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Chambre d'isolement

Par   •  1 Novembre 2017  •  6 653 Mots (27 Pages)  •  652 Vues

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Les traitements de choc ont très longtemps été utilisés par le passé pour traiter les troubles psychiatriques violents : l’enfermement dans des cachots, la contention avec des chaînes, les douches froides… Toutes ces techniques dépourvues d’humanisme « animalisaient » les malades et étaient en lien avec la perception négative ou l’absence de d’explication de la folie à travers les âges. En effet, le patient a longtemps été considéré comme déviant, insensé, aliéné, incurable, idiot…

Progressivement, à la révolution française, le « fou » sera perçu comme une personne malade, Dominique Friard écrit que : « Si Pinel libère les aliénés de leurs chaînes, il n'en supprime pas pour cela l'isolement et la contention. Pinel, et surtout Esquirol, vont, au contraire, faire de l'isolement un des concepts centraux du traitement moral. La loi du 30 juin 1838 va institutionnaliser l'isolement en créant l'asile ».

Au jour d’aujourd’hui, malgré l’évolution de tous les traitements et des modalités de prise en charge du patient dans notre société, la chambre d’isolement existe toujours dans la plupart des institutions psychiatriques. Par contre, les conditions matérielles et environnementales ainsi que l’approche clinique et juridique ont évolué considérablement et ont permis d’humaniser l’utilisation de la chambre d’isolement.

- Les définitions relatives à la chambre d’isolement

La chambre de soins intensifs psychiatriques[2] : chambre sécurisée prévue pour ce soin spécifique, pourvu de matériel hôtelier renforcé et d’une porte également renforcée, munie d’une serrure solide. Cette chambre peut être déverrouillée pour alléger l’isolement, cette mesure étant alors une modalité prescrite.

La chambre de soins « ordinaire »[3] : chambre ordinaire du dispositif hôtelier de l’unité qui, si cela s’avère plus pertinent, est utilisé pour l’isolement thérapeutique psychiatrique du patient qui l’occupe. Dans ce cas également, cela doit faire l’objet du respect d’une procédure pré établie.

La chambre d’isolement[4] : est une pièce fermée à clé conçue pour contenir les pulsions auto ou hétéro destructrices des patients souffrant de troubles mentaux. Son utilisation est le plus souvent justifiée par des actes agressifs (violences contre un tiers), par de l'agitation psychomotrice et par la dangerosité.

L’isolement[5] est une mesure « thérapeutique » qui implique que le patient se trouvant dans un environnement ouvert, au contact des autres patients, de l’équipe soignante ou d’autres personnes, soit mis dans une chambre seule et fermée (espace « sécuritaire »), ou il peut être observé par une vitre. L’isolement a pour but de prévenir les passages à l’acte « auto- ou hétéro-agressifs », de mettre le patient à l’abri des stimulations de l’entourage ; de l’aider à reprendre le contrôle de ses comportements verbaux ou non verbaux inacceptables et de prévenir une rupture dans le programme de « soins ». Cette définition met en avant la représentation d’une limitation de l’espace d’évolution du patient et de ses contacts relationnels, sans entrave de ses mouvements corporels.

L’isolement thérapeutique psychiatrique[6] : acte de soins sur prescription médicale qui vise à protéger le patient contre lui même et/ou autrui en l’isolant de l’environnement et en lui assurant un cadre thérapeutique protecteur et contenant. Il s’agit également de permettre au patient isolé de reprendre un contrôle sur lui même et de réduire le risque de passage à l’acte qu’il représente pour lui même et/ou pour autrui. Le processus de l’isolement thérapeutique psychiatrique fait l’objet de soins spécifiques et de surveillance de la part de l’équipe médicale et paramédicale dans une chambre verrouillée, spécifique ou non.

L’auto-agressivité[7] : se définit par des conduites agressives extériorisées de survenue brutale parfois imprévisibles qui imposent un dommage à soi-même, qu’il s’agisse d’une altération, d’une privation ou d’une souffrance. Ces types de conduites agressives sont isolées dans la majorité des cas et ne présente pas de structure psychopathique particulière.

L’hétéro-agressivité[8] : se définit par des conduites agressives extériorisées de survenue brutale parfois imprévisibles qui imposent un dommage à l’autre, qu’il s’agisse d’une altération, d’une privation ou d’une souffrance. De telles conduites agressives correspondent à une décompensation brutale d’une structure normale de la personnalité trop mise à mal par l’environnement, en lien avec les troubles de la personnalité. On appelle cela des « passages à l’acte ».

Le terme « sécuritaire »[9] : se définit par donner un sentiment de sécurité ; enlever la crainte, l’anxiété. Cela est représentatif d’un sentiment de confiance et de sûreté avec absence d’inquiétude.

L’éthique[10] : tend à élargir la signification de la morale, on l’utilise pour désigner une philosophie globale des conduites humaines. L’éthique est toujours relative :

- à la personne qui éprouve le bon ou le mauvais ;

- aux situations ;

- aux cultures.

L’éthique traite plutôt du bon et du mauvais, considérée comme valeur relative. A partir de cette définition, le questionnement éthique dans le contexte de la MCI s’avère ici particulièrement pertinent. Car l’approche des chambres d’isolement se limite souvent à un aspect pratique et réglementaire. Il s’agit de réfléchir à la manière dont l’isolement est pratiqué et non pas sur les raisons de la MCI.

- Les données chiffrées de la mise chambre d’isolement

En France, le nombre total de chambre d’isolement serait estimé à plus de 1500. Il existe peu de données chiffrées et récentes sur cette thématique. Certains hôpitaux font des statistiques au sein de leur propre institution mais l’intérêt serait d’avoir une vision plus élargie des MCI.

A défaut, je vous propose cette enquête[11] menée de 1994 à 1996 auprès de 440 infirmiers de secteur psychiatrique travaillant dans 28 hôpitaux à travers la France. Elle porte sur la durée, les motifs et les fonctions de la MCI.

La durée moyenne d’isolement est inférieure à sept jours, avec 15% de séjours de moins de 24heures. Les patients isolés le sont en général dans

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