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Faut-il vouloir être heureux ?

Par   •  22 Octobre 2018  •  1 604 Mots (7 Pages)  •  1 493 Vues

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Dans ces conditions, pour ne pas souffrir de nos désirs et être heureux simplement il existe deux méthodes antiques qui montrent qu’on peut atteindre le bonheur sans obligatoirement le vouloir. Premièrement, il existe la méthode stoïcienne proposée par Epictète dans Manuel. Epictète était un philosophe fataliste qui pensait que notre destin était tracé et qu’on n’avait aucun pouvoir sur nos désirs. Selon lui, il ne faudrait pas changer le destin car cela nous empêche d’être heureux et il faudrait donc prendre la vie telle quelle est. En d’autres termes, il faudrait faire l’effort de désirer ce qui nous arrive et de ne pas désirer ce que nous n’avons pas en relativisant. Cette méthode nous montre donc qu’il ne faut pas désirer le bonheur mais plutôt relativiser ce qui nous arrive en regardant les choses d’un point de vue objectif. Deuxièmement, la méthode sceptique mise en avant par Sextus dans Esquisses propose de ne pas se soucier de la nature des choses et de se contenter de faire ce qu’on a envie de faire. En effet, nous ne savons pas si une chose est bonne pour nous ou non, cependant pour le savoir il faudrait l’accomplir ; par conséquent, pour être heureux et savoir si une chose est bonne pour nous il faut l’exécuter et voir où cela nous mène. Ainsi, il faut essayer de rester dans l’incertitude pour être heureux d’après Sextus.

Il semblerait qu’il ne faille pas désirer le bonheur pour l’atteindre. De plus, nous n’avons jamais vu quelqu’un vivre en totale absence de trouble : Pouvons-nous vraiment atteindre le bonheur ?

La définition que nous avons du bonheur n’est peut-être pas idéale étant donné qu’elle exige beaucoup de maîtrise de soi et cela ne nous rend pas véritablement heureux. C’est pourquoi, d’après Kant, le bonheur serait un « idéal de l’imagination ». Par définition, l’ « idéal » est une idée qui n’a pas d’incarnation, de modèle concret ; et l’ « imagination » est quelque chose qui ne possède aucune méthode rationnelle pour l’atteindre. C’est notamment le cas de la santé et de l’amour qui sont fragiles ou encore de la liberté qui dépend de la société dans laquelle on vit. Ainsi, pour atteindre le bonheur il faudrait avoir une recette universelle. Néanmoins il n’en existe pas. De plus, nous sommes des « créatures finies » (limitées) qui ne sont pas omniscientes et qui ne peuvent pas anticiper tous les obstacles qui risquent de nous empêcher d’être heureux. C’est pourquoi, nous ne pouvons pas atteindre le bonheur avec la définition que nous en avons. Il serait donc judicieux d’essayer de trouver une définition moins abstraite du bonheur car il est trop laborieux d’atteindre cet idéal dans ces conditions.

Afin d’être heureux de façon plus accessible, J.S Mill dans L’Utilitarisme propose une nouvelle solution pour atteindre le bonheur. D’après lui il ne se définit pas comme un état de pleine satisfaction comme les philosophes antiques le disaient. D’après Mill, le bonheur est souvent lié à l’insatisfaction. Toutefois, si on distingue le bonheur de la satisfaction il semblerait que le bonheur et l’insatisfaction soient compatibles. En conséquence, il faut allier notre bonheur à notre insatisfaction. Cela nous mènerait directement au bonheur qui serait dès lors un état dans lequel la somme de nos plaisirs supérieurs est supérieure à la somme de nos plaisirs inférieurs. En quelques mots, les plaisirs inférieurs sont ceux en lien avec les animaux c’est-à-dire qu’ils résultent d’une simple satisfaction. Et, les plaisirs supérieurs sont des plaisirs plus complexes qui sont propres à nous-même et qui renvoient à la joie. Dans ces conditions, nous pouvons accéder au bonheur plus facilement puisque l’on serait heureux quand la somme de nos désirs supérieurs est supérieure à nos peines supérieures. En d’autres termes, on peut être heureux sans être satisfait en mêlant notre bonheur à notre insatisfaction. On peut illustrer cela par l’exemple de Socrate qui a fini sa vie en prison : il n’était pas satisfait mais il était heureux.

Le bonheur comme état de bien être inégalable est un idéal que nous ne pouvons atteindre. C'est un concept trop vague et trop exigent, qui ne nous permet pas de vivre sans aucun trouble. De plus, lorsqu’on désire être heureux nous souffrons inévitablement car les désirs mènent à la souffrance lorsqu’ils sont idéalisés. Ceci étant, il ne faut donc pas trop réfléchir sur notre bonheur et sur ce qui va nous rendre heureux. Une vie heureuse, pleine de satisfaction doit être compatible avec une certaine insatisfaction. Dans ces conditions, il ne faut pas vouloir être heureux mais plutôt laisser les choses se faire tout en restant un minimum actif pour ne pas subir notre destin.

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