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Princesse de Clèves, Mme de la Fayette

Par   •  14 Octobre 2018  •  1 907 Mots (8 Pages)  •  480 Vues

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qu’il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner » mentionne l’attitude habituelle des mères qui dissimulent les dangers de la séduction. La phrase longue qui vient après, composée de courts segments séparés de point-virgules déclare au discours narrativisé que Mme de Chartres, au contraire, ne cache rien à sa fille. L’anaphore de « elle lui » insisite sur l’implication de Mme de Chartres dans l’éducation de sa fille. Mme de Chartres oppose deux attitudes : d’une part, l’attitude des « hommes » que le pluriel englobe dans une catégorie générale, ils sont considérés comme des séducteurs dont « leurs tromperies et leur infidélité » traduisent leur « peu de sincérité » ; et d’autre part, l’attitude des femmes  qui se laissent abuser par ces séducteurs. Par opposition à ce schéma, Mme de Chartres oppose l’« honnête femme ».

C)

Mme de Chartres explique à sa fille ce qu’est l’« honnête femme ». Il s’agit d’un singulier phénomène suffisamment rare pour être remarqué et le texte oppose ce singulier au pluriel « les malheurs domestiques » comme pour suggérer que la plupart des femmes de la cour sont entrainées aux « malheurs ».

Pour Mme de Chartres, la condition du bonheur est « aimer son mari et d’en être aimée ». Le mariage semble être le seul aboutissement de la vie d’une « honnête femme » et la réciprocité de l’amour dans le mariage permet le bonheur. L’« honnête femme » est très respectueuse de la vertu, mais Mme de Chartres précise bien qu’il est « difficile de conserver cette vertu », indiquant qu’il s’agit d’un combat permanent. Elle met ainsi en relief la faiblesse des femmes soumises à la tentation du péché et invite sa fille à une « extrême défiance de soi-même ».

Mme de Chartres se consacre ainsi à un enseignement complet et très habile car elle ne cache pas à sa fille les malheurs à être infidèle mais elle ne lui masque pas non plus ce qu’il peut y avoir « d’agréable ». Tout cela pour la « persuader » de choisir la vertu en pesant le bonheur face au malheur.

III.

En dépit de cette perfection qu’incarne Mlle de Chartres, son portrait annonce un destin tragique.

A)

Différentes expressions laissent présager un destin hors du commun : dès son entrée à la cour, Mlle de Chartres « attira les yeux de tout le monde », « donna de l’admiration dans un lieu où l’on était si accoutumé à voir de belles personnes » et constitue « un des plus grands partis qu’il y eût en France ». Mme de Chartres, sa mère, consciente des qualités exceptionnelles de sa fille, ambitionne un mariage tout aussi exceptionnel comme le suggère l’expression «  elle ne trouvait presque rien digne de sa fille ». Tout cela suggère que Mlle de Chartres est appelée à une union prestigieuse. Le mariage est en effet évoqué directement ou indirectement à plusieurs reprises dans ce portrait. De fait, le titre du roman annonce qu’elle deviendra « princesse de Clèves », titre de très haut rang dans l’aristocratie.

B)

Cependant ce portrait de Mlle de Chartres fait apparaître son tout jeune âge : elle est d’une « extrême jeunesse ». Sa présentation à la cour se décide dans sa « seizième année ».

Malgré l’excellente éducation que lui a donnée Mme de Chartres, elle n’a pas d’expérience de la vie mondaine, pas plus qu’elle n’a d’expérience des tentations de l’amour. Elle dégage ainsi une forme d’innocence et de fragilité liée à sa méconnaissance concrète de la cour et des passions qui s’y jouent car elle n’en a eu qu’une approche théorique par le biais de sa mère, ce qui ne saurait suffire à la protéger. Mlle de Chartres sort ainsi d’un cadre protecteur pour être plongée dans les méandres des intrigues de cour.

C)

Enfin, Mme de Chartres conseille à sa fille de rester éloignée des « engagements », c’est-à-dire des liens qu’elle pourrait établir avec les hommes qui pourraient tenter de la séduire après son mariage, car ils ne lui apporteront que des « malheurs domestiques ». Ce premier conseil est annonciateur de l’amour-passion qu’elle va connaître pour le duc de Nemours après avoir été mariée au prince de Clèves pour qui elle n’a qu’estime et admiration.

De même, Mme de Chartres conseille à sa fille d’avoir « une extrême défiance de soi-même », c’est-à-dire de se méfier des sentiments inconvenants qu’elle pourrait avoir pour un autre que son mari. Cela suggère qu’elle luttera, telle une héroïne tragique, tout au long du roman contre ses propres sentiments. Le principe « d’aimer son mari et d’en être aimée » restera pour l’héroïne une source de souffrance puisque le prince de Clèves lui vouera un amour sincère et constant alors qu’elle n’éprouvera jamais un tel sentiment à son égard.

Mlle de Chartres est donc promise à une union prestigieuse mais malgré ses qualités exceptionnelles, elle reste jeune et inexpérimentée de la vie mondaine. Les exigences de l’amour conjugal que sa mère oppose à l’amour-passion suggèrent qu’elle sera tenaillée, déchirée entre son sens indéfectible de l’honneur et l’amour impossible qu’elle éprouvera pour le duc de Nemours tel un dilemme dans la tragédie. 

Conclusion

    Ce portrait de Mlle de Chartres laisse présager un destin exceptionnel car il la présente comme l’incarnation de la perfection par sa « beauté parfaite », son appartenance à la haute noblesse reflétant sa noblesse de cœur, sa pureté et sa vertu qui lui viennent de l’éducation irréprochable qu’elle a reçue de sa mère. Sa mère, Mme de Chartres, a donné toute son énergie et sa sagesse pour la préparer à la vie de cour et l’inculquer les valeurs de l’« honnête femme ». Elle est donc appelée à un mariage d’exception. Cependant, son jeune âge, sa fragilité, son manque d’expérience à la vie mondaine et les exigences de l’amour conjugal opposé à l’amour-passion par sa mère annoncent plutôt un destin tragique à l’héroïne. En effet, elle se mariera au prince de Clèves et deviendra princesse mais tombera réellement amoureuse du duc de Nemours. Toutefois, malgré son déchirement

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