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Est-il raisonnable d'aimer ?

Par   •  7 Décembre 2018  •  1 459 Mots (6 Pages)  •  543 Vues

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L’entendement nous permet de distinguer le vrai du faux, de juger le bien en le distinguant du mal. Si nous réglons notre volonté sur l’entendement, l’amour ne peut être vécu de manière déraisonnable. Si cependant la volonté ne se laisse pas guider et éclairer par l’entendement qui opère la distinction entre le vrai et le faux, le bien et le mal, la réalité et l’illusion, l’être aimé a tendance à être placé sur un piédestal, à jouir d’une survalorisation de ses qualités et d’une occultation de ses défauts. Dans De l’amour, Stendhal traduit cette tendance par le phénomène de l’idéalisation ou de la cristallisation, c’est à dire la manière dont on minore la vérité au profit de la fausseté comme par dissonance cognitive. On aime alors l’autre en refusant de voir la réalité ou la vérité, quoique flagrante ou évidente, en face. Nous ne sommes déjà plus dans un régime de raison, mais dans un régime de croyance. Dès lors, l’amour excessif peut nous détourner de la vérité et nous engluer dans les apparences car l’Autre n’est plus l’autre pour ce qu’il est en soi, mais un portrait embelli que l’imaginaire très inspiré brosse en en grossissant les traits. Dans cette perspective, l’amour peut être un sentiment très fort, très vif en ceci qu’il procure une certaine euphorie, mais en réduisant l’autre à une conjecture, au jugement contingent de l’imagination et de la croyance, autrement dit au jugement naïf de l’opinion, son statut ontologique est pauvre et nous enchaîne dans l’ignorance.

En guise de conclusion, nous devons d’abord dire que l’amour est recherche de la beauté. Toute la question est de savoir si la beauté sensible est préférable à la beauté intelligible. Pour Platon, l’amour de la beauté des corps doit être déprécié au profit de l’amour de la beauté des âmes. Dans le Banquet, il emploie cette formule qui donne à penser quant à ce que doit être un amour pour être raisonnable : « les yeux de l’esprit commencent à être perçants lorsque les yeux du corps commencent à baisser ». L’amour ne serait raisonnable qu’à cette condition. Aimer présuppose en effet une éducation de l’âme, une conversion du regard, car c’est avec les yeux de l’esprit qu’il faut apprendre à voir. Aimer l’autre n’a ainsi du sens que si le regard que l’on porte sur lui ne fait pas l’économie de son être véritable, de son essence, de sa forme, de ce qu’il est en soi et si l’on ne projette pas sur lui des caractéristiques et des vertus qui lui sont étrangères. Le mythe de l’androgyne dans le Banquet enseigne qu’aimer comme un dieu, c’est désirer en tant qu’on désire ce qu’on possède déjà. L’amour sage et raisonnable est celui qui se satisfait de ce qu’il est, de ce qu’il a. Cet amour-là connaît la satiété et ne manque de rien, il dure, il a les mêmes propriétés que les réalités intelligibles ou les Idées : il est identique, impérissable, invariable. On n’aime alors plus la personne pour sa beauté sensible, corporelle ou physique car celle-ci est contingente et ne résiste pas l’épreuve du temps, mais selon une contemplation de l’idée de l’amour. Dès lors, l’amour véritable est celui qui consiste à aimer l’amour, l’idée même de l’amour. Ce type particulier d’amour est raisonnable en ceci qu’il procure des plaisirs stables et une satisfaction durable. Alors, l’âme qui désire ce qu’elle possède peut atteindre le souverain Bien et l’ataraxie, un état de tranquillité qui se caractérise par l’absence de troubles.

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