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La scène du crime, l'étranger, Camus

Par   •  26 Septembre 2018  •  1 316 Mots (6 Pages)  •  403 Vues

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Le soleil annihile son être.

Toute sa volonté a disparu.Il semble ne pas comprendre son geste. Après avoir commis le meurtre, il ne pense plus qu’à lui-même. L’arabe qu’il a tué lui est totalement indifférent

Le meurtre que Camus imagine est totalement absurde. Il n’a aucun mobile. Il lui est comme soufflé par le soleil. Meursault semble subir les événements jusque dans le meurtre

Revient-il vers le lieu du différend au hasard ? nous ne sommes jamais menés par nos pas, c’est bien nous qui nous dirigeons : Meursault revient à la source de l’agression avec une arme dans la poche. S’il n’avait pas eu cette arme, serait-il revenu ? ce n’est pas certain.

S’il n’avait pas eu cette arme avec lui, ne se serait-il pas enfui en observant l’Arabe ? la possession de l’arme ne pousse-t-elle pas au meurtre ?

Deuxième question : Meursault est-il sincère dans son récit ?

Le plus souvent, le langage dans le récit de Meursault est très simple. Pas de paysage qualificatif développé et soutenu. Très peu de phrases complexes. Pas de figures de style.

Mais dans l’évocation du meurtre, tout change : le paysage qualificatif est soudainement très développé. Le langage n’est pas seulement plus soutenu, il est littéraire : figures de style (personnification des éléments, métaphores). Lorsqu’il évoque le temps, le soleil, il sait s’exprimer dans une langue absolument parfaite, ce qui nous fait penser qu’il a essayé de transformer son expression normale, habituelle, tout au long du récit depuis le début et qu’il n’a peut-être pas l’esprit aussi simple qu’il avait bien voulu nous présenter précédemment. Une telle maîtrise de son expression tend à montrer qu’il aurait pu mentir et que son récit n’est sans doute pas si innocent qu’il paraît.

Conclusion

Le non-dit est très important dans ce texte. Meursault n’excuse jamais directement son geste mais il semble qu’il réfléchisse à son acte. Ce faisant, il donne de nombreuses indications qui font de lui non pas un assassin mais une personne qui subit les événements, qui ne parvient pas à s’opposer au cours des choses et du temps. Tout se passe comme si l’univers autour de lui s’ingéniait à le pousser au meurtre.

« Il m’a semblé que le ciel s’ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s’est tendu et j’ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j’ai touché le ventre poli de la crosse et c’est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. »

Il aurait donc ainsi tiré une première fois peut-être sans avoir l’intention de le faire. Mais ce faisant, il comprend qu’il a détruit son existence, la possibilité de vivre heureux.

«J’ai secoué la sueur et le soleil. J’ai compris que j’avais détruit l’équilibre du jour, le silence exceptionnel d’une plage où j’avais été heureux. »

Cette prise de conscience, dans une fulgurance, de l’absurdité de son geste, expliquerait la suite : de rage ou de colère, il tire quatre autres fois « sur un corps inerte », ce qui ne peut donc pas être interprété comme un meurtre. Mais il ne dit pas qu’il a tiré « de rage ou sous le coup de la colère contre lui-même » : il laisse le lecteur interpréter son geste, deviner ses sentiments ou lui en supposer. Le lecteur comprend que Meursault est coupable d’être à l’origine d’un meurtre sans avoir eu l’intention de donner la mort.

Celui que nous nommons ici « lecteur » n’en est pas forcément un. Nous ne connaissons pas le destinataire du récit. Nous savons seulement qu’il a lieu après le crime et après le jugement. Peut-être s’agit-il d’un discours adressé à un psychiatre ou à un avocat pour instruire un procès en révision.

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