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LA QUESTION DU THÉÂTRE

Par   •  17 Mai 2018  •  1 228 Mots (5 Pages)  •  380 Vues

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Continuons sur notre lancée. Après avoir établie le lien entre les deux personnages de Claude et de Tremblay, nous savons à présent les ressemblances qui les lient, notamment le thème du drame familial et la manière qu’ils ont de s’infiltrer à l’intérieur des autres. Mais qu’en ai-t-il du fait d’utiliser les autres afin d’arriver à ses propres moyens? Nous avons vu que Claude n’a pas hésité, mais qu’en ai-t-il de l’auteur lui-même?

Précisons d’abord qu’afin de créer un chef-d’œuvre théâtral, l’écrivain se doit de raconter une histoire à travers laquelle ses émotions jaillissent. On tente donc de transmettre aux spectateurs ce que l’on a ressenti en créant cette œuvre. Malheureusement, parfois on doit se servir de la douleur des autres afin d’arriver à ses fins. D’ailleurs, Michel Trembley confie son sentiment d’imposture face à l’inspiration biographique que peuvent avoir certains dramaturges dans une entrevue.

Luc Bélanger : [...] Croyez-vous que seule la postérité d'une œuvre peut justifier les intentions d'un écrivain?

Michel Trembley : En effet, la qualité justifie les moyens. Ça peut sembler terrible, mais si sa pièce est bonne, un auteur a le droit de se servir des gens autour de lui et de les interpréter dans un univers fictif. [...] Et si sa pièce est mauvaise, alors il aura eu tort. Mais, encore là, c'est très subjectif. Un artiste ne peut pas avoir ce genre de scrupules, sinon il serait impossible de créer une grande œuvre. (2001, p. 119)

On peut clairement retrouver cette idée au sein de la pièce Le vrai monde? autant explicitement à travers le caractère de Claude, qui s’est servi notamment de sa mère pour l’écriture de sa pièce, qu’implicitement par Michel Tremblay lui-même qui, ayant écrit l’ensemble de cette pièce nous amène a nous demander de où ou encore de qui il a puisé son inspiration. Ces deux derniers semblent clairement inter reliés.

Michel Tremblay a en effet admis s’être servis des autres afin de créer des classiques. Cette pièce quant à elle servait à se dénoncer lui-même de la cruauté dont il a pu faire preuve.

M.T. [...) J'ai écrit Le Vrai Monde? pour en finir avec ma culpabilité envers ma marraine Robertine, décédée en 1985. [...] Je réalisais que j'avais gagné ma vie en exploitant l'existence d'une femme pauvre et malheureuse. [...] Je me demandais si j'avais bien fait de me servir de ma tante. Si je ne J'avais pas dépossédée de son bien le plus précieux: sa vie. (2001, p. 122)

Ce point vient rejoindre les interrogations sur le caractère autobiographique de la pièce Le vrai monde? .

En somme, Claude incarne le côté égoïste des dramaturges. Cette représentation honnête nous fait à notre tour explorer les dilemmes que certains auteurs des classiques d’aujourd’hui ont probablement du affronter avant de faire connaitre leurs pièces.

Finalement, cette pièce traite des résidus de poussières du passé peuvent se transformer en tempête dans le futur. On a beau utiliser un aspirateur afin de se débarrasser de la saleté et de tout ce qui semble indésirable, une fois trop plein, le tout explose et c’est le même processus qui se produit dans la tête de celui qui, à la base, voulait faire le vide.

Pour les dramaturges et autres artistes, l’art est le moyen d’exprimer tout ce qui les ronge. Un travail acharné et passionné, pour ne pas dire fou s’en suit, élément que l’auteur de Le vrai monde? a brillamment réussi à nous faire comprendre. Or, parfois, ils se retrouvent dans l’obligation de se servir de leur imagination ou de leurs perceptions afin de combler les vides de leur mémoire, geste qui n’est pas toujours sans conséquences sur les autres.

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