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Leçon sur la temporalité dans La Fortune des Rougon de Zola

Par   •  2 Juillet 2018  •  4 079 Mots (17 Pages)  •  450 Vues

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Plassans. La population ouvrière et la bourgeoisie ne fait plus allégeance aux rois dits légitimes. L’Histoire, représentée ici par cette référence à la révolution de 1848, comme repère à l’histoire est remarquabe à travers cet exemple : « Trois ans avant la révolution de 1848, Pierre et Félicité quittèrent leur maison de commerce. » (P. 116). (Le narrateur aurait pu dire tout simplement 1845, mais il a, peut-être, choisit « Trois ans avant la révolution de 1848 » pour rattacher le récit fictif à celui historique, l’histoire à l’Histoire). L’on rencontre aussi des allusions à la veille du coup d’état de 2 décembre 1851 par exemple dans la phrase suivante « On était dans les premiers jours de décembre 1851. » (P. 35). Ce renvoi à la veille du coup d’état peut être considéré comme le point de départ de l’histoire (la fable, la diégèse) de La Fortune des Rougon qui commence par « Un dimanche soir… » (p. 35) et c’est justement à la fin du roman qu’on assiste la mension directe du coup d’état : « Ces grands inassouvis (…) des Rougon. » (p. 450) (évoquer aussi l’entrée des Rougon dans la scène politique P.P. 126 et 128)

Bref, on peut avancer à partir du précité que le temps historique sert de cadre, de toile de fond à l’histoire et permet à cette dernière un ancrage dans la réalité (historique et politique) de l’époque et ce à travers la convocation de plusieurs événements historiques tels que les deux révolutions de 1830 et 1848 ainsi que le Coup d’état de 02 décembre 1851. Si l’en est ainsi du temps historique dit externe qu’en est-il alors du temps fictif dit interne dans lequel vivent et évoluent les personnages ?

Le temps fictif c’est-à-dire le temps de l’histoire (le temps raconté), quant à lui, il commence après la longue histoire (et description) de l’aire Saint-Mittre et ce à partir de la page (35) par l’indication temporel suivante : « Un dimanche soir, vers sept heures, un jeune homme sortit doucement del’impasse Saint-Mittre… » A vrai dire, il existe deux variantes du temps fictif renvoyant chacune à une histoire dans La Fortune des Rougon. Il s’agit d’une part du temps de l’amour de Silvère et de Miette (temps qu’on peut qualifier de romantique) et d’autre part du temps de la lutte politique. S’agissant du temps de l’idylle (temps romantique, idyllique), il permet de marquer la naissance et l’évolution de la relation amoureuse de Silvère et de Miette. Laquelle commence ainsi : « un jour, la poulie se fendit (…) Ils n’avaient pas échangé une parole. Silvère oubliait même de dire merci.

« Comment t’appelles-tu ? demanda-t-il… » P.P. 260-262.

Bien sûr ladite idylle va se développer dans le reste du roman au fil des rencontres des deux amoureux.

Le second versant du temps fictif dit temps de la lutte politique commence justement à partir du moment où Plassans se divisent sur le plan politique en deux camps : les royalistes et les républicains. Comme en témoigne à juste titre ce passage au début de la page (123) : « Puis un étrange revirement eut lieu (…) au triomphe d’Henri V. » Le temps de la lutte politique est surtout perceptible lors de l’arrivée des insurgés républicains à Plassans comme le souligne le début du troisième paragraphe de la page (230) : « Il était près de Onze heures du soir (…) par la force. » Cette intrusion des révolutionnaires par la force suggère un antagonisme politique entre républicains et réactionnaires. Lequel antagonisme transparaîtra davantage lors de la rencontre des révolutionnaires républicains et des réactionnaires. Rencontre qui se place sous le signe de l’exclusion en ce sens que les deux ne peuvent pas détenir le pouvoir en même temps. La montée des un implique automatiquement la descente des autres comme le montre le passage suivant : « Et comme M. Garçonnet (…) vous casser de vos fonctions. » (P.P. 232-233).

Toutefois, lesdits temps à savoir celui idyllique et celui de la lutte politique ne s’excluent pas. Bien au contraire ils se recoupent voire se côtoient dans La Fortune des Rougon. Ce croisement des deux temps commence dans ce roman à partir du moment où Miette décident de rejoindre les insurgés en portant le drapeau. Comme nous pouvons le lire dans ce passage : « A côté d’elle se tenait debout (…) la Chantegreil portera le drapeau. » (P. 70) Ainsi, en rejoignant la bande des révolutionnaires Miette rejoint-elle en même temps son amant insurgé Silvère. Il s’ensuit que le temps de l’amour rencontre/ croise celui de la lutte politique : le moment où Miette a porté le drapeau renvoie au temps de la lutte politique et sa participation à celle-ci. Or, le passage suivant où elle sert la main de son amant Silvère réfère au temps idyllique : « On l’eût acclamée (…) Tu veux bien ? » (P. 71) Nous pouvons noter, dans ce même ordre d’idées, que le temps de la lutte politique empiète sur le temps idyllique, le surprend, le rattrape comme nous le lisons dans ce passage : « C’était là qu’ils avaient osé se baiser sur les joues (…) Brusquement, Silvère leva la tête (…) « Ce sont eux ! » s’écria Silvère dans un élan de joie et d’enthousiasme. » (P.P. 58-59)

Pour tout dire, le temps fictif est compsé du temps de l’amour et de celui de la lutte politique. Ces deux temps se croisent par endroits dans La Fortune des Rougon.

Aux deux temps susmentionnés (temps historique et temps fictif) vient s’ajouter un troisième temps que nous baptisons temps subi. Nous désignons par temps subi ce temps d’attente, d’incertitude et d’indécision que les personnages ne vivent pas mais subissent au contraire. C’est, à titre illustratif, ce temps pendant lequel les Rougon (Pierre et Félicité) étaient dépassés par les événements, ce moment où ils manquaient d’informations leur permettant d’agir, de prendre un parti, de se décider. Moment que traduit le passage suivant : « Elle ferma violemment la fenêtre (…) des événements. » (P. 374) C’est également ce moment de désepoir qu’endurent les deux personnages à court d’informations quand Eugène cesse de les mettre au courant du climat politique à Paris (du centre) comme le souligne les deux fragments suivants : « « Et ce diable d’Eugène qui ne m’écrit pas ! » s’écria Rougon dans un élan de désespoir, sans songer qu’il livrait à sa femme le secret de sa correspondance. » (P. 374) et plus loin : « Félicité se sentit glacée ; le silence de son fils tuait ses dernieres espérances. » (P. 375)

En somme, la chronographie (écriture, enregistrement du temps) de La Fortune des Rougon se place sous le signe de la

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