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Lecture analytique Bel Ami de Maupassant

Par   •  5 Juin 2018  •  1 735 Mots (7 Pages)  •  534 Vues

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Bel-Ami est une figure traditionnelle. Il a un physique avantageux « comme il portait beau par nature et par pose ». Il le sait, il surjoue. Il joue un rôle. Il se donne les allures qui vont lui être bénéfique. Il porte un masque pour pouvoir obtenir ce qu'il veut plus facilement : « il cambra sa taille » (l.5) pour théâtraliser son déplacement, « frisa sa moustache » (l.5/6). Il adopte une attitude de cabotin, d'acteur qui veut qu'on le remarque. Ces actions révèlent son assurance et un manque de naturel « théâtral ». Le héros attire l'attention sur cet attribut viril (« Un homme sans moustache n'est plus un homme … La moustache est indispensable à une physionomie virile » Guy de Maupassant dans La moustache).

Son physique avantageux est souligné par l'auteur en le qualifiant de « joli garçon » (l.8). Il est conscient de son avantage « il inclinait légèrement sur l'oreille son chapeau à haute forme » (l/34/35). Il se donne un certain style.

Le dernier paragraphe (l.40 à 48), le narrateur nous propose une description détaillée de George Duroy. Il y a de nombreux termes mélioratifs : « une certaine élégance, grand, bien fait, blond, moustaches retroussées, les yeux bleus, clairs, cheveux frisés naturellement ». ces termes soulignent une certaine beauté.

Cependant, le narrateur entre-mêle ces éléments positifs de précisions moins favorables : « tapageuse », « un peu commune » (ordinaire), « vaguement roussi » (adverbe qui traduit une certaine approximation, couleur n'est pas véritable, réelle. Roussi connote le feu, s'associe au symbole négatif à la couleur rousse), « troué d'une pupille toute petite », « séparé au milieu du crâne » (insiste sur le fait que quelque chose tourne mal chez ce personnage, mise en relief du terme « crâne », formule pléonastique).

b- Un héros trop ambitieux

George Duroy semble partir à la conquête de la capitale qui va manifestement devenir le terrain de son ascension sociale. Cet esprit est souligné par le vocabulaire militaire (cf + haut). Le texte se présente comme la mise en scène d'un destin qui va s'accomplir. On peut noter le rythme dynamique des phrases qui évoque cet élan conquérant. Les paragraphes montrant George Duroy en marche sont constitués de phrases longues : 2ème paragraphe (l.4 à 9), 5ème paragraphe (l.29 à 39).

C'est ainsi que le rythme de la déambulation est ainsi suggéré.

Il y a une multiplication des verbes de mouvements qui montre ce désir d'aller en avant, accompagnant des attitudes de vainqueurs agressés : « poitrine bombée », « les jambes un peu entre ouvertes comme si il venait de descendre de cheval », « il avançait brutalement », « heurtant les épaules », « poussant les gens pour ne point se déranger de sa route ». Les participes présent permettent de visualiser le personnage en mouvement. Le complément circonstanciel de but témoigne de la rudesse du personnage décidé à tracer son chemin quoi qu'il arrive.

Il agit précisément en militaire qui occupe un terrain conquis et décidé à toujours aller plus loin (l.37) « défier quelqu'un », « les passants, les maisons, la ville entière ».

Le complément d'objet direct (C.O.D) est développé et constitue une accumulation révélatrice. En effet, on note une amplification qui va d'un singulier indéfini « quelqu'un » à un groupe « les passants » puis à une métonymie « les maisons » qui renvoie aux habitants du quartier. L'accumulation se clôt par une seconde métonymie « la ville entière » On a à faire à une gradation ascendante.

C'est donc un véritable prédateur qui apparaît aux lecteurs. La comparaison (l.8/9) est révélatrice « ces regards qui s'étendent comme des coups d'épervier » (rapport aux rapaces mais ''l'épervier'' est aussi un filet que les chasseurs lance sur les proies). Le héros apparaît donc comme une personne peut sympathique. Son ambition trop affichée s'apparente à de l'arrivisme. George Duroy manque de classe et de noblesse. Le narrateur le compare à « un mauvais sujet des romans populaires » (l.47/48). Cette citation clôt le paragraphe.

On a à faire à un protagoniste ambivalent qui ne correspond pas exactement à l'image du jeune homme attachant, du héros de formation. Georges Duroy apparaît en quête de pouvoir et recherche une identité puisqu'il conserve des attitudes militaires alors qu'il n'en a plus (l.5/29/30). Il est socialement déclassé, mis en relief par la double antithèse de la l.39 : « beau soldat tombé dans le civil » (1ère antithèse : soldat/civil, 2ème antithèse : beau/tombé).

Conclusion :

En montrant dès l'incipit un personnage pauvre mais conquérant, immergé dans la capitale, le roman se présente donc comme un roman réaliste. Duroy est un héros ambigu et impulsif au début d'une ascension sociale qui s'annonce déjà dans un monde où les femmes et l'argent joueront un rôle prépondérant. Georges Duroy assoiffé à tous les niveaux va bientôt rencontrer Forestier qui l'invitera à boire et lui mettra le pied à l'étrier.

Dans sa réponse aux critiques de Bel-Ami, Maupassant indique que son personnage est « une graine de gredin qui va pousser dans le terrain où elle tombera […] une crapule développée dans un milieu digne d'elle ».

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