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Démocratie et totalitarisme de Raymond Aron

Par   •  20 Octobre 2018  •  3 244 Mots (13 Pages)  •  457 Vues

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En découlent également leurs principaux enjeux : résoudre les tensions entre constitutionnalité et démocratie d’une part, démocratie et efficacité d’autre part pour les régimes pluralistes et la justification du monopole de l’activité politique dévolu à une minorité pour les régimes monopolistiques. Aron souligne aussi la diversité des deux types de régime étudiés : les régimes monopolistiques se classent selon leurs degrés d’idéologie et de confusion entre Etat et société alors que les régimes pluralistes peuvent différer par la non-application régulière de la légitimité électorale et de la concurrence pacifique ainsi que par le degré de représentativité des partis.

Deuxième partie : les régimes constitutionnels-pluralistes

Analyse des principales variables

Les régimes constitutionnels-pluralistes peuvent, malgré leur identité commune, diverger selon quatre variables principales, toutes liées entre elles : le système politique, l’infrastructure sociale, l’administration et l’environnement historique du système politique. Le système politique varie selon le type de constitution, présidentielle ou parlementaire, les caractéristiques des partis, de masse ou parlementaires, le mode de fonctionnement du gouvernement, le degré d’influence des groupes de pression et les caractéristiques du personnel politique. L’infrastructure sociale, c’est à dire la situation économique et sociale, influe sur les partis politiques et l’environnement politique. L’administration doit concilier trois exigences : l’efficacité, la neutralité et l’obligation d’être acceptée par les citoyens comme leur représentant. L’environnement historique du régime varie enfin selon le degré d’attachement des citoyens qu’il suscite chez les citoyens, la tradition historique et la relation entre les partis et les Eglises. Il s’agit donc de rechercher le principe d’unité de ces régimes parmi cette grande diversité.

Du caractère oligarchique des régimes constitutionnels-pluralistes

« Tout régime politique est oligarchique » et c’est bien le problème fondamental des régimes pluralistes. Les décisions y sont prises « pour et non par la collectivité ». Le problème oligarchique en régime constitutionnel pluraliste tient donc plus aux règles de son pouvoir, la manière dont elle l’utilise et aux coûts et profits de cette réalité pour la collectivité. Aron discute également du degré d’ouverture des élites, soulignant qu’elles sont moins fermées qu’elles ont pu l’être et que leurs privilèges sont limités par la publicité qui en est faite. Enfin, il déconstruit la thèse marxiste d’une collusion des élites politiques et économiques, soulignant que des communautés d’intérêt circonstancielles ne font pas de l’élite économique une « force ultime » et que cette vision relève d’une « aberration passionnelle qui s’explique par la haine vouée à un système économique ». Ainsi, la dissociation entre puissances économiques et sociales permet aux régimes pluralistes d’être moins oligarchiques que leurs prédécesseurs mais entraîne une « recherche dans l’ombre de la véritable puissance ».

En quête de la stabilité et de l’efficacité

Les régimes pluralistes sont également décriés pour leur manque supposé de stabilité, d’efficacité et leur faiblesse. S’appuyant sur les exemples américain de régime présidentiel et britannique de régime parlementaire, Aron souligne que ce n’est pas seulement la règle constitutionnelle qui assure la stabilité et l’efficacité mais la combinaison de cette règle et du système de partis ainsi que « la discipline des ambitions » du personnel politique. De même, les régimes pluralistes ne seraient pas par essence inefficaces, malgré leurs défauts inhérents, et cela tiendrait aux circonstances conjoncturelles. Opposant, selon la théorie de Pareto, l’intérêt de la collectivité et l’intérêt pour la collectivité, il souligne cependant que les régimes pluralistes peuvent pêcher par manque de courage. Enfin, si les régimes pluralistes semblent globalement efficaces en matière économique, leur souci du compromis peut les affaiblir en matière de politique étrangère lorsqu’ils font face à des régimes d’autre nature.

De la corruption des régimes constitutionnels-pluralistes

Deux types de corruption menacent les régimes pluralistes : l’excès d’oligarchie et l’excès de démagogie. Cette corruption peut venir de l’esprit public, si l’esprit partisan l’emporte sur la conscience du bien commun ou si l’esprit de compromis empêche de dégager des décisions fermes. Elle provient généralement de la difficulté de l’enracinement ou du risque de décomposition. L’enracinement nécessite que le régime soit assez légitime aux yeux des citoyens pour pouvoir être efficace au quotidien. La décomposition peut toucher les institutions politiques : la IV République, par exemple, chuta car la faiblesse et l’instabilité de l’exécutif étaient incompatibles avec la recherche du bien commun. Aron souligne que la République de Weimar est l’exemple type de la corruption d’un régime pluraliste.

La corruption est-elle inévitable ?

Aron énonce trois hypothèses qui peuvent remettre en cause la pérennité des régimes pluralistes : l’autodestruction, la vulnérabilité croissante du régime ou l’absence d’une évolution orientée dans un sens déterminé. La troisième est, selon lui, la plus probante du fait de tendances à l’enracinement, l’acceptabilité du régime aux yeux des citoyens, aussi fortes que la tendance à la décomposition, lorsque les régimes s’affaiblissent par usure. Enfin, Aron note que la société industrielle crée des difficultés de gestions, le champ des activités étatiques s’accroissant mais que la hausse du niveau de vie incite plutôt les masses à soutenir le régime.

La corruption du régime français

A l’époque des leçons que donne Aron, la IVème République est souvent considérée comme corrompue notamment du fait de l’importance des partis hostiles et de l’instabilité des gouvernements, cette corruption entraînant une gestion économique « déplorable », une influence importante des groupes de pression et la désagrégation des colonies. Cette corruption est due au nombre élevé d’opposants au régime au Parlement, aux trop nombreux

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