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Sénèque, apprendre à vivre. Choix de lettres à Lucilius. Lettre LXXVII.

Par   •  4 Juin 2018  •  2 913 Mots (12 Pages)  •  590 Vues

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je me suis imposé de vivre. Il est des circonstances où c’est vivre qui est courageux.».

L’auteur pense avoir un « entraînement à la mort » par rapport à sa maladie. Il se sent prêt pour le « moment ultime, car il est d’ores et déjà préparé. ». En plus de cet « entrainement », il est prêt à accueillir la mort puisqu’il n’a aucun regret par rapport à sa vie. Il l’exprime ainsi, à la lettre 61 : «Avant d’être vieux, j’ai pris soin de bien vivre. Devenu vieux, je tâche de bien mourir. Et bien mourir, c’est mourir de bon cœur».

Le plus important pour le stoïcien n’est pas la durée de la vie mais sa qualité. Il vaut mieux avoir une vie courte et riche qu’une vie longue et ennuyeuse. Comme le dit Sénèque : « Il ne faut pas chercher à vivre longtemps, mais vivre pleinement. La vie est longue si elle est pleine.», lettre 101.

Chez Sénèque, le suicide est une liberté très importante dans sa doctrine morale.

Il n’y a que dans certains cas bien spécifiques qu’il recommande le suicide tel que :

pour éviter la dégradation psychique.

quand l’honneur est atteint.

quand nous ne sommes plus utiles pour les autres et pour la communauté.

pour échapper à tout état de servitude, comme l’esclavage.

Cependant Sénèque n’a aucune indulgence pour ceux qui se suicide par passion, lâcheté et dégoût de la vie. Il le rappelle à Lucilius en citant Epicure : « Il est ridicule de courir à la mort par dégoût de la vie, alors que c’est ta façon de vivre qui fait que tu y as été obligé. »

A travers la lettre 77, Sénèque ne fait que révéler la véritable vision du stoïcisme : il n’y a rien d’inachevé dans la vie, ni de regret à vouloir mourir lorsque celle-ci semble avoir été pleinement vécue.

Jean-Marie Guyau a d’ailleurs dit : « Mourir, se délasser de cette tension, de cet effort sans but et sans fin qui constitue la vie même, tel est le dernier mot du stoïcisme. ».

L’auteur donne des conseils à Lucilius et en même temps fait une rétrospection de sa propre vie, de lui-même. Ainsi, nous nous retrouvons face à une double méditation, le philosophe et son lecteur.

II-Les leçons du maître à son disciple.

Au fil de l’œuvre, à la manière de Socrate, le maître parle, invite le disciple à suivre un raisonnement que ce dernier ne peut qu’approuver tant il est logique et progressif. Tout comme les dialogues rapportés par Platon sont en fait des leçons de philosophie. Ainsi Sénèque pense à haute voix, se parle à lui-même autant qu’il s’adresse à Lucilius.

a) A la découverte de la lettre.

Vers 63-64, Sénèque écrit ces lettres qui forment à la fois un journal épistolaire mais résonnent aussi comme un testament spirituel, le bilan d’une vie.

Alain Golomb évoquant Sénèque et cette œuvre dit : « Dans un climat d’urgence et de sérénité, de détachement et de lucidité extrême. Aucun doute, le meilleur, le plus clair, le plus aigu de lui et là. ».

Cent vingt-quatre lettres développant un projet de « direction de conscience » qui excède largement les possibilités d’un enseignement par correspondance. L’enjeu est d’instruire Lucilius, de l’amener vers la sagesse, et pour ce faire, Sénèque conduit une formation théorique par la doxographie (consistant à reproduire et souvent commenter les propos, les opinions et écrits de penseurs antérieurs et surtout de la Grèce antique.). Ainsi il nourrit l’examen des questions en évaluant les réponses de la tradition philosophique. Et une formation pratique en apprenant à Lucilius l’art de méditer sur les événements, les réflexions qu’ils suggèrent avec les choix éthiques qu’ils impliquent. Ainsi, les lettres prennent l’allure d’un journal philosophique, où il y est évoqué de graves sujets. Il se convainc autant qu’il voudrait convaincre.

Nous pouvons remarquer les différents mouvments de la lettre. Ainsi le1et 2ième paragraphe indique l’arrivée de la flotte au port. Le 3ième paragraphe l’état d’âme de l’auteur, le bilan d’une vie. Le 4ième paragraphe, Sénèque évoque Tulius Marcellinus qui souhaite mourir

Du 5ième au 8ième, les conseils d’un ami commun stoïcien pour aider Marcellinus à finir sa vie.

Dans le 9ième paragraphe, Marcellinus se donne une douce mort et par là fera peut-être des émules. Du 10 ième au 18ième paragraphe, Sénèque analyse s’interroge et en conclut. Il raconte des anecdotes pour appuyer sa réflexion. Interrogeant Lucilius sur sa propre manière de voir les choses. Expliquant cette lassitude de vie après une orgie de vie.

Et pour finir, du19ième au 21ième paragraphe, de nouvelles anecdotes laissent place à une moralité, un précepte de vie.

Dans un discours ancré dans le dialogue et non pas dans la narration, augmente l’impact de l’argumentation du maître à son disciple, rend son discours plus vivant afin d’interpeller le lecteur, quel qu’il soit.

La première référence de la lettre est « la population de Putéoles » qui se trouve être les habitants de la ville de Pouzzoles, au bord de la mer à l’Ouest de Naples en Campanie.

« Pallas » titan de la mythologie grec, fils de Gaia qui lutta contre les dieux de l’Olympe. Dans une autre traduction de cette lettre, au lieu de « Pallas » il est mentionné « Minerve » qui est Athéna par syncrétisme. (Système philosophique ou religieux qui tend à faire fusionner plusieurs doctrines différentes.)

Sénèque, à maintes reprises, interroge Lucilius sur les réactions et les sentiments éprouvés au moment de la mort. Les réponses de celui-ci semblent implicites et Sénèque en conclue finalement, que tout cela n’est que « Pure perte ».

La présence permanente du « tu », au futur ou au subjonctif exhortatif sous la forme de l’incise inquis permet d’introduire des interrogations, impliquant davantage le destinataire.

Nous pouvons ressentir le sentiment de résignation lorsque celui-ci évoque : « Il y a déjà longtemps que je n’ai rien à perdre, rien à gagner. » l.26 à 28. Il sent que sa fin est proche, il le montre par cette métaphore : « Si peu que je possède, j’aurai de toute façon plus de provision pour la route que de route à faire. ». l.30 à 32. Son avenir est à ses dires plus court que

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