l’œuvre cinématographique. Au fur et à mesure de l’histoire, nous nous rendons compte que Loïc est un homme marié et que sa femme attend un enfant : le cardiologue ne connaît en fait que très peu Angélique qui n’est pour lui que sa voisine. La jeune étudiante tombe folle amoureuse de lui et est convaincue que cet amour est réciproque mais en réalité il ne l’a rencontrée qu’une seule fois, lors d’un gala, et ne savais pas qui elle était et n’est absolument pas amoureux d’elle. Angélique va alors progressivement se crée sa propre réalité dans laquelle elle vit un amour passionnel et illusionnel avec le cardiologue et est intimement persuadée qu’il va quitter sa femme pour passer le reste de sa vie avec elle.

Je vais donc maintenant m’attarder plus particulièrement sur le comportement de la jeune femme et sur les diverses caractéristiques de son délire ainsi que les phases qui le structurent.

Premièrement on retrouve la première phase de l’érotomanie évoquée plus tôt : l’espoir. En effet, la jeune étudiante, folle amoureuse de cet homme alors que ne lui porte qu’une faible attention étant donné qu’il la connaît peu, interprète ce manque d’attention comme étant au contraire une preuve d’amour de sa part. Son monde n’est qu’illusion et Angélique accentue et exagère toutes les courtes interactions avec son voisin et voit des invitations de sa part de partout : par exemple, après avoir reçu des publicités sur Florence dans sa boîte aux lettres, elle croit que Loïc l’invite à partir en Italie avec lui et achète donc des billets d’avion pour lui offrir, elle lui envoie des lettres et lui offre des cadeaux sans cesse, elle s’achète même une robe de mariée… Ces actes sont complètement démesurés alors que Loïc ne se doute pas une seconde que tous ces cadeaux proviennent de sa voisine. Elle se nourrit d’interprétations délirantes et pense vivre une relation parfaite avec son voisin.

Peu à peu l’étudiante commence à percevoir l’indifférence du médecin, ce qui nous amène à la seconde phase : le dépit. Lorsqu’Angélique comprend que Loïc ne viendra pas à l’aéroport le jour du départ pour le voyage qu’elle a organisé à Florence, l’étudiante commence à devenir agressive, elle déchire la robe de mariée qu’elle s’était achetée, elle détruit son séjour et tous les objets qui lui font penser à lui et se met à peindre avec de grands coups de pinceau violents. Ses amis ne la reconnaissent plus et commencent à s’inquiéter pour elle, elle est prise de violentes sautes d’humeur et devient très agressive et furieuse mais continue

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