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Promettre est ce renoncer à sa liberté ?

Par   •  19 Septembre 2017  •  1 854 Mots (8 Pages)  •  1 127 Vues

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§ Sommes-nous donc condamnés à la promesse et à une perte irrémédiable de liberté ?

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§ Au contraire, dans la mesure où l’homme existe, il est libre de faire et de tenir des promesses.

§ En effet, dans L’existentialisme est un humanisme, Sartre explique que l’homme est libre car son existence précède son essence. En effet, dit Sartre, l’homme n’est pas déterminé à l’avance par une essence éternelle, car cela supposerait que Dieu façonnerait l’homme conformément à cette essence. Or Dieu est justement l’idée fictive d’un grand artisan. Si Dieu n’existe pas, l’homme existe d’abord, et définit son essence par la suite. Or, exister, se projeter dans l’avenir. C’est même la capacité de se projeter dans le temps, dans un avenir ainsi ouvert, qui est le propre de l’homme selon Sartre. C’est pourquoi aussi l’homme exerce sa liberté en « faisant des projets ». Ainsi, tout projet est la manifestation de la liberté humaine. Je suis donc libre, par exemple, parce que j’ai des projets pour l’année prochaine, mais aussi pour demain ou même pour tout à l’heure, et qu’il m’appartient de mettre en œuvre les moyens dont je dispose pour atteindre mes objectifs.

§ On a défini le fait de faire des promesses par celui de prendre des engagements par rapport aux autres ; j’ai pris des engagements par rapport à un interlocuteur, j’ai sa confiance. Or promettre, c’est justement se projeter dans l’avenir. L’animal se contente du présent, et il fait mécaniquement ce que la nature lui dicte. Mais en faisant une promesse, je dis non aux impulsions naturelles qui dictent le fonctionnement de mon corps, ou je leur fais subir un retard. Au lieu de coller au présent, j’ouvre un temps d’attente, jusqu’à l’accomplissement de la promesse. De plus, c’est moi qui m’engage à faire ce que je promets, donc je ne suis pas contraint de faire la promesse par une force extérieure, et au contraire, c’est moi qui m’oblige à faire et à respecter la promesse. A cet égard, on peut reprendre l’exemple du mariage : celui qui se marie décide librement de la faire, en sachant à quoi il s’engage. D’ailleurs, il peut à tout moment rompre sa promesse, s’il en assume les conséquences.

§ Dans cette troisième partie, j’ai déjà dit qu’être libre, c’est avoir des projets, selon la définition que fait Sartre de la liberté, et que promettre, c’est se fixer des projets pour soi-même. Je peux donc dire que promettre est en réalité, non pas une restriction de ma liberté, mais au contraire sa manifestation. Par exemple, si une femme veut un enfant, elle peut se promettre d’arrêter de fumer, malgré l’habitude et l’envie. Elle est prisonnière de son addiction, mais elle s’en libère par sa promesse. Elle se fait cette promesse parce qu’elle décide librement de ne pas empoisonner l’enfant. De plus, elle peut recommencer à fumer si elle le veut, et donc, si elle tient sa promesse, c’est qu’elle le décide à chaque instant, librement. Promettre fait passer du court terme au long terme, cela fait échapper à la dictature de l’immédiateté. Ainsi, promettre fait passer de l’acte automatique au projet réfléchi. On peut donc même dire, sans exagérer, que c’est la capacité de promettre qui m’ouvre un avenir propre. Promettre, c’est concrètement ce qui me fait exister librement.

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En conclusion, on peut dire que, même si à première vue, promettre entrave notre liberté, puisque cela nous astreint à des impératifs, et qu’il faudrait par conséquent de pas faire de promesse pour être libre, promettre ne consiste pas du tout à renoncer à sa liberté. En effet, d’une part, ne pas faire de promesse est impossible pour l’homme, sauf à retourner à la vie animale qu’il quitte dès la naissance et son insertion dans la vie sociale, par le biais du langage. Et plus encore, d’autre part, promettre correspond en fait à ce qui définit vraiment la liberté : se projeter dans l’avenir et s’y engager. Si l’homme est libre d’imaginer ses propres projets, promettre participe à sa liberté. C’est même par la promesse que l’homme affirme et confirme ses choix, ses projets. Et si l’on se rend compte que toute promesse a la structure d’un projet, on comprend même que l’homme est en quelque sorte libre dans la mesure où il fait des promesses, à lui-même comme à d’autres.

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