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Les liaisons dangereuses, Laclos

Par   •  20 Juin 2018  •  3 263 Mots (14 Pages)  •  706 Vues

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demande d’avoir honte non pas de ce qu’elle a fait avec Valmont mais de son comportement enfantin qui paraîtrait stupide aux yeux de n’importe qui de sensé. Cette manière de faire la repousse encore plus dans la solitude de sa situation car, on le sait par sa lettre, elle ne peut en parler à personne, et en plus la seule personne à qui elle peut parler se moque allégrement d’elle.

Madame de Merteuil va jusqu’à lui dire que c’est ce qu’elle, Cécile, voulait : « Il vous apprend ce que vous mourriez d’envie de savoir ! » (p.332), insinuant par là que Cécile ne sait pas ce qu’elle se veut.

La Marquise en profite pour réduire l’amour physique à une dérision totale qui peut être partagé avec n’importe qui et non gardé pour le seul Chevalier qui fait battre le cœur de Cécile. Elle la réduit à un personnage de roman pathétique (p. 333) qui se créée des problèmes là où il n’y en a pas.

Le coup de grâce est porté par l’usage du terme « Maman » (p. 333) que l’on pourrait tout à fait écrit de nos jours par « Môman » le ô marquant physiquement l’ironie.

c) La Marquise fait croire à Cécile qu’elle ment et qu’elle se ment à elle- même

La Marquise utilise encore un autre élément pour brouiller les idées de Cécile. Elle reprend les failles que font paraître la franchise de Cécile dans sa lettre quand elle parle de ce qu’elle a ressenti lors de cet épisode avec Valmont et qu’elle reprend dans sa propre lettre, indiqué par l’italique, afin de s’en servir pour traiter Cécile de menteuse.

« Là, ce trouble qui vous empêchait de faire comme vous disiez, qui vous rendait comme fâchée quand Valmont s’en est allé, » (p. 334) reprend « et ses façons de dire auxquelles on ne sait comment répondre » (p. 334)

Madame de Merteuil fait croire à Mademoiselle Volanges que cette dernière ne dit pas la vérité sur ce qu’elle a ressenti pendant cet épisode avec Valmont. Elle pousse Cécile à prendre conscience qu’elle a eu du plaisir à coucher avec Valmont. Elle va par ce fait, contre l’éducation religieuse de Cécile qui prohibe le plaisir charnel.

En accusant Cécile de mensonge, Madame de Merteuil la met devant un péché extrêmement honteux. Ce faisant elle rend le plaisir charnel au contraire, presque admissible, voir permis, et ceci va tout à fait dans le sens de son projet qui est de perdre la réputation de la jeune femme.

2) Comment Madame de Merteuil s’y prend-elle pour détourner le monde qui l’entoure et tromper Cécile ?

a) Utilisation de sa relation privilégiée avec Madame Volanges

On sait que Madame de Merteuil a répondu successivement à deux lettres. Une à Mademoiselle Volanges et l’autre, à Madame Volanges. La réponse faite à Madame Volanges apparaissant dans le roman avant la réponse faite à Mademoiselle, le mensonge de Madame de Merteuil apparaît tout de suite au lecteur.

« Savez-vous ce que vous avez gagné à celui que vous avez pris ? » (p. 335) Jusqu’à « votre aveugle crédulité. » (p. 335).

La Marquise fait passer la mère de Cécile, qui on le sait, souhaitait céder à sa fille et la laisser épouser l’homme qu’elle aimait, pour une femme sans scrupule qui ferait de fausses promesses (épouser Danceny) dans le but d’apprendre ce que cache sa fille.

Ce paragraphe utilise beaucoup le champ lexical de la « vérité ». Les expressions telles que «sûre», «aveu», «engager à parler» et «répondiez selon votre cœur» sont utilisées par la Marquise, ce qui aide Cécile à ne pas penser que ce qui est exprimé là, n’est en fait qu’un mensonge.

De plus, en détruisant l’image de la mère « aimante et protectrice » et en y mettant à la place l’image que l’on a généralement dans les comtes, de la marâtre, Madame de Merteuil se place à nouveau comme le repère solide et fiable de Cécile. Après tout, c’est elle qui l’averti du piège que va lui tendre sa mère. On pourrait même aller jusqu’à dire que Madame de Merteuil se place là comme la mère de substitution. Et en poussant la réflexion encore un peu plus loin, la première partie du nom de la Marquise « Mer » la prédisposait à jouer un rôle matriarcal dans ce roman.

b) Détourne les valeurs

Cécile a eu une éducation religieuse. Dans la religion catholique, l’acte amoureux n’intervient qu’une fois le mariage établi et ne doit pas être pratiqué par plaisir mais dans le but de procréer. Madame de Merteuil connaît parfaitement les valeurs religieuses qui sont celles de son époque et qu’elle prétend, en général, suivre. Dans cette lettre cependant, elle explique tout autre chose à Cécile.

« Mais si vous ne vous formez pas davantage, que voulez-vous qu’on fasse de vous ? Que peut-on espérer, si ce qui fait venir l’esprit aux filles, semble au contraire vous l’ôter ? » (p. 333)

« Ce qui pour tout le monde serait un plaisir, » (p. 334) jusqu’à « la soutenir par de pareils moyens ! » (p. 335)

« Une fois plus contente de vous, votre maman vous mariera enfin ; » (p. 335) jusqu’à « quant vos Religieuses vous faisaient dîner à genoux. » (p, 336)

La Marquise utilise à nouveau le peu d’expérience de Cécile pour lui prouver qu’il est normal pour elle d’avoir des amants et qu’au contraire, plus elle en a mieux elle saura

satisfaire Danceny, puisqu’elle aura acquis de l’expérience. Tout le vocabulaire utilisé dans ces passages se rapporte au plaisir et au contentement. De plus, le débit est rapide et les évènements futurs rapportés s’enchaînent facilement (la mère plus contente amène un mariage qui amène plus de liberté) dénotent une impression d’exaltation qui poussera Cécile à croire à ce qui est dit et à trouver normal ce que jusqu’alors, elle trouvait honteux.

c) Dissimulation et ruse

La marquise, qui disons-le, forge le caractère de Cécile à sa propre image, lui demande finalement d’apprendre à dissimuler ses pensées et à ruser afin de berner sa propre mère.

« Cette ruse qu’elle veut employer contre vous, il faut la combattre par une autre » (p. 335)

« P.-S. – A propos, j’oubliais... » (p. 336) jusqu’à la fin de la lettre.

Dans le premier passage à page 335, la Marquise dépeint Madame Volanges comme une femme trop présente et étouffante qu’il faut essayer d’évincer en lui faisant croire qu’elle a raison. Cette manière de voir la mère de Cécile

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