Tocqueville et le monde moderne, La démocratie en Amérique, Tome 2, ed. Bouquins.

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Dans le monde moderne subsistent de grandes ambitions, même si la majorité se replie sur de petites ambitions. Malgré cela, Tocqueville caractérise ce mouvement comme providentiel. Il est pour lui inutile de vouloir revenir en arrière. En revanche, la cause de la liberté n'est pas gagnée, ni garantie. Elle peut être menacée par la résurgence du phénomène révolutionnaire.

Pour Tocqueville, les hommes font l'Histoire. Dans son livre, il y a peu de noms propres ; ce sont les hommes qui sont à la base de l'Histoire. Il a tendance à parler en terme peu concrets et à oublier certains acteurs importants.

Pour Tocqueville, l'égalité est une conception : il existe toujours de nombreuses inégalités.

Section 3 : Tocqueville interprète du monde moderne libéral.

Tocqueville peut ne pas avoir bien compris le mouvement révolutionnaire. Il est un guide incomparable pour comprendre une partie du monde moderne, mais pas tout le monde moderne. L'idée moderne doit aussi prendre en compte les totalitarismes. Tocqueville met de côté le monde moderne totalitaire pour garder le versant libéral du monde moderne.

Mais si le monde moderne a donné naissance aux totalitarismes, quelque chose est pourri dans ce monde moderne. On ne peut vanter ce monde sans fin. Aujourd'hui, le monde moderne est présenté élogieusement sans pouvoir en douter.

Nous nous intéresserons donc au versant libéral du monde moderne et laisser de côté le versant des totalitarismes.

La tonalité finale est celle-ci : le risque révolutionnaire tend à s'effacer au sein de la société démocratique.

Un chapitre de Tocqueville pose la question : pourquoi la révolution deviendra rare ? Car les hommes sont paisibles et recherchent des petits plaisirs, pas pour changer la société. L'idée révolutionnaire est soluble dans l'esprit démocratique.

Il décrit une démocratie paisible où règne l'individualisme, société tranquille mais énervée où l'esprit d'égalité et les ambitions matérielles énervent les âmes mais n'excitent pas de grandes passions politiques. Fin des perspectives révolutionnaires. Cette société paisible est la notre, mais pas celle du XIXème siècle où subsistait l'esprit révolutionnaire (révolution de 1848). Les Souvenirs, Tocqueville. Dans ce livre règne un sentiment de désespoir. Le rêve de Tocqueville est d’amarrer la France à un régime libéral stable. Au XXème siècle, la révolution bolchevique construit sur les ruines de la société aristocratique un modèle de démocratie.

Section 4 :

Qu'est-ce qui a échappé à Tocqueville ?

Quel est l'élément commun entre révolution française et révolution bolchevique ?

RF est d'un caractère totalement neuf, nouveau dans l'histoire. Elle relève d'une dynamique commune, et rompt avec la société aristocratique. Se greffe sur elle une révolution idéologique. La révolution bolchevique souhaite instaurer la société parfaite dans l'idéal démocratique. Doctrine politique qui divise le monde entre bons et méchants, la suppression des méchants va donc permettre de créer la société idéale. Idéologie radicale.

Chapitre II

La Révolution démocratique

Section 1 : la démocratie comme état social

Au début du premier volume de démocratie en Amérique (1840) Tocqueville annonce son projet.

« Ce livre ne se met à la place de personne. En l'écrivant je n'ai vu combattre aucun parti. » Il revendique son projet qui n'est à la suite de personne. Il s'agit de penser l'Histoire et l'avènement d'un nouvel état social démocratique. Il se dit citoyen français mais il voit plus loin que les partis. Ce qui est en jeu : l'avenir politique de la France et l'avenir de l'humanité, car l'homme est transformé par la démocratie.

« Qu'on le relise, cet ouvrage, on trouvera à chaque page un avertissement solennel. L'humanité change de condition et que de nouvelles destinées s'approchent ».

L'idée mère est celle d'une grande révolution démocratique qui se continue dans tout l'univers chrétien. « le développement graduel de l'égalité des conditions est un fait providentiel, […] il est universel, il est durable, il échappe chaque jour à a présence humaine, tous les événements comme tous les hommes ont contribué à son développement ». La référence à la providence est tactique. Tocqueville était agnostique, dans son milieu catholique de l'aristocratie de la Restauration. Il est resté tourmenté sur le plan religieux.

A ses amis conservateurs, il disait que leur volonté de revenir à l'ancien régime était irréaliste, l'aristocratie définissant l'homme par la naissance.

En France, l'effet de ce nouvel ordre marque l'abolition de l'aristocratie. L'ancien régime est mort car la vieille société est morte. Tocqueville ajoute qu'il faut une science politique nouvelle dans ce monde nouveau. Il dit qu'il existe un cas particulier : « un pays où la grande révolution sociale semble avoir à peu près atteint ses limites naturelles » : les États Unis. Tocqueville part aux USA pour voir les effets de cette révolution démocratique sur ce pays en avance sur la vieille Europe.

La démocratie pour Tocqueville est un état social plus qu'un régime. C'est un état de civilisation. Il utilise un concept politique pour expliquer un concept méta-politique. Dans la vision de Tocqueville il y a toujours une dichotomie entre société démocratique et société aristocratique. Il y a un développement graduel de l'égalité des conditions. Pour Tocqueville, les grecs, les romains etc... étaient dans un monde aristocratique. L'aristocratie apparaît comme négative. Cette notion méta-politique concerne avant tout les rapports entre les hommes et le monde.

La polarité de ces deux états est si forte chez Tocqueville que vivre dans l'un ou dans l'autre semble totalement opposé. Deux humanités distinctes dont chacune à ses avantages et ses désavantages. En quel sens ces deux humanités sont-elles distinctes ? Quelle

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