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Etude du film Bienvenue à Gattaca

Par   •  20 Septembre 2018  •  3 381 Mots (14 Pages)  •  635 Vues

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génétique, il est normal que l’on retrouve les initiales les plus célèbres de la biologie moléculaire.

L’escalier en colimaçon dans l’appartement de Jérôme est un exemple que les jeunes ne découvriront peut-être pas, mais qu’il conviendra de leur dire : la forme de cet escalier avec ses marches sans contremarche rappelle évidemment (pour les adultes) la structure de l’ADN dont la double hélice est célèbre. Ainsi, même le décor est marqué par la génétique, et la montée à la force des bras de cet escalier par Jérôme peut être compris comme le calvaire que lui impose son patrimoine génétique trop parfait (2ème partie du film).

Le costume du personnel de Gattaca n’a évidemment rien de futuriste : ce sont des costumes trois-pièces classiques et sans aucune fantaisie. Le monde de Gattaca ressemble au nôtre, mais paraît beaucoup plu sévère et sérieux. Ce qui est frappant, c’est l’absence totale de diversité, pas un membre de Gattaca ne se distingue des autres : le costume est en fait l’uniforme de la race supérieure.

Les policiers ont l’air de policiers ! Ils semblent sortis tout droit d’un vieux film noir : chapeau mou, gabardine, couleur gris muraille. Seul leur chef, Anton, se distingue par son absence de chapeau et son manteau noir.

Les membres de l’équipe de nettoyage portent un véritable uniforme, une salopette gris clair. A l’intérieur de Gattaca, ils doivent être immédiatement visibles, repérables, explicitement désignés comme les inférieurs dans ce monde d’êtres génétiquement sélectionnés. La ségrégation théoriquement interdite est inscrite dans les costumes.

L’immeuble où habite Jérôme Morrow est un bâtiment aux lignes épurées dont le style est celui des architectures modernistes inspirées par Le Corbusier. Lignes droites, courbes parfaites et régulières, espaces largement dégagés, absence totale d’élément naturel (plante, arbre, accident de terrain…). Si la beauté et l’harmonie de ces formes épurées peuvent toucher, on ne peut que dénoncer leur froideur et leur inhumanité. L’univers de Gattaca, celui des êtres génétiquement purs auquel appartient Jérôme, est parfait, sans doute trop parfait.

On remarquera aussi l’absence totale de voisins dans ce grand espace extérieur d’où se dégage un énorme sentiment de solitude.

L’intérieur de la maison de Jérôme relève lui aussi de ce style architectural moderniste et fonctionnel avec, en particulier, cet escalier métallique à la courbe parfaite. Le reste de l’appartement est rempli de meubles métalliques, de tables lumineuses, de néons glacés, de parois translucides. Il n’y a aucune décoration sur les murs en béton, percés de meurtrières horizontales comme dans un bunker. C’est peut-être ce terme qui caractérise le mieux cet intérieur : un refuge à l’abri des regards indiscrets.

La chambre de Jérôme : on ne la voit qu’un court instant, quand Vincent le couche dans son lit. C’est la seule pièce qui contienne des meubles assez luxueux, en bois. Elle contraste avec la froideur des autres pièces.

La douche-crématoire est l’un des rares objets réellement futuristes du film. Son utilité est discutable : une simple douche ferait aussi bien disparaître les cheveux de Vincent, ses ongles et peaux mortes. Il s’agit donc d’un objet symbolique, le feu symbolisant beaucoup mieux que l’eau cette volonté de destruction de son ancienne identité.

En outre, l’objet, comme on le découvrira à la fin du film, peut aussi être transformé en instrument de mort, dont les flammes se confondront avec celles de la fusée qui emporte Vincent. Il a donc été inventé par les décorateurs du film pour permettre ce montage visuel particulièrement frappant, et pour la charge symbolique qui s’attache de manière générale au feu et à son pouvoir de destruction.

L’appartement de Vincent : on ne l’aperçoit que brièvement lorsqu’il s’entraîne physiquement et lorsqu’un trafiquant d’identités génétiques vient lui rendre visite. On remarque tout de suite le désordre qui y règne. Vincent n’est pas encore entré dans le système : le désordre symbolise alors cette liberté qui est encore la sienne.

Le bureau de Jérôme : il est perdu au milieu de dizaines de bureaux semblables, semi-circulaires, complètement ouverts au regard des autres. Le monde de Gattaca est le monde de l’uniformité et d’un contrôle permanent. Rien de personnel, rien de différent ne doit distinguer les individus les uns des autres à Gattaca.

Dans le reste de l’immeuble de Gattaca, on retrouve les mêmes lignes épurées et fonctionnelles de l’architecture moderniste. Ce qui est à remarquer, c’est l’absence totale de dégradation (pas de graffitis, rien n’est abîmé, pas le moindre signe de vieillissement). Il est vrai qu’une équipe de nettoyeurs travaille en permanence sur les lieux. Tout doit être parfait : c’est bien l’idéal développé à Gattaca.

Dans la salle d’entraînement, c’est pareil que dans les bureaux : les tapis roulants sont bien alignés, tous identiques. L’objet que les jeunes ne manqueront pas de remarquer ; c’est la sphère d’entraînement : on y retrouve la figure du cercle parfait très présent à Gattaca, figure idéale qui semble renfermer l’homme. Le cercle est une prison : ce sont les grandes roues du fauteuil roulant de Jérôme, l’endroit où joue le pianiste dans la salle de concert (2ème partie), la forme du couloir qui, à la fin du film, mène à la fusée, la forme de la porte que des techniciens vont refermer sur les astronautes.

Les costumes d’entraînement sont de longs caleçons noirs (le même pour les hommes et pour les femmes) qui couvrent tout le corps. Il s’agit là encore d’uniformes, qui masquent tout ce que le corps a d’individuel et de sensuel. Le corps est réduit à sa fonction d’outil, dont on a gommé toute dimension de désir ou d’attirance.

Le prénom de Vincent n’a en soi rien de significatif. Mais, lorsqu’on annonce au père toutes les « tares » dont il souffre, il substitue immédiatement ce prénom à celui d’abord retenu d’Anton : Anton commence par un A, 1ère lettre de l’alphabet, tandis que Vincent commence par une des dernières. Ainsi, dès sa naissance, le bébé est pratiquement rétrogradé à la dernière place.

Le second prénom de Jérôme est Eugène, un prénom dont la racine est la même qu’ « eugénisme », combinaison de la racine grecque « eu-» signifiant « bien » et « genos », la race (l’eugénisme étant la science

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