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Scène d'exposition du Mariage de Figaro

Par   •  13 Juin 2018  •  2 291 Mots (10 Pages)  •  549 Vues

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Suzanne : son vêtement est important : sa coiffe la place a priori dans la catégorie des ingénues ; son "juste blanc à basquines" (chemisier ajusté au corps et prolongé à la taille par de petites basques, parties découpées et tombantes) est caractéristique des paysannes. Néanmoins, son vêtement est "très élégant", ce qui se justifie le jour de son mariage.

Le spectateur apprend son nom à la 5e réplique de la scène et sa fonction est indiquée par F : "La nuit, si Madame est incommodée, elle sonnera de son côté : zeste! en deux pas tu es chez elle". Elle est "camariste", femme de chambre de la Comtesse. Elle est proche de la suivante traditionnelle de la comédie.

Par ailleurs Suzanne est coquette : elle apparaît devant un miroir, elle demande son avis à F sur son chapeau de mariée, elle arrange ses vêtements ("se défripant").

Elle est spirituelle : elle joue particulièrement bien de l'ironie, usant d'adj qualificatifs qui créent des antiphrases à propos de Bazile : "le loyal Bazile", "honnête agent de ses plaisirs", "mon noble maître à chanter", "noble" étant ici une épithète à valeur morale (= vil, puisqu'il y a antiphrase). À la fin de la scène, elle s'amuse à créer une distance fictive entre F et elle en l'appelant "monsieur" et en le vouvoyant.

Son esprit se manifeste aussi d'autres façons. Elle est enjouée et très habile dans le maniement du vocabulaire et de la rhétorique. Elle reprend les termes utilisés par F ; à son imitation elle se sert du rythme ternaire mais retourne la situation au profit du Comte qui devient sujet des verbes. Elle laisse inachevée sa phrase comme l'indiquent les points de suspension : libre à F d'imaginer la suite! Elle use adroitement de la litote : "ce logement ne nuira pas (aux vues du Comte", cad qu'il leur sera très profitable.) Elle se moque de la crédulité de son fiancé : "Tu croyais, bon garçon, que cette dot qu'on me donne était pour les beaux yeux de ton mérite?" "Bon garçon" : naïf. Ici le Comte donne cette dot pour les beaux yeux de Suzanne au sens propre, et de manière intéressée. Elle s'amuse aussi à opposer "amant" et "mari".

Le rôle de Suzanne : celui de la suivante pleine d'esprit mais elle n'est pas effrontée comme le sont souvent les soubrettes de théâtre.

- couple de maîtres in abstentia : le Comte et la Comtesse (Rosine) ; déjà connus du public (BS) + Bazile

Présentés indirectement à travers les propos de F et de Suzanne.

Le Comte Almaviva est un libertin. Au 18e s., un libertin est libre quant à sa manière de penser et libre quant à ses mœurs. Le libertinage du Comte (c'est même celui de Beaumarchais) est "normal" dans le milieu social où il évolue. La présentation indirecte du Comte est indispensable. Dans le BS, c'était le jeune premier passionnément épris de Rosine, qui l'enlevait à la barbe de son tuteur, le vieux docteur Bartholo qui prétendait épouser lui-même sa pupille. Il est indispensable de prévenir le spectateur du changement psychologique du personnage, encore que, dans le BS, était évoqué son libertinage à la Cour. On devine que les années ont passé.

La Comtesse fait partie des "épouses délaissées", mais elle espère qu'il lui reviendra comme le montre l'importance qu'elle accorde à la superstition : "elle m'a bien recommandé d'être la première à lui parler le matin de mes noces" ; l'adverbe "bien" témoigne de son insistance.

Bazile : maître à chanter (BS), allié du Comte. Il est égal à lui-même : comme dans le BS, il est maître à chanter et ses services vont au plus offrant ; rien ne le rebute sur un plan moral. Ce n'est pas un personnage problématique, il est prédéfini, prédéterminé. Il reste un rôle (le gredin, l'entremetteur), défini par le code théâtral.

II- 1 scène particulièrement animée (visuellement et verbalement)

1) un début "in medias res"

Comme beaucoup de pièces, celle-ci commence en plein milieu de l'action : Figaro "mesure le plancher", et Suzanne finit de se coiffer.

⇨ participe de la rapidité de cette scène d'exposition

2) des personnages en mouvement

- les pers. jouent d'abord une scène muette ⇨ pantomime

cette avant-scène : un tableau vivant

importance du visuel pour B.

ce souci d'expressivité par le geste est caractéristique du drame

- puis le mouvement accompagne la parole

"que mesures-tu?", "F. lui prend les mains", "S se retire", il faut imaginer le jeu de l'acteur qui accompagne le verbe "tinter" (X2).

⇨importance de la gestuelle

3) un dialogue vivant

- 9 répliques proches des stichomythies (depuis "Dans cette chambre?" à "Si je n'en veux rien dire?")

⇨ accélération du rythme

ping pong verbal, système de questions/ réponses

Le questionneur est tantôt Suzanne, tantôt Figaro.

Les propos s'enchaînent très rapidement, souvent par la reprise d'un mot ou d'une expression : "Eh! qu'est-ce qu'il y a? Bon Dieu? — Il y a, mon ami…", "Tu sais s'il était triste! — Je le sais tellement…"

Le style de l'auteur est étudié, et paradoxalement, l'effet produit est le naturel.

- 1 dialogue est mené par Suzanne (elle mène le jeu, c'est elle qui sait), et animé par F qui passe par tous les états.

Il s'impatiente devant les silences et les sous-entendus de Suzanne, puis s'énerve et finit par jurer : "Et qu'est-ce qu'il y a? bon Dieu?"

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