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Qu'est-ce qu'avoir le temps ?

Par   •  25 Juin 2018  •  1 995 Mots (8 Pages)  •  465 Vues

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Ainsi, la conscience constitue le temps. En réalité, le temps n’existe pas à titre de donnée toute constituée dans les choses ; il est constitué, posé par la conscience de l’homme. Si nous demandons par exemple à un sujet de placer le passé, le présent et l’avenir sur un fleuve, on constate qu’en réalité, il est impossible de les placer dans le fleuve pris en lui‑même. Il est nécessaire pour cela que l’on place un observateur, un sujet, par rapport à ce fleuve pour pouvoir déployer ces trois dimensions du temps. En effet, si l’on place un observateur au milieu de la longueur du fleuve, sur la rive, on peut dire que l’avenir est dirigé vers la montagne car il s’y trouve l’eau que l’observateur n’a pas encore vue ; le présent est constitué par le fleuve tel qu’il le voit devant lui et le passé est l’eau qui a coulé devant lui et qui est vers la mer. Mais on remarquera que si l’on place un autre observateur en amont ou en aval du premier, ils n’ont pas le même présent, le même passé et le même avenir. Ceci nous amène à penser qu’il n’y a du temps que par rapport à une conscience humaine qui le constitue, que par une vue sur lui. En toute rigueur, il n’y a pas de temps dans les choses, il n’y a en eux que de l’éternité.

L’important du référentiel, donc d’un sujet conscient, peut être montré si l’on place un observateur dans une barque allant au fil de l’eau de la source jusqu’à la mer : désormais, c’est la rive et non le fleuve qui permet de prendre conscience du temps.

Mais, dans cet exemple, le passé est situé dans la montagne car ce sont les paysages que le voyageur a vus ; le présent est constitué par les berges qu’il voit ; l’avenir est désormais la mer c’est‑à‑dire ce qu’il n’a pas encore vu. On voit donc toute la relativité de la notion du temps qui est posé par une certaine conscience. Si nous pouvions naïvement placer le passé, le présent, l’avenir dans le fleuve, c’était parce que nous mettions sans nous en rendre compte un sujet, une conscience en lui ou par rapport à lui.

Il faut donc, pour qu’il y ait du temps, qu’une conscience vienne en quelque sorte trouer la nature : « le monde objectif est trop plein pour qu’il y ait du temps » (Merleau‑Ponty). S’il n’y avait pas d’homme et de conscience, il n’y aurait pas de temps au sens rigoureux du terme. Il manque aux choses du non‑être ce que la conscience va lui apporter : « le temps, écrit Merleau‑Ponty, n’est donc pas un processus réel, une succession effective que je me bornerais à enregistrer. Il naît de mon rapport avec les choses ». On comprend dès lors pourquoi saint Augustin peut dire qu’il n’y a pas en toute rigueur trois temps : le passé, le présent et l’avenir. Car cela constitue une façon inexacte de le définir. Il faudrait, en toute rigueur, dire qu’il existe le présent du passé, le présent du présent et le présent de l’avenir dans la mesure où il ne peut y avoir du temps que par rapport à un observateur, que par rapport à une conscience qui constitue le temps et le pose. Ce qui fait dire à Merleau-Ponty : « le passé n’est donc pas passé, ni le futur. Il n’existe que lorsqu’une subjectivité vient briser la plénitude de l’être en soi, y dessiner une perspective, y introduire le non‑être ».

Il n’y a donc pas de temps dans les choses, dans la nature en tant que telle. Il était donc absurde de demander au fleuve d’indiquer en lui-même les deux dimensions du passé et de l’avenir ; tout comme il est aussi absurde de se dire « j’ai le temps ». Puisque s’il n’y avait pas d’homme et sa conscience, il n’y aurait pas de temps au sens rigoureux du terme. Le temps n’est rien en soi hors de l’homme et de sa perception des choses.

En conclusion, “avoir le temps“ n’est pas n’est pas réellement une question de temps en soi mais plutôt une question de conscience. En effet, c’est la conscience qui constitue le temps, qui permet de l’appréhender que par vu sur lui. Le temps réel, la durée est donc une notion très relative qui varie dans une infinité de nuances en fonction du sujet à laquelle on la rattache. “Avoir le temps“ diffère alors selon le sujet en question, ses états d’âmes, humeurs et envies … C’est lui, et lui seul qui prendra la décision, conscient ou inconsciemment du temps qu’il aura, en le prenant ou non ; car la véritable question à se poser ici est : “Prendrons-nous le temps ou non de… ? “ .

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