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Commentaire de texte : Préface des Institutes de Justinien.

Par   •  1 Juin 2018  •  2 386 Mots (10 Pages)  •  851 Vues

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par la désuétude », cette dernière désignant le caractère d’une pratique ayant vieilli et ayant été abandonnée à la suite d’un défaut d’usage.

B. Une restauration de l’enseignement du droit : un manuel pédagogique destiné aux futurs juristes.

Il n’aurait cependant servi à rien de restaurer le droit si l’on n’avait pas de même restaurer l’enseignement du droit. C’est pour cette raison que Justinien a fait appel à trois professeurs de droit pour rédiger les Institutes. En effet, le terme « antécesseurs » désignait les professeurs de droits. De plus, les quatre livres des Institutes sont des manuels de droits destinés aux étudiants qui contiennent les éléments de la science légale. Ces Institutes sont composés de tous les anciens manuels de droit, inspirés notamment de ceux de Gaius et d’Ulpien afin d’offrir aux juristes le meilleur outil de travail possible.

La préface des Institutes est adressée aux étudiants de droit, éclaircissant l’objectif de leur permettre « d’appréhender les premiers rudiments des lois », et ce non pas « à partir d’anciens écrits » mais bien « à partir de la splendeur impériale », soit après le travail méticuleux et difficile que fut l’élaboration de manuels à la fois complets, compréhensibles et organisés. En effet, les informations ont été préalablement triées afin de permettre aux apprentis juristes de se concentrer sur les éléments de la législation qui sont utiles, importants et essentiels, et qu’il en soit de même pour leurs professeurs : « que tant vos oreilles que vos esprits ne reçoivent rien d’inutile ni de déplacé, mais seulement ce qui tient à l’objet de ces études ».

Ce texte de droit, mais également manuel élémentaire de droit, a été rédigé sous l’autorité de Justinien, soit « à partir de la splendeur impériale », qui lui confère donc une grande valeur qui se doit d’être reconnue par les jeunes juristes. En effet, il y a une incitation à l’enthousiasme pour les étudiants qui se révèle dans la structure de la phrase « d’un si grand honneur » et « d’un si grand bonheur ». On observe ici un parallélisme entre les deux groupes nominaux, et également une forme d’exagération avec la répétition de l’adverbe si.

On pousse donc « cette jeunesse éprise des lois », soit avide de l’apprentissage des lois, à apprendre avec « la plus grande énergie et un soin allègre ». En effet, les Institutes de Justinien sont un texte qui marque un renouveau dans l’apprentissage du droit, dont doivent se réjouir les étudiants. Ainsi « le début et la fin de l’enseignement des lois procède de la parole du prince ».

Le but de l’apprentissage avec rigueur de ces textes est d’ensuite permettre à ces juristes de pouvoir gouverner l’Etat à partir d’un travail qualifié de « légitime », et donc de prolonger ce travail de restauration de l’enseignement à une restauration de l’Empire par la force du droit.

II. Un texte fondateur de l’absolutisme européen.

A. Une application forcée des lois romaines sur les territoires conquis.

L’empereur Justinien, qualifié d’homme « victorieux » et « triomphateur » rêvait de restaurer l’Empire Romain dans son antique splendeur et cela passa par la restauration de son unité. Il a donc entrepris de reconquérir l’Occident alors aux mains des « nations barbares ». La majesté royale se retrouve donc « ornée par les armes », soit par le prestige de ses victoires guerrières. En effet, être « triomphal dans ses victoires contre l’ennemi » se pose comme une condition essentielle de respect de l’empereur.

En raison des déploiements de multiples « efforts guerriers » de la part de l’armée romaine, de nombreux territoires tel que l’Afrique sont rapidement retombés sous l’autorité romaine. L’adjectif « innombrable » associé au mot conquêtes tant à appuyer le renouveau de la grandeur romaine qui s’évertue à regagner sa splendeur passée. Le fait que les nations barbares « connaissent » les efforts guerriers romains tend à accentuer la grandeur de l’empire romain qui se pose comme dominant, supérieur à ces peuples de barbares qui ne savent pas manier l’art d’exercer le droit sur leurs nations.

Il y a également une référence à la religion : c’est avec « l’aide de Dieu » que le peuple romain vient imposer sa loi sur les territoires conquis. L’empire romain se pose donc comme une sorte d’élu des dieux, dont la destinée serait de civiliser par l’usage du droit les nations barbares qui en ignore tout. La phrase suivante vient appuyer notre raisonnement « tous les peuples sont régis par les lois tant promulguées que préparées par nous ». Ici, les romains se reconnaissent comme les seuls et unique auteur des lois, dont toutes les étapes d’élaboration ont été réalisées par eux, et seulement par eux.

Il y a donc une prééminence du droit romain qui vient s’affirmer en Europe par l’intermédiaire des conquêtes militaires. Ces reconquêtes viennent s’ajouter aux nouvelles conquêtes dans un but d’élargir l’empire romain, dans une intention expansionniste, afin de diffuser également le droit romain. Ces victoires « emportées de la célèbre volonté divine » tendent à montrer un soutien apporté par les dieux et à légitimer l’expansion romaine.

L’empereur doit cependant pouvoir gouverner en temps de guerre « aussi bien qu’en temps de paix », autrement dit, assurer l’ordre dans l’empire par l’intermédiaires des lois, et d’une législation contrôlée par l’empereur. La première phrase de la préface « Imperiatoriam Majestatem » met en parallèle la force des armes, mais également la puissance des lois. Il faut donc que le gouvernement soit conforme au droit à la fois en temps de paix qu’en temps de guerre.

L’empereur va « chasser les iniquités de calomniateurs par de justes voies », autrement dit, il va appuyer le triomphe de la justice par l’usage de la loi. L’iniquité se définit comme ce qui est injuste, partial, et les calomniateurs comme ceux qui ont des paroles ou écrits injurieux, diffamatoires, et que l’empereur doit remettre dans le droit chemin par le biais de la justice, le soutien du pouvoir législatif. Le Prince doit donc non seulement être victorieux de ses ennemis dans les batailles, mais également réprimer les calomniateurs par l’intermédiaire des lois, et enfin, se poser comme « religieux dans l’observation du droit », autrement dit, rester humble devant la

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