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Etude de quelques incipits de Zola

Par   •  29 Mars 2018  •  1 923 Mots (8 Pages)  •  662 Vues

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- La conquête de Plassans

« Désirée battit des mains. [C’était une enfant de quatorze ans, forte pour son âge, et qui avait un rire de petite fille de cinq ans.] »

On assiste à la cérémonie de baptême des personnages. L’action réside dans le prédicat verbal « battre des mains ».

Le SNI « une enfant », la description physique nous informe de son identité. La spécificité de son rire montre l’affection de l’auteur pour son personnage. La simplicité de l’action illustre la simplicité du personnage. L’incipit en lui-même se réduit à une simple expression où une petite fille est mise en action même s’il ne s’agit pas du personnage principal. Le lecteur est spectateur, il voit à travers les yeux du narrateur qui donne une connotation particulière à l'enfant. « Dans le cas de la description physique d'une personne, sa mimique, ses gestes, l'état d'une telle partie de son corps [il n'y a pas ] de seconde personne impliquée dans le geste décrit […]. Cependant, puisque ces descriptions sont toujours le résultat d'un regard porté sur la personne décrite, il y a par la force des choses une seconde personne, perceptrice ( le regard porté peut être celui de l'auteur, du narrateur ou d'un des personnage. » p 77-78 HEINZ, Michaela, Le possessif en français: aspects sémantiques et pragmatiques, De Boeck. Duculot, Bruxelles, 2003

- La faute de l’Abbé Mouret

« La Teuse, en entrant, posa son balai et son plumeau contre l’autel. »

Par son entrée dans un lieu spécifique (« autel » sous-entend l’église), nous observons la tache de la Teuse. Sa routine matinale l’a fait aller droit au but, d’où l’entrée directe dans l’action. La Teuse s’apparente à un personnage plus littéraire, elle est réduite à son action ménagère. L’emploi du possessif (« son balai et son plumeau ») la rend indissociable de ses attributs. Le nom propre déterminé classifie le personnage en fonction de sa situation sociale. La nomination des domestiques avec des noms propres déterminés est une sorte de sous-nom propre. La description du personnage ouvre le cadre, l’entrée du personnage équivaut à l’entrée dans la scène. La Teuse prend possession du lieu comme elle possède, voire est indissociable de ses objets. Avant l’incipit et après également on peut déduire qu’elle faisait le ménage. C’est sa catégorie sociale qui la définit.

- Son Excellence Eugène Rougon

« Le Président était encore debout, au milieu du léger tumulte que son entrée venait de produire. »

Zola amène un personnage. L’action vient de se dérouler, l’homme est déjà entré, le lecteur assiste à l’effet qu’il vient de produire. Le temps est figé, il s’agit d’un état transitoire de l’attente ( « encore »). La propirété de référent, premier SN de la phrase, est mise en avant par sa fonction ( SND Le Président) et le lieu auquel il se rapporte. D’où l’importance du personnage qui a une posture statique et debout. La scène est réaliste, le lecteur est plongé directement dans cette action. L’entrée du Président fait écho avec le verbe entrer. Le lien entre un SN indiquant une entrée ou une sortie et un SV aux mêmes valeurs est visible dans divers incipits comme pour mettre en relation une entrée physique des personnages et une entrée mentale du lecteur.

Le personnage domine plutôt que la description du lieu mais le déverbal entrée du verbe entrer implique un cadre présupposé passé sous silence. Le lieu est ambigu, il s’agit du lieu spécifique que l’on rattache au Président, le lieu de toutes ses assemblées ou si c’est lui qui se déplace vers un lieu inconnu.

- L’assommoir

« Gervaise avait attendu Lantier jusqu’à deux heures du matin. »

Les deux personnages Gervaise et Lantier renvoient à leurs cérémonies de baptême. Ce sont deux noms propres dont on ignore tout, on nous indique seulement qu’il s’agit d’un homme et d’une femme. Du fait de l’attente de la femme, on peut sous-entendre qu’ils se connaissent et qu’ils ont une relation, sans doute amoureuse. Ce qui les réunit textuellement parlant, c’est le procès d’attente, le SV passif de l’ordre de l’accompli est au plus-que-parfait marque un lien avec une action antérieure et une action à venir. Le lecteur entre dans l’histoire au terme d’un accompli, ce qui précède est présupposé.

Zola marque son empathie pour ses personnages. Le choix du prénom pour Gervaise contraste avec celui du nom de famille pour Lantier. Le personnage féminin est le personnage central du roman. Lantier est un nom marital éventuel pour Gervaise. Cela reflète les habitudes sociales entre la nomination des hommes par leur rôle de chef de famille (bourgeois au contraire du monde du peuple). La systématisation est difficile mais dans ce cas l’emploi des noms propres est remarquable.

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