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Faut-il s’identifier à un personnage pour être captivé par un roman ?

Par   •  2 Octobre 2018  •  3 172 Mots (13 Pages)  •  1 598 Vues

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au héros soient dépourvues d’intérêt ?

Mépriser tous les romans ne représentant pas un personnage dans lequel on se reconnaît reviendrait à condamner un bon nombre d’œuvres de la littérature française. En effet, il faut bien constater que les lecteurs peuvent également s’intéresser à d’autres types de romans pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, le lecteur peut s’intéresser à un personnage afin de se confronter à la différence du monde. En effet, les êtres humains ne sont pas, et ce au plus grand bonheur de certains, égaux. Nous nous différentions tous par notre physique si variant ainsi que par notre âme qui fait de chacun d’entre nous une petite perle rare, unique. Les romans puisent généralement leurs sources dans la réalité, de cette manière ils exposent souvent des personnages en lien direct avec le monde réel. Certains lecteurs ne vont en revanche se reconnaître dans aucun personnage du roman, et ceux par pure conviction personnelle, ou simplement par pur ressenti. Pour autant ils peuvent être captivés par le roman, puisqu’ils vont, en s’intéressant à des personnages différents d’eux, s’ouvrir sur de nouveaux horizons. De cette manière leurs lectures vont se métamorphoser en un enrichissement personnel profond. Ils pourront ainsi avoir accès à de nouvelles visions du monde, à de nouveaux idéaux, à des esprits différents des leurs. Ils seront dans une moindre mesure également confrontés à la diversité du monde et notamment à ses conséquences. Ces personnages différents de nous peuvent également être vecteurs d’émotions, qu’elles soient positives ou négatives, ils peuvent nous faire vibrer et parfois même nous amener devant le fait accompli. Ces personnages qui incitent donc le lecteur à réfléchir, à s’ouvrir, permettent parfois à ce dernier de se remettre en question au point d’éclairer le lecteur lui-même. Nous pouvons ainsi citer en exemple de roman La Peste, d’Albert Camus. Dans son œuvre, Camus raconte une épidémie de peste se déroulant dans une préfecture française d’Algérie, à Oran. Ce roman, dénonçant avant tout l’absurdité de la condition humaine, est marqué par de nombreux personnages aux qualités et fonctions diverses et variées. Parmi ces protagonistes un homme ressort tout particulièrement, le docteur Bernard Rieux. Bien que certains lecteurs s’identifient en lui, pour la plupart des autres il reste un personnage emblématique, riche d’enseignement. Il arrive par exemple, à gérer, d’une manière incroyable, ses émotions, en les dissimulant au maximum. Il dévoue en effet sa vie aux autres, afin de sauver des malades, des pestiférés, au détriment de sa propre vie. A la fin du roman il se trouve en effet bien seul ayant perdue sa femme et son meilleur ami, Tarrou. Le lecteur bien qu’il ne s’identifie pas obligatoirement à ce symbole rempli d’humilité, est pour autant captivé d’une manière époustouflante par ce personnage. En effet, le lecteur ne peut s’empêcher de vouloir comprendre cet être emblématique, il s’immerge de cette manière au plus profond du roman et veut découvrir tous les rouages de la personnalité complexe de Rieux.

Certains lecteurs peuvent également être fascinés par un roman dont le personnage est une incarnation du mal. Bon nombre de lecteurs possèdent en eux une part enfuie de mystère voire même d’obscurité. Cet attrait du mal, éprouvé par certains lecteurs, révèle donc la fascination de l’interdit qui sommeille en eux. Ce phénomène est possible uniquement par la littérature, dans laquelle un lien singulier se forme entre chaque personnage et chaque lecteur. Ce dernier peut ainsi s’évader vers des penchants plus maléfiques sans que personne ne puisse un instant le soupçonner. On peut en effet parfois trouver un certain amusement à l’égard de personnages cyniques ou sadiques. Ces derniers réalisent dans le monde de la fiction des actes que certains lecteurs n’oseraient, même s’ils en rêvent, concrétiser dans le monde réel. Le roman garde ainsi sa place d’œuvre de fiction et de divertissement. Certains lecteurs réalisent, en voyant ces personnages du mal, qu’ils sont peut-être meilleurs qu’ils ne le pensaient, que leur part de bonté est supérieure à ce qu’ils pouvaient imaginer. Ces personnages les réconfortent en quelques sortes et, dans une certaine mesure, les poussent à poursuivre la lecture du roman de manière passionnée. De plus, les personnages maléfiques sont bien souvent énigmatiques, ils deviennent des êtres complexes que les lecteurs veulent à tout prix décrypter. Ils reposent bien souvent sur des personnalités fondées, sibyllines, difficiles à borner et à cerner pour le lecteur. C’est le cas notamment du personnage éponyme de Bel-Ami, écrit par Guy de Maupassant. Bel-Ami est le surnom donné par l’une des maîtresses de George Duroy, un homme sans scrupules, avide de pouvoir et de richesse. Maupassant raconte dans son roman le destin d’un homme, parti de rien, un arriviste qui par son talent séducteur et ravageur va gravir tous les échelons de la société. Il est ce symbole de réussite qui peut pour certains lecteurs susciter l’admiration, mais qui est avant tout un manipulateur, un homme immoral, perfide. Il utilise en effet ses talents de séducteur et ses atouts physiques pour séduire des femmes de hauts rangs et ainsi évoluer dans la société. A la fin de l’œuvre de Maupassant, George Duroy a réussi son pari, il a achevé son objectif qui consistait uniquement en la gloire et le pouvoir. De cette manière Maupassant dénonce également une société injuste, dirigée par le des hommes malhonnêtes (puisque George Duroy devient ministre à la fin du roman). Le caractère maléfique de Bel-Ami ne peut semer aucuns doutes, cela va de soi qu’un personnage aussi malhonnête et perfide que lui ne prêche pas le bien. Pour autant, les lecteurs peuvent tout de même éprouver une certaine envie de découvrir le roman, bien qu’ils ne s’identifient pas directement à ce personnage. Le lecteur peut ressentir une certaine curiosité, en effet, nous sommes pressés de découvrir comment cet homme si ambitieux aboutira à ses souhaits. Ainsi la curiosité du lecteur et peut-être aussi cette attirance pour cet être maléfique captive le lecteur durant toute la lecture du roman, bien qu’il ne s’identifie pas directement au personnage de Bel-Ami. Nous avons donc remarqué que l’identification au personnage s’avère d’une part intéressante mais que le lecteur peut tout de même être captivé par à un roman s’il ne se reconnaît pas dans les personnages. Mais, l’identification d’un personnage de fiction est-elle le seul critère permettant de juger la qualité d’un roman ?

Enfin,

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