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Les Caractères - La Bruyère Livre X, Remarque 29

Par   •  30 Novembre 2017  •  2 209 Mots (9 Pages)  •  4 430 Vues

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LB donne l'impression que ses questions laissent le choix, mais en réalité, ce n'est pas le cas. Je rappelle la question posée : « quelle condition VOUS PARAIT la plus délicieuse et la plus libre, ou du berger, ou des brebis ? ». On a ici le verbe d'état « paraître » qui, à la suite de tous les verbes d'action énoncés précédemment, marque une rupture. La conjonction de coordination redoublée « Ou... Ou... » appuie également l'idée de choix. Mais tout le discours énoncé en amont rend les réponse en faveur du Roi caduques.

La tournure en alternance de la deuxième question s'apparente à un chiasme. « Le troupeau est il fait pour le berger, ou le berger pour le troupeau ? ». LB appuie sur l'ambiguïté, le renversement des rapports de force entre « le troupeau » et « le berger ». Par la mise en scène du berger, il fait l'éloge d'un idéal qui n'est pas celui qu'ils vivent. C'est donc une critique du Roi.

LB qualifie lui-même sa parabole « d'image naïve » avant de citer pour la première fois les mots correspondant au sens réel de son apologue, c'est à dire « des peuples et du Prince qui les gouverne ». Il met ensuite directement en question la qualité de ce prince en terminant son paragraphe par la conjonction « si », introduisant une condition : « S'il est bon prince ». Ce qui apparemment n'est pas sûr...

3ème mouvement : (~5 min)

Dans le dernier paragraphe qui correspond au 3ème mouvement, LB aborde le thème du luxe dans le milieu royal. Il est assez bien placé pour en parler puisqu'il a pu l'observer lorsqu'il était précepteur chez les Grands et à la Cour. Les images du luxe sont très présentes dans ce court paragraphe, le mot « Or » est répété pas moins de 5 fois. La parabole du début est poussée à l'outrance et le berger, pourtant figure de l'humilité, est ici affublé d'habits et d'accessoires extravagants. Même son bâton de berger devient d'or : « La houlette d'or en ses mains ». Dans le Dictionnaire du Mauvais Langage, La Houlette s'oppose directement au sceptre, qui est l'emblème de la royauté et symbolise la grandeur et la puissance. Cette opposition ne fait que renforcer l'écart qui sépare la vision que se fait LB d'un bon Roi et la réalité du Siècle.

Le « Chien », avec son « collier d'or » et « sa laisse d'or et de soie » représente quant à lui les courtisans qui vivent dans le luxe mais sous la houlette du Roi.

Une dernière question est posée à la fin du paragraphe, cette place finale dans la remarque lui donne d'ailleurs une importance toute particulière : « Que sert tant d'or à son troupeau, ou contre les loups ? ». A la vue de tout ce qui a été annoncé précédemment, la réponse coule de source et l'on est évidemment invité à répondre « à Rien ». LB, après avoir fait passer le lecteur du rôle de témoin à celui d'impliqué, le fait maintenant devenir Complice de la réflexion et l'invite à partager son point de vue critique.

CONCLUSION + OUVERTURE : (1 à 2 min)

On ne peut pas dire que LB soit opposé à la monarchie. Dans ce texte, il dénonce les abus du Roi et de la cour mais pas le principe de la monarchie en lui-même. Mais cela reste une critique sérieuse des monarques de son temps, et je dis bien de son temps car la remarque est vraiment ancrée dans son époque. C'est ce qu'il a voulu et ce qui est énoncé dans le sous titre même de l’œuvre : « Les Caractères OU LES MOEURS DE CE SIECLE ». LB, en faisant l'éloge de ce qui n'est pas, réussit à faire une critique vive du Roi Louis XIV, connu pour son goût pour le faste, d'où la critique du luxe et du superflu. On sait également que son règne a été marqué par des révoltes, des conflits religieux et des guerres offensives. Le « Roi Berger » ne s'est donc pas contenté de défendre son troupeau. Dans cette remarque, LB rappelle le sens premier de la monarchie que l'on dit « de droit divin », c'est à dire que le souverain s'engage devant Dieu à assurer la prospérité de son peuple. Il n'est donc pas question de superficialité dans cet engagement.

LB critique à plusieurs reprises le Luxe, surtout chez les personnes qui veulent paraître plus haut que leur condition (on l'a vu à travers l'image de la fausse et de la vraie grandeur). Sans pour autant vouloir parvenir dans un système ou les Elites et le peuple seraient sur un même pied d'égalité, LB veut en limiter les excès et pose la question de l'utilité du luxe dans l'exercice du pouvoir. C'est ce qu'il énonce dans la remarque 22 du chapitre VII « De la Ville ».

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« oppos. au sceptre, emblème de la royauté, symbolisant la grandeur et la puissance, la houlette, emblème du berger, symbolise la modestie, l'humilité] Depuis le sceptre jusqu'à la houlette. Depuis les rois jusqu'aux bergers (cf. J.-F. Rolland, Dict. mauv. lang., 1813, p. 75). »

intro trop dvlopée

2nd mouv un peu rapide

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