Essays.club - Dissertations, travaux de recherche, examens, fiches de lecture, BAC, notes de recherche et mémoires
Recherche

Chapitre : La raison et le réel.

Par   •  27 Mai 2018  •  4 157 Mots (17 Pages)  •  518 Vues

Page 1 sur 17

...

Cette image décrit le rapport immédiat que l'Homme entretient avec le monde : comme les prisonniers de la caverne prennent les ombres qu'ils regardent pour les choses réelles, l'Homme prend les apparences sensibles qu'il voit pour les entités réelles.

Tout l'enjeu de la connaissance est justement d'apprendre à se détourner des apparences sensibles. Ainsi, pour accéder à la connaissance véritable, il faut rejeter absolument tout ce que nous apprennent les sens, et plus généralement les apparences sensibles.

Il apparaît ainsi que, dans son entreprise de connaissance du réel, l'Homme doit se limiter à ce dont il peut rendre compte rationnellement.

- Les attitudes de la science face au réel

- L'émergence de la science modern

Un pas de plus peut être fait quant à la connaissance rationnelle du réel à partir du moment où l'on pose que tous les pans de la réalité peuvent, théoriquement, être connus objectivement. Cette position consistant à étendre à l'ensemble de la réalité la possibilité d'une connaissance objective se nomme rationalisme. C'est sur ce postulat de la raison que repose toute la science moderne.

Ainsi Galilée énonce-t-il que la nature est comme un livre écrit en langage mathématique : pour comprendre la nature et son fonctionnement, il faut d'abord comprendre que l'on peut rendre compte de tous les phénomènes à l'aide de lois rationnelles et nécessaires. L'idée est donc bien que la réalité serait, dans son ensemble, dotée d'une structure mathématique que la raison n'aurait plus qu'à déchiffrer à l'aide des outils mathématiques.

Or, si la réalité possède une structure mathématique connaissable par la raison, on peut faire l'hypothèse que tout phénomène est, en théorie, prévisible. Autrement dit, si la nature est déterminée, la science devra être capable de tout prévoir : à partir du moment où les lois naturelles régissant les phénomènes sont établies, la science devient capable de produire des prédictions. De façon tout à fait banale, c'est ce que fait la météorologie lorsqu'elle annonce le temps qu'il fera dans les jours à venir.

C'est ce qu'illustre la célèbre expérience de pensée du "démon de Laplace".

Une intelligence qui, à un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, […] embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome ; rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux.

Laplace

Essai philosophique sur les probabilités

1814

S'il pouvait exister un être capable de saisir par la raison toutes les lois de la nature et tous les êtres qui la composent, celle-ci serait alors capable de connaître tout ce qui a lieu mais aussi tout ce qui se produira. Laplace propose donc ici une version forte du déterminisme.

Dès lors que l'on adopte une position rationaliste, selon laquelle la raison est capable de rendre compte de tous les phénomènes, l'ensemble du réel semble pouvoir être expliqué à l'aide de lois universelles. Néanmoins, si cette attitude de la raison est convaincante dans le domaine de la nature, peut-on l'étendre aux activités proprement humaines ?

- La question des sciences humaines

Le rationalisme qui accompagne le développement des sciences modernes va peu à peu déborder le cadre de l'explication de la nature pour tenter de rendre compte de l'ensemble des phénomènes existants. Ainsi, son ambition va être de construire des sciences capables d'expliquer l'ensemble des comportements humains : c'est la tâche que se donneront les sciences humaines qui se développent à partir du XIXe siècle (psychologie, sociologie, histoire, économie, linguistique etc.).

Cette idée que la raison pourra peu à peu, par son travail sur le réel, rendre compte de l'ensemble des phénomènes existants est notamment énoncée par le philosophe positiviste Auguste Comte. En effet, celui-ci schématise ce progrès de la raison dans la connaissance par ce qu'il nomme la loi des trois états.

Toutes les branches de la connaissance théorique passent successivement par trois états :

- Le premier est l'état théologique qui dure jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. L'explication de chaque phénomène réel était trouvée dans une intention divine. Par exemple, la foudre était l'œuvre de Zeus. Ce premier état de l'humanité se divise lui-même en étapes : l'animisme qui affirme la présence de nombreux esprits dans la nature, puis le polythéisme qui rassemble sur plusieurs dieux la responsabilité des événements, et enfin le monothéisme qui conçoit un Dieu unique créateur et tout-puissant.

- Le deuxième est l'état métaphysique, où l'on cherchait les causes des phénomènes réels dans les qualités ou la volonté de la nature. Par exemple, la nature aurait "horreur du vide".

- Le troisième est l'état positif ou scientifique : au lieu de rechercher les causes des phénomènes (se demander pourquoi tel phénomène se produit), on en recherche les lois (se demander comment un phénomène se produit).

Le caractère fondamental de la philosophie positive est de regarder tous les phénomènes comme assujettis à des lois naturelles invariables.

Auguste Comte

Cours de philosophie positive

1830 − 1842

Ce qui caractérise le passage à l'état positif est la recherche de liens entre les phénomènes, en portant attention aux phénomènes répétitifs qui permettent d'élaborer des lois universelles.

Or ce que souligne Comte, c'est que si cet état positif a été atteint dans les sciences de la nature, ce n'est pas le cas des sciences de l'Homme, et en particulier de l'explication des phénomènes sociaux, qui continuent de rendre compte des phénomènes humains en s'appuyant sur les

...

Télécharger :   txt (27 Kb)   pdf (77.1 Kb)   docx (26.5 Kb)  
Voir 16 pages de plus »
Uniquement disponible sur Essays.club