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Le bonheur résulte-t-il de la satisfaction de tous nos désirs ?

Par   •  19 Octobre 2017  •  2 167 Mots (9 Pages)  •  694 Vues

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Tendre vers le bonheur ne semble ainsi que difficilement réalisable à travers les approches étudiées individuellement, que sont la pleine satisfaction de ses désirs, et la répression totale de ses pulsions. Plutôt que de s’efforcer à la création ex nihilo d’une nouvelle démarche pour aspirer à un état de félicité, tâche qui se révèlerait ardue, la confrontation des deux raisonnements étudiés précédemment serait un point de départ pertinent pour notre réflexion… Ne serait-il ainsi pas possible de limiter ses désirs, tout en comblant les plus primaires ? Épicure, à travers l’enseignement épicurien, nous propose comme entéléchie l’ataraxie de l’âme, c’est à dire que la quête de l’existence humaine devrait être guidée par la volonté d’éradiquer quelque trouble que ce soit. Il distingue ainsi deux types de besoins : ceux naturels ou nécessaires, et ceux qu’il nomme « vides », qu’il invite à condamner. Combler ses besoins nécessaires – dormir, manger à sa faim, boire – et naturels – vivre pleinement sa sexualité, éviter toute douleur inutile, etc… –, permettrait ainsi de ne ressentir aucune frustration : Quant à proscrire ses désirs « vides », cela permettrait d’éviter les problématiques rencontrées par la pratique d’un hédonisme échevelé. Par ailleurs, cette vision des passions traversera les âges, comme en témoigne le romancier et dramaturge français Saintine, lorsqu’il nous offre sa vision des pulsions : « En bornant ses désirs, on borne ses besoins ; Le plus riche est celui qui désire le moins. » Nos désirs ne devraient donc avoir pour seul et unique but la fin de nos souffrances, physiologiques comme psychologiques. Ainsi, une fois l’ataraxie de l’âme atteinte, il ne sera nullement nécessaire d’éprouver quelque besoin que ce soit, et donc de se tourmenter avec des pulsions qui ne soient pas réalisables.

On pourra cependant se questionner sur ce nous avions admis précédemment : Le bonheur est-il le point d’orgue de l’existence humaine ? Alors que stoïciens et épicuriens s’accordent sur ce point, qu’ils considèrent comme une évidence, voire un axiome, certains penseurs le remette en doute. Tel fut le cas d’Emmanuel Kant, philosophe allemand des Lumières, pour qui cette recherche d’un état de plénitude ne ferait que nous détourner de ce qui importe réellement : notre devoir. Il faudrait ainsi non pas agir pour être heureux, mais pour se rendre digne d’être heureux. Néanmoins, en considérant ce précepte de vie, le juste ne serait pas obligatoirement heureux ; Si il faut mener une existence vertueuse et morale, le bonheur n’en est pas moins subjectif, et s’impose à l’Homme de manière aléatoire. Le devoir serait donc une condition nécessaire mais non suffisante au bien-être… Il faut, de plus, apporter un bémol à cette idée : Socrate pense que « nul n’est méchant volontairement » ; Ainsi, l’homme mauvais, ou tout du moins l’homme jugé comme mauvais – car qu’est-ce que le mal, sinon une idée subjective opposée à ce qui est communément admis comme bien ou moral ? – agit car il est convaincu de faire le « bien ». Et puisque le bonheur est propre à chacun, l’homme immoral – mais à ses yeux moral –, pourrait donc être heureux… La place du devoir semble donc être tout à fait relative dans la quête du bonheur, de par sa partialité.

Finalement, ce bonheur véritable, à savoir cet état de plénitude inaltérable, ne serait-il pas qu’une simple supercherie, visant à masquer l’absurdité – l’absence de but – de l’existence ? Pour Freud, l’Homme ne peut satisfaire tous ses désirs et toutes ses pulsions, ni les annihiler… Pour autant, l’Homme ne serait pas condamner à vivre malheureux : il devra s’efforcer, au contraire, à sublimer ses passions. Néanmoins, transcender ses pulsions, c’est-à-dire les exprimer dans la curiosité, les arts, la réflexion, ou encore le dialogue, ne peut-être le fruit que d’un travail continu. Le bonheur ne serait donc qu’un état éphémère, à l’image de l’Homme… Pour conforter cette vision nihiliste de la vie humaine, il suffit de revenir à la définition d’un bonheur véritable, afin de prouver l’impossibilité de son existence. Cet état de satisfaction totale ne peut-être atteignable que, d’une part, par l’ataraxie et d’autre part, par le vécu d’expériences satisfaisantes. Or, en cherchant à réaliser un de ces deux buts, n’obstrue-t-on pas notre possibilité à réaliser le second ? Ne vivons-nous pas des expériences satisfaisantes au risque de se voir troublé, de quelque manière que ce soit ? La vie humaine n’est-elle pas, en définitive, que la succession d’évènements aléatoires, rendant tout état inaltérable, comme le bonheur véritable, qu’une simple idée philosophique et abstraite ? Le bonheur ne serait donc qu’un épiphénomène passager, et n’obéirait à quelque logique que ce soit…

Bonheur et plaisir peuvent ainsi sembler, au premier abord, similaires, pour les esprits les plus limités, mais cela serait obstruer notre place dans la société. L’Homme se doit en effet de contrôler ses pulsions, faute de nuire au bonheur d’autrui… À tel point qu’il faille les annihiler ? Seul le plus sage, et le plus libre des hommes en serait capable. Une nouvelle approche du bonheur, plus raisonnable est donc nécessaire. Il semble ainsi que seule la sublimation de ses désirs, pourrait amener l’Homme à vivre un bonheur, néanmoins éphémère et limité…

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