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Violences paysannes

Par   •  19 Novembre 2018  •  2 149 Mots (9 Pages)  •  434 Vues

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Le point faible de son analyse réside peut-être dans le fait de faire des conclusions hâtives sur des simples observations. Elle aborde l'évolution plus ou moins importante des actions et ensuite conclue si les paysans sont plus ou moins violents. Même si les conclusions tirées des observations sont bonnes, on voit très bien que les différentes observations l'amènent à faire des conclusions qui se contredisent les unes les autres. On obtient parfois une diminution de la violence au cours du temps, puis l'inverse. D'un côté, cela peut affaiblir ses arguments car on ne comprend pas son objectif, mais de l'autre, cela lui permet d'avoir plus de recul pour approfondir son argumentaire.

Le point fort de son raisonnement réside dans sa deuxième partie. Elle se repositionne dans le contexte, prend deux exemples très significatifs et détaillés (conflit de 1961 et les conflits de 1983/1984 avec toutes les actions réalisées pendant ces conflits) qui lui permettent ainsi d'appuyer ses propos, et de tirer de bonnes conclusions. L'association entre les arguments et les exemples utilisés permettent ainsi d'éviter toute antithèse avec ce qu'elle propose. Cette deuxième partie est donc sans aucun doute le point fort de son article.

L'article aborde donc les violences paysannes au XXe siècle. Il faut donc se replacer dans le contexte des violences politiques au sein même de ce siècle. L'auteure se positionne ainsi en tant qu'analyste, se contente d'exposer son argumentaire en s'appuyant sur des observations de ce siècle et essaie ainsi de garder le plus d'objectivité possible. Cependant, nous ne savons pas vraiment pourquoi la violence paysanne intervient au cours de son siècle, quelles sont les raisons de cette violence mais également les conséquences de cette violence dans un plus grand contexte. L'avantage de la méthode de l'auteure permet d'étudier plus précisément les violences paysannes et si, comme toutes les autres violences, elles peuvent tendre à la modération. Mais tout ce qui entoure ces contestations paysannes ne sont pas évoquées dans cet article, ni des autres violences paysannes en France.

Nathalie Duclos n'aborde pas clairement le contexte de ces violences paysannes. Bernard BRUNETEAU dans « De la violence paysanne à l’organisation agricole. Les manifestations de juin 1961 en pays bigouden », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, tome 100, n°2, 1993, pp. 217-232, nous expose une période clé de l'agriculture française à savoir sa modernisation par l'arrivée de nouveaux outils. On peut parler de période post-modernisation pour une grande partie de la France à cette époque, pourtant en Bretagne et plus précisément dans le Finistère la modernisation est un phénomène récent. Le grand nombre d'agriculteurs dans cette zone engendre des volumes de production beaucoup trop important pour le marché proposé. Ainsi les producteurs se voient contraint de jeter le fruit de leur travail alors que cette croissance leur a été demandé par l'état soit le pouvoir gaulliste en place à l'époque. L'évolution des violences paysannes au XXe siècle est donc en lien avec cette modernisation qui a fait chuter le nombre d'exploitant et bouleverser les méthodes prévisionnelles de production des agriculteurs en Bretagne.

De plus, Charles TILLY dans « Les origines du répertoire de l'action collective contemporaine en France et en Grande-Bretagne. », Revue d'histoire - Année 1984 – Vol. 4 - Numéro 1 - Pages 89-108, permet une analyse plus élargie. Il explique que les différents conflits observés au cours des siècles ne peuvent pas constituer un échantillon représentatif, tout comme les exemples de Nathalie Duclos. Pour cela, il va constituer ce qu'on appelle "un répertoire global" des actions menées pour 3 générations, puisqu'en effet, chaque groupe social ne se mobilise pas de la même façon. Les groupes mobilisés ont accès à un champ limité d'actions et piochent dans des "répertoires" pour former leurs "jeux contestataires". Ainsi, il explique que les sociétés utilisaient, au départ, un répertoire paternaliste (première génération, 19ème siècle) où des actions sont localisées violentes, instrumentales et de courte durée. Puis, la 2ème génération (20ème siècle) se caractérise par des actions nationales adressées à l'Etat, qui sont plus pacifiques, avec des manifestations et des grèves. Enfin, dans les années 1980 (3ème génération) les actions sont internationales, plus symboliques avec une montée des logiques d'expertises. Ici, nous n'avons pas d'arguments pour savoir si la violence paysanne tend vers une modération mais plutôt une vision plus large sur les différentes actions menées durant les siècles, analyse qui manque au texte de Nathalie Duclos. L'auteur va en en effet tenter d'expliquer et comprendre les différents mouvements, sans dégager le "bien" du "mal".

Nathalie Duclos va en effet tenter de distinguer le bien du mal, quelles actions sont trop violentes, lesquelles ne le sont pas... Or, le fait de comprendre et analyser pourquoi ces actions sont menées, comment les groupes sociaux fonctionnent sont des pistes essentielles à aborder.

Enfin, Philippe BRAUD dans « La violence politique : repères et problèmes », Cultures & Conflits, printemps-été 1993, explique que la violence politique est un mode d'affirmation politique. En effet, les groupes sociaux peuvent se construire une identité et exhiber leurs puissances au sein de la société. Cette violence est également générale : elle ne s'applique pas qu'aux paysans, c'est une généralité, et apparaît comme une exigence de fonctionnement des sociétés contemporaines. L'auteur explique ainsi que cette violence s'est marginalisée et que le recours à cette violence est dans les normes. Un autre raisonnement est proposé ici, celui de ne pas étudier si telle ou telle violence est "raisonnable", mais de comprendre les problèmes, les raisons de cette violence dans un plus grand contexte.

Pour conclure, l'article de Nathalie Duclos présente une analyse fine et objective pour comprendre que les violences paysannes du XXème siècle tendent vers une modération. En effet, son article présente une thèse explicite et bien argumentée, appuyée d'exemples concrets et détaillés. Le point faible de sa thèse réside essentiellement dans le fait de conclure hâtivement, ou de vouloir distinguer le bien du mal dans les différentes actions réalisées par les paysans. Cependant,

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