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Origine et évolution de l'agressivité chez l'enfant

Par   •  21 Juin 2018  •  1 864 Mots (8 Pages)  •  556 Vues

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« L’enfant entre, à l’âge de 2 à 3 ans, dans une phase d’excitation sexuelle dirigée vers le parent de sexe opposé et il estime qu’une rivalité en découle à l’égard du parent de même sexe. »[6]

Jean Bergeret pour élargir ce sentiment à la dimension matricide parle d’ « actions parricides ». Ce crime imaginaire de la petite enfance susciterait une vive culpabilité inconsciente, et donc un certain mal-être de l’enfant. Pour se soulager de cette angoisse, et de cette tension interne accumulée, l’enfant provoquerait par son attitude une punition, afin d’être quitte de sa faute. Cette punition infligée par ses parents serait moins difficile à supporter que le châtiment redouté du côté de l’inconscient.

On peut aussi émettre l’hypothèse en s’appuyant sur les travaux de Bowlby que les enfants victimes de carences précoces, n’ayant pas pu bénéficier d’un apport affectif et éducatif suffisant, se construiraient un Moi et un Surmoi fragiles. Du fait de la faiblesse de son Moi, l’enfant aurait donc des difficultés à trouver des compromis entre ses pulsions instinctives trop intenses, pouvant être contradictoires, et les exigences extérieures. Il réagirait, en dernier recours, par la violence, ce qui se traduirait par une « une pulsion d’emprise sur l’objet en réponse aux vécus menaçants dont le sujet s’estime lui-même la cible ».[7] En fait, il opposerait une violence agie pour contrer la violence de ses instincts qui serait ainsi refoulée. Dans ce cas, toute notion de culpabilité semble être évincée. De plus, le Surmoi étant insuffisant du fait du manque d’apprentissages éducatifs, l’enfant se trouverait alors incapable d’intégrer, d’intérioriser les règles, les interdits pour s’adapter aux règles morales et aux exigences sociales. Les interdictions venant du monde extérieur, n’étant pas comprises, elles deviennent intolérables à l’enfant. Ainsi, si l’enfant, du fait de ce malentendu, vit l’interdiction parentale ou autre, comme une répression trop brutale, une réaction agressive peut survenir pour répondre aux « désirs primitifs présents chez chaque individu de supprimer tous ceux qui s’opposent »[8]. Dans ce cas, l’agressivité aurait une dimension réactionnelle qui pourrait, éventuellement, contenir une certaine satisfaction dans le fait de voir souffrir l’autre.

Cette conduite agressive pourrait survenir également chez un enfant qui aurait subi une perte brutale de quelque chose de bon à son sens. Son agressivité agirait pour combler, de façon inconsciente, un manque et servirait à reprendre quelque chose qui, selon lui, lui serait due, et qui lui aurait été refusée. Plus grand, lorsqu’il a accès au langage, l’enfant peut répondre de façon directe et agressive à l’adulte s’il se sent blessé, si un événement a réveillé sa colère. Ce reproche exprimé sera la marque d’un désaccord, mais peut être aussi le signal d’un sentiment d’impuissance ou d’injustice.

L’évolution de l’agressivité est difficile à prévoir et dépend de nombreux facteurs, personnels et environnementaux. Mais, il semble important de trouver des « dérivatifs » afin d’éviter les passages à l’acte agressifs. En effet, une agressivité agie, mais qui est plus ou moins assumée et qui n’a pas trouvé d’exutoire « normal », peut finir pas s’assouvir sous la forme de violences gratuites. Il faudrait que l’enfant puisse extérioriser ses conflits internes sans que cela ne nuise à autrui et qu’il parvienne à réaliser ses tendances à travers des activités, des jeux. Le langage peut être un moyen efficace aussi pour évacuer un sentiment de discorde, pour symboliser son agressivité. L’entourage pourrait « autoriser une certaine agressivité ludique et affective afin que l’angoisse interne puisse être liquidée par ces pulsions agressives. »[9]. Seul un accompagnement de l’enfant permettrait que ces tendances agressives soient sublimées et mises au service d’une activité constructive, créative. La sublimation permettrait en effet, que « les énergies instinctives (soient) dépouillées de leur sauvagerie primitive, mais laissées libres, de sorte qu’elles collaborent avec le Moi et le nourrissent de leurs forces. »[10]

L’élaboration des fantasmes permettrait un certain dénouement des conflits internes et aideraient l’enfant à distinguer sa réalité psychique de la réalité extérieure ; l’enfant serait ainsi mieux à même de faire face à ses peurs, mieux armer pour canaliser ses angoisses et avoir une meilleure maîtrise de son Moi, de ses affects. L’enfant doit « apprendre à gérer et à aimer son agressivité ».[11]

Les pulsions agressives doivent pouvoir trouver une issue permise et il ne s’agit pas d’être coercitif. En effet, un refoulement excessif par l’enfant de ses tendances agressives risquerait d’entraîner la constitution d’un Surmoi trop sévère qui obligerait le Moi à inhiber les pulsions. L’élan pulsionnel se verrait bloqué et l’enfant en grandissant pourrait présenter une obéissance, une soumission extrême, ou une rigidité inadaptée à la réalité extérieure.

Le sujet « incompris » pourrait également procéder au retournement contre soi de ses tendances agressives, car malgré le refoulement apparent, le caractère des pulsions interdites peut demeurer enfoui.

Il semble essentiel de pouvoir apprivoiser cette agressivité, sans pour autant l’annihiler, afin que ces attitudes ne deviennent pas une tendance en soi, que l’enfant n’en arrive pas à en tirer une certaine volupté, un plaisir de faire souffrir l’autre. Les personnes qui entourent l’enfant, par leur présence attentive et compréhensive, doivent parvenir à lui montrer les justes limites de son agressivité ; qu’elle ne devienne ni gratuite ni répétitive ou systématique, ni intentionnelle et qu’elle n’entraîne pas de perturbations graves.

« Il s’agit de rassurer l’enfant en lui montrant qu’on peut accepter son agressivité, qu’on peut l’entendre mais, qu’à aucun prix, l’adulte ne se laissera déborder ou dominer par les pulsions agressives de l’enfant. »[12]

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