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Bien et Juste

Par   •  3 Mars 2018  •  2 477 Mots (10 Pages)  •  488 Vues

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La conception de chaque individu du bien se fait en fonction de son entourage, de ses croyances. Alors dans une petite communauté où tout le monde partage les mêmes croyances, cette théorie semble être adéquate, mais, dans les sociétés modernes, règnent nombre de croyances, et donc de conceptions différentes du bien, donc l’Etat se force de rester neutre car sinon, comment déterminer ce qui est juste au nom de la société alors qu’il y a un différend entre deux courants de croyances ?

-Dans la seconde théorie, toute action est considérée comme moralement bonne (et donc juste) si elle contribue à améliorer l’utilité collective. C’est-à-dire qu’est juste toute action dont les conséquences augmentent le bien-être total de la société. Le christianisme en est une forme. Le bon samaritain doit aimer et aider son prochain, ne pas lui faire ce qu’il ne voudrait pas qu’on lui fasse à lui-même. Ainsi le bonheur global n’en est qu’avantagé.

Cependant, cette théorie, poussée à l’extrême, peut être tragique pour un individu. L’esclavagisme serait juste car il apporte satisfaction aux propriétaires ? Car finalement le bien-être total de la société n’en est pas endommagé, au contraire. Ici, l’esclavage serait un acte juste alors qu’en réalité, pour une écrasante majorité d’individus, ce n’est pas bien. Donc, selon cette théorie de la justice, le bien et le juste ne vont pas de pair, et c’est même le juste qui est l’ennemi du bien. En plus, pour que cette théorie soit optimale, il faudrait un observateur extérieur, le « spectateur impartial » d’Adam Smith pour juger du bien-être de la société

-Dans la troisième théorie, on voit la justice comme justice sociale. La justice permet de garantir à tous les individus leurs droits et libertés. C’est la conception de justice qui est actuellement utilisée dans les sociétés modernes.

- Les sociétés modernes – une justice sociale

Le droit est là pour sanctionner les délits et réparer les dommages causés aux individus. Selon John Rawls cette théorie de justice s’appuie sur deux principes : « Chaque personne doit avoir un droit égal au système le plus étendu de libertés de base égales pour tous qui soit compatible avec le même système pour les autres » ; « les inégalités sociales et économiques doivent être organisées de façon à ce que, à ce que à la fois, (a) l’on puisse raisonnablement s’attendre à ce qu’elles soient à l’avantage de chacun et (b) qu’elles soient attachées à des positions et à des fonctions ouvertes à tous. ». Donc, en fait, le système de lois est tel que tous les individus sont égaux, ils bénéficient des mêmes droits et des mêmes devoirs, cependant les inégalités, à conditions d’êtres seulement sociales et économiques, sont acceptables seulement si elles contribuent à un avantage collectif. On retrouve un peu l’idée de l’utilitarisme. Là où le libéralisme est en réalité différent, c’est dans le premier principe (qui d’ailleurs est décrit comme prioritaire par John Rawls). Il est injuste de retirer à quelconque individu (oui même un seul) ses droits fondamentaux (le droit de vivre, le droit de la propriété, le droit à la dignité). Ainsi, dans cette nouvelle théorie de la justice, ne sont plus laissés à la marge une poignée d’individus pour la plus grande satisfaction des autres. Donc, dans cette conception, l’esclavage devient enfin injuste. Ainsi il semblerait à première vue, qu’il y ait une meilleure corrélation entre le bien et le juste.

Mais à seconde vue, le but est que la justice soit désormais institutionnalisée, des règles précises sont mises en places pour encadrer le comportement des individus des différentes sociétés. Et elle ne s’applique plus à faire en sorte que les individus agissent bien. Elle est l’expression d’un encadrement nécessaire pour le bon fonctionnement de nos sociétés. Si l’individu pense que son action est bien, elle n’est pas nécessairement à l’avantage de la société dans laquelle il vit. Prenons l’exemple de la charité. L’individu réalise évidemment une bonne action lorsqu’il donne à des individus plus nécessiteux que lui. Mais est-ce pour autant juste ? Non car cette action est à l’avantage de seulement une poignée d’individus. Ce qui est juste par contre c’est une répartition des revenus. Cela passe par les impôts et par les aides, et tout ceci est régulé par des règles de justice, justice qui est qualifiée de sociale.

Il peut paraître triste de laisser de côté le bien pour le juste, on pourrait être amené à penser que les individus pourraient ressentir un mal-être dû au fait qu’ils doivent suivre une justice sociale plutôt que leur conscience du bien et du mal. En soit, ce n’est pas vraiment problématique puisque l’individu en société se conforme à la position générale, ce ne sont plus ses idées qui priment mais celles du groupe, c’est la conscience collective. Puis de toute façon, si l’individu ne s’y conforme pas, il ne peut pas s’y intégrer, en l’occurrence, dans nos sociétés, cela se traduit par les condamnations. Le juste est l’affaire du public alors que le bien est l’affaire du privé. Les règles de justice dépassent les règles de la conscience individuelle. Même si j’estime qu’une loi n’est pas vectrice du bien je dois m’y plier et de même, même si je n’apprécie pas une façon d’agir mais qu’elle n’est pas socialement injuste, je n’y puis rien. La justice a pour but de faire primer la volonté collective. Elle permet de régler les conflits lorsqu’il y a désaccord entre ce qui est bien ou non puisque ce qui compte finalement c’est de savoir si, oui ou non, c’est juste.

Selon Aristote, la justice est une idée d’équité, encore plus, de bien commun. Cependant, dans le modèle actuel, le bien n’a plus aucune valeur en matière de justice. On ne peut plus assister ou alors que trop rarement, à l’expression d’actes vertueux spontanés. Plus encore, l’individu ne peut plus s’épanouir dans sa conscience individuelle du bien (ou du moins pas en public). L’individu vertueux n’est d’ailleurs pas récompensé. De plus, l’individu juste n’agit pas par respect envers sa société mais par crainte de sanctions. On n’agit pas pour le bien, mais par obligation. D’ailleurs, plus qu’une valeur, l’institution de justice prend le devant. La valeur de justice est désormais anecdotique devant une procédure de justice devenue automatique, systémique, imposante.

Conclusion

Finalement, tout est subjectif, les individus n’ont

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