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L'élection est-elle démocratique?

Par   •  6 Juin 2018  •  2 273 Mots (10 Pages)  •  366 Vues

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Bernard Manin, dans Principes du gouvernement représentatif identifie un véritable « triomphe de l'élection » dans nos sociétés modernes. Il identifie les quatre grands principes du gouvernement représentatif : premièrement, la légitimation du pouvoir représentatif passe par une régularité dans les élections ; en effet les élus, en fin de mandat, sont contraints de rendre des comptes aux électeurs, qui deviennent les « juges » de la représentativité. Deuxièmement, il faut voir que les les gouvernants conservent, dans leurs décisions, une certaine indépendance vis-à-vis de la volonté des électeurs. Le mandat n'étant pas impératif, les élus ne sont pas contraints de suivre exactement la volonté des électeurs. Cependant, encore une fois, les citoyens restent « juges » des mandats au moment des élections. Troisièmement, les citoyens sont en droit d'exprimer leurs opinions et leurs revendications sans qu'elles soient contrôlées par les gouvernants : contrairement aux idées de Rousseau, les citoyens ne subissent pas une « servitude » muette entre les élections. Leur influence n'est pas nulle face au mandat des gouvernants. Enfin, il convient de constater que les décisions publiques sont soumises à l’épreuve de la discussion : ainsi, les décisions des gouvernants ne s'établissent pas sans réaction d'autres forces de pouvoir.

Le système représentatif semble trouver un équilibre dans nos sociétés démocratiques modernes, et l'élection semble bien être une part essentielle de notre système.

II. La représentativité mal affirmée et présentant des dérives

A. La représentativité mise à mal par l'impopularité du vote

Une analyse simple des chiffres de participation aux élections semble montrer un avis général de l'ensemble du corps électoral face à sa représentativité. En France, l'élection la plus suivie, celle du Président de la République, connaît aujourd'hui un taux de participation de seulement les trois quarts des électeurs. Les élection européennes ne connaissent un taux de participation de moins de la moitié des électeurs. Ainsi, il semble qu'une importante importante partie de la population ne s'engage pas dans la recherche de sa représentativité. Dans ce contexte, il semble légitime de remettre en cause la légitimité démocratique du vote à partir d'un principe simple : la représentation démocratique ne peut exister que si l'ensemble du corps électoral exprime son choix. Il convient alors de voir d'où peut provenir ce manque de participation et d'investissement dans les élections. L'on remarque qu'il existe une importante origine sociale à l'abstentionnisme : les plus forts taux d'abstention semblent se trouver dans les catégories les plus fragiles de la société. Il paraît alors exister plusieurs catégories de citoyens, non représentés de façon égale.

L'abstention semble aussi trouver son origine dans une désillusion des électeurs : ceux-ci plaçant leur confiance dans un individu, peuvent être déçus par son action en fin de mandat. L'alternance ininterrompue depuis les années 1980 semble en être un important indicateur. En effet, les électeurs ont tendance à choisir le parti qui n'a pas échoué durant le mandat précédent. Cependant, nombre des membres du corps électoral, à force d'alternances infructueuses, finissent par admettre une incompétence de la classe politique dans son ensemble, et ainsi ne s'expriment plus aux urnes.

Enfin, on peut voir dans cette montée de l'abstentionnisme un rejet de la classe politique par les électeurs. En effet, il semble que ceux-ci ne parviennent plus à s'identifier et à se sentir représentée par une classe en complet décalage avec leurs intérêts : les élus semblent appartenir à une classe sociale supérieure, loin des intérêts des électeurs les plus faibles. Jean-Paul Sartre clame « Élections, piège à cons ! ». Ainsi, il affirme que ce décalage entre une classe politique dirigeante et les gouvernés se fait au détriment de cette dernière : les électeurs deviennent victimes d'un système dans lequel ils ne s'expriment plus réellement. Alain Badiou réaffirme cette idée et estime qu'une grande partie des citoyens est déclassée. Ainsi, il comprend et se place en faveur de l'abstentionnisme.

L'abstention importante semble montrer l'existence d'un fossé entre une classe politique élue et les gouvernés : la légitimité démocratique de la représentation est remise en cause par cela. Ce décalage semble être confirmé par la formation d'une élite politique fermée, en complet décalage avec l'ensemble du corps électoral.

B. La reproduction des élites

La majorité des représentants politiques semble posséder des caractéristiques qui lui sont propres, formant ainsi une véritable élite politique. Une première caractéristique semble être la reproduction d'un parcours scolaire défini pour accéder à l'exercice du pouvoir électif. Ainsi, l'on retrouve dans l'actuelle classe politique une importante proportion de diplômés de l'ENA, qui paraît être une « porte d'entrée » dans les fonctions politiques. De plus, ces élites sont en majorité des hommes, âgés, aisés ou bourgeois. Ainsi, Bourdieu parle de l'émergence d'une véritable « noblesse d'état » qui semble suivre des caractéristiques précises. On assiste à un professionnalisation de l'exercice politique : bon nombre d'élus n'ont jamais exercé d'autre activité que leurs mandats électoraux. Les mandats semblent ainsi distribués au sein de cette élite : l'on retrouve plusieurs générations d'une même famille à la tête des institutions (Debré, Le Pen...). De plus, le cumul des mandats important montre les décalage entre la représentativité des électeurs et le véritable exercice des fonctions électorales : les élus semblent se présenter pour exercer leur pouvoir, et plus pour représenter une partie de la population. Enfin, la faible représentation des femmes en politique, qui ne représentent aujourd'hui que 26,6% des élus à l'Assemblée Nationale, accentue encore le manque de représentativité démocratique. Ainsi, l'on assiste à une forme de division du travail politique en les gouvernants et les gouvernés : l'élection n'est plus une forme de gouvernement du peuple, puisqu'elle ne sert qu'à élire une oligarchie dejà prédéfinie.

L'élection

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