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Objet d’étude: Le personnage de roman, du XVIIème siècle à nos jours.

Par   •  28 Mai 2018  •  1 668 Mots (7 Pages)  •  573 Vues

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personne » ligne 15, « les maisons semblent abandonnées » ligne 17, la ville est morte habitée par « seulement quelques chiens au poil hérissé » (ligne 16) et puis « les blattes et les rats ». La ville est déshumanisée et en devient angoissante.

Tout d’abord, Le Clézio nous guide sur le parcours de Lalla. Elle est donc le sujet principal de la narration. Son prénom revient énormément dans le texte, en effet, on compte pas moins de 9 occurrences du prénom de la jeune fille, sujet des verbes. Le point de vue est omniscient et interne, puisque l’on connait les sentiments et les pensées de la jeune fille. A la ligne 4 « la couleur rouge résonne dans (sa) tête «  et à la ligne 21, elle « a toujours peur ».

De plus, Le Clézio utilise des verbes d’action puis des verbes de sensation « penser », « reste là à regarder » (ligne 26), « peur » (ligne 21). Elle est seule, car « il n’y a personne dans les rues » (ligne 15) dans lesquelles « les maisons semblent abandonnées » (ligne 17). Le champ lexical de la solitude entre en résonance avec celui du désarroi: « les fenêtres sont (…) fermées », « les volets sont tirés », « les rues (sont) silencieuses » (ligne 30) et « elle s’en va » (ligne 25). Lalla est perdue et est une étrangère aux yeux de la ville de Marseille. Cette ville lui fait très peur, elle ne se sent pas en sécurité.

Enfin, Le Clézio nous fait part de la description de la ville en utilisant les cinq sens. On relève le touchée « les pierres sont humides et glissantes » (ligne 19), « le vent qui passe par rafale » (ligne 30), le goût « haleine de mort » (ligne 19), la vue « signes écrits à la craie » (ligne 3), l’ouïe « résonne dans la tête de Lalla » (ligne 5) « un bruit de sirène » (ligne 5) « entend » (ligne 23) et l’odorat « égout qui sent fort » (lignes 1à2). Tous les sens sont présents dans ce texte, ce qui signifie que cette ville met Lalla dans tous ces états et l’a fait entrer dans le monde de l’étrange.

Tout d’abord, le fantastique est une incursion dans un monde réel et réaliste d’évènements troublants et extraordinaires, comme par exemple la peur en ce qui concerne la jeune fille « Lalla a toujours un peu peur » (ligne 21), « le dôme lui fait peur » (ligne 28), « comme s’il y avait une menace » (ligne 28). C’est une peur qui la force à se hatter, elle se dépêche, elle veut à tout prix échapper à la menace le plus rapidement possible. Le rythme du récit s’accélère. Les phrases deviennent plus courtes entre le 2ème paragraphe et le dernier. L’hyperhypotaxe de la ligne 25 à 27 fait place à de la paradoxe à la ligne 29. La syntaxe de Le Clézio mime les actions du personnage.

Ensuite, une manifestation physique apparaît après la peur: c’est l’angoisse « la sueur coule toujours sur son front » (ligne 14), des éléments de menace sont présents tels que les « chiens au poil hérissé » (ligne 16), « des grillages, des barreaux » (ligne 17), « les maisons semblent abandonnées » (ligne 17). Il y a ici un paradoxe entre sa sueur qui lui pique ses aisselles et le froid qui rôde dans la ville. C’est une angoisse morale qui devient physique. Les actions qui s’accélèrent témoignent de la panique de Lalla. Victime d’hallucinations, elle voit et entend ce qui ne semble pas réel. Ainsi, « les corps invisibles » ressemblent pour elle, grâce à la comparaison, à des « dépouilles sans tête » (ligne 32). Lalla est non seulement menacée par une ville angoissante mais par ses propres sensations. Les bruits stridents de la « sirène » (ligne 5) et du « sifflement » (ligne 5), atteignent métaphoriquement son esprit et la font vaciller vers un monde cauchemardesque.

Et enfin, Le Clézio nous montre que symboliquement la ville est un labyrinthe qui dessine topographiquemt une descente aux enfers. Il y a même une opposition entre l’anabase verbale « elle remonte » et la catabase « elle redescend » au monde des enfers. Le vocabulaire de la mort rôde « os brisés » (ligne 8), « tâches rouges » (ligne 7), « mouches » (ligne 4), « froid de mort » (ligne 18), « haleine de mort » (ligne 19). Tous les êtres de la ville sont apparemment morts, ils sont prisonniers de leur propre monde. On trouve un réseau lexical de l’emprisonnement et de l’absence de liberté où symboliquement les Hommes perdent leur humanité, ils ne sont que des ombres dans une ville dirigée par les animaux, « les blattes et les rats » (ligne 37). La ville de Marseille déshumanise les êtres et est une allégorie de toutes les villes.

Ainsi, le parcours de Lalla ressemble à un initiation. L’héroïne donne à voir une ville bien loin de l’idéal rêvé, une cité morte, presque cadavérique. Le réalisme de la scène s’est transformé en monde fantastique révélé par les hallucinations étranges d’une jeune fille apeurée. Marseille devient ainsi le symbole d’une prison infernale qui réduit l’homme à une ombre. Le Clézio réalise dans Désert une peinture de la ville mortifiée, lui qui en 1997 écrit Gens de Nuages un journal de voyage qui dit son goût par

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